Même s'il n'est âgé que de 4 ans, le Soul repose sur une plateforme dépassée. Kia lui accorde une refonte totale pour ne pas laisser flétrir l'estime dans laquelle le tiennent les Américains, ses plus grands admirateurs. Dans la course des "cubes à roulettes" démarrée voici cinq ans, il fallait avoir le nez creux pour jouer le bon cheval. Bien sûr on vous dira que le Nissan Cube s'est montré trop caricatural dans ses formes et trop ambitieux dans ses tarifs pour prendre l'avantage. Ou encore que le Daihatsu Materia ne disposa jamais d'un réseau de distribution suffisamment dense pour briguer sérieusement la victoire. Il n'empêche que rien, à première vue, ne laissait imaginer que le Soul prendrait une telle avance sur ses rivaux. "Lorsque la première génération du Soul a vu le jour en 2009, nous étions tous convaincus chez Kia de détenir un véritable petit 'bijou' entre nos mains, mais nous étions loin de nous douter que ce modèle remporterait un tel succès aux Etats-Unis", reconnaît Michael Sprague, Vice-Président Exécutif du Marketing et de la Communication chez Kia Motors America (KMA). "Le Soul a véritablement changé la donne sur le plan commercial et marketing, comptant désormais parmi nos modèles les plus vendus (...). Il était primordial que le nouveau Soul reste fidèle au design emblématique de son glorieux aîné même s'il se devait d'y associer une dynamique de conduite optimisée et des équipements séduisants à même de rehausser son attrait naturel, sa sophistication et sa valeur intrinsèque." Kia dispose de suffisamment de lucidité pour craindre un essoufflement rapide du phénomène de mode qui porte les ventes du Soul aux Etats-Unis. Ajoutez à cela une bonne dose de pragmatisme et vous obtenez l'inconcevable : quatre années de succès à peine et, déjà, une refonte complète. Inconcevable ou peut-être juste inattendu. Car il existe un précédent qui semble inspirer le Soul à l'instar d'autres mignonnes qui font de leurs attraits leur fonds de commerce : BMW qui avait été le premier surpris de l'ampleur du succès de sa Mini s'était fendu d'une refonte complète cinq ans seulement après le lancement au prétexte que cette première mouture (étudiée pour des volumes bien moindres) lui coûtait trop cher à fabriquer. Ni sa structure ni l'outillage n'avaient été conçus pour de telles cadences et la nouvelle mouture, sans oser porter atteinte à la célèbre silhouette, se révéla bien plus rapide à assembler. Donc plus rentable. Kia a semble-t-il eu les mêmes égards pour le Soul lorsqu'il s'est agi de faire évoluer sa plastique : seul l'oeil aiguisé de l'amateur saura distinguer les évolutions d'une génération à l'autre, alors même que les mensurations et la technique n'ont plus rien de commun. La Mini devrait s'en tenir à cette recette lorsqu'elle se métamorphosera au début de l'année 2014 (lire notre Essai Mini Paceman ALL4). Présentation à Séoul de sa voiture de Pac-Man ! "Rond comme un ballon, plus jaune qu'un citron !" La formule s'applique presque aussi bien au CUB qu'à Pac-Man. Simple étude de style pour l'heure, cette citadine élégante trahit l'envie de Kia de s'immiscer sur le marché tenu par l'Audi A1. En anglais, le mot cub désigne tout aussi bien le jeune apprenti que le bébé tigre. Tigre, vous avez dit tigre ? Depuis que les Kia arborent la bouche pincée dite "Tiger Nose" dessinée par le transfuge de chez Volkswagen, Peter Schreyer, les amateurs de voitures coréennes croisent des truffes de félins à tous les coins de rue. Une chose est sûre, l'apprenti Kia verrait bien son bébé tigre s'imprégner des bonnes pratiques de l'Audi A1 pour apprendre à survivre dans la jungle du haut-de-gamme. L'étude de style CUB dévoilée ce jour à Séoul démontre qu'il ne manque sans doute plus que la légitimité historique à Kia pour s'aventurer sur le terrain d'Audi. Car pour ce qui est de la maturité du style, tout est là. Parfaitement fantaisiste, le système d'ouverture antagoniste des portières ne sert qu'à ancrer le CUB dans le monde des concept-cars et des voitures de Salon. Ce qui n'en fait pas pour autant un exercice gratuit : il n'en faudrait pas beaucoup à Kia pour se convaincre qu'il existe une place pour une "CUB" sur le marché tenu par l'Audi A1. Déjà, au début du mois, la branche européenne de Kia nous donnait à voir le Provo Concept qui avait le potentiel d'arracher le coeur des Saabistes, avec sa silhouette de 92 qui n'arrivera pas. Ses lignes élégantes et musclées sont la réunion des ingrédients qui réussirent si bien à la Citroën DS3. Gregory Guillaume, Chef du Design de Kia Motors Europe expliquait alors que la sportivité exacerbée du Provo Concept en fait un véhicule "entièrement conçu pour répondre aux goûts et aux attentes des clients européens". Et le CUB ? C'est la maison-mère qui l'a dessiné et il se cantonne à un registre moins sportif, fait de volumes nets et lisses à mille lieurs des grandes prises d'air du Provo notoirement inspirées des voitures de rallye des années 80. Quoi qu'il en soit, le Kia CUB et le Provo Concept laissent tous deux à penser qu'une place se dessine dans la gamme du constructeur coréen pour une citadine de moins de 4 mètres de long à la fois plus raffinée, branchée, sportive et flatteuse que la Rio actuelle. Kia ira-t-il jusqu'à fonder une nouvelle marque distincte, à l'image de la Ligne DS chez Citroën ? L'avenir nous le dira.