Rebelles et forces loyales sont coupables de crimes de guerre susceptibles d'influer sur des générations entières. Ce sont les conclusions de la commission d'enquête onusienne en charge du dossier sur la violence en Syrie. Les conséquences du conflit syrien toucheraient des générations et mineraient la sécurité de tout le Moyen-Orient, a annoncé une commission d'enquête de l'ONU sur les violences en Syrie, accusant les deux principaux protagonistes de «crimes de guerre». «La profondeur de la tragédie syrienne se reflète de manière poignante dans le nombre de ses victimes. Les expériences atroces relatées par les survivants font état de violations graves des droits humains, de crimes de guerre, et de crimes contre l'humanité», a indiqué un rapport de 131 pages d'une commission d'enquête internationale et indépendante de l'ONU. «La dynamique destructrice de la guerre civile n'a pas seulement des effets sur la population civile, mais réduit également à néant toute la structure sociale complexe du pays, elle met en danger les générations futures et menace la paix et la sécurité dans toute la région», a averti le rapport. La commission, qui comprend plusieurs membres, dont l'ancienne procureur du Tribunal pénal international, Mme Carla del Ponte, a été créée en 2011 par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU. La magistrate a même déclaré à Genève qu'il était temps de «mettre en route la justice» internationale. «Il est temps de céder la place à la justice, nous suggérons la Cour pénale internationale», a déclaré Mme del Ponte, en présentant un nouveau rapport de la commission d'enquête de l'ONU dénonçant l'escalade de la violence et des crimes de guerre commis par tous les protagonistes de la guerre civile en Syrie. «Nous ne pouvons pas décider nous mêmes de saisir la justice internationale, mais nous faisons pression sur la communauté internationale pour qu'elle agisse», a ajouté Mme del Ponte. De son côté, le président de la commission d'enquête de l'ONU, M. Paulo Pinheiro, a rappelé que la commission «n'est pas un organe de justice». «Nous collectons l'information des deux côtés, et nous ne faisons aucune différence entre les parties au conflit», a expliqué le Brésilien. Un premier rapport, publié en août 2012, sur la base de plus de 1 000 interviews d'auteurs et de victimes, la commission, qui n'a jamais pu se rendre en Syrie, a accusé les deux parties de crimes de guerre, tout en mentionnant une «responsabilité amoindrie» pour les rebelles. Le nouveau rapport est basé sur presque 450 interviews. Cette même commission indique que la situation s'est aggravée. «La situation des droits humains en Syrie a continué à se détériorer», a indiqué le rapport, soulignant que «le conflit est devenu de plus en plus sectaire, avec une conduite des opérations de plus en plus radicale et militarisée». «Les forces gouvernementales ainsi que les milices alliées ont commis des crimes contre l'humanité, des meurtres, des actes de torture, des viols, et sont responsables de disparitions forcées et d'autres actes inhumains», a précisé le rapport qui n'a pas omis de fustiger au même degré les rebelles. «Les groupes armés anti-gouvernementaux ont commis des crimes de guerre, y compris des meurtres, des actes de torture, des prises d'otage, et des attaques de biens protégés. Ils continuent à mettre en danger les populations civiles, en ciblant des objectifs militaires au milieu de zones civiles», dit le rapport. «Lorsque des groupes armés bombardent des régions principalement civiles, ils répandent la terreur, et cela équivaut à des crimes de guerre», estime le document. «Les deux parties du conflit ont violé les règles internationales de droits des enfants en les utilisant comme des fantassins», poursuit le texte. Le mandat actuel de la commission d'enquête se termine le mois prochain, avec la remise prévue à la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navanethem Pillay, d'une liste confidentielle de noms d'individus et d'unités considérés comme responsables de ces atrocités, afin de pouvoir déclencher la machine judiciaire internationale.