Les cours du cacao ont atteint la semaine dernière des sommets plus vus depuis le mois de décembre dernier, pâtissant des craintes sur les récoltes ouest-africaines et du déficit de production attendu cette saison, tandis que le café entamait un rebond timide et que le sucre restait plombé par l'abondante offre brésilienne. Cacao Les prix de la fève brune ont continué début mai la nette ascension entamée début avril: en l'espace de quatre semaines, ils se sont envolés de plus de 10%, se hissant même ce jeudi à 1583 livres la tonne à Londres et 2427 dollars à New York, des niveaux plus vus depuis la mi-décembre. "Les flux de cacao de l'Afrique de l'ouest sont désormais en train de décroître", car les principales récoltes de la saison (entamée en octobre) sont achevées dans la région, ce qui ravive l'attention sur le déficit de production attendu cette année, a observé Jack Scoville, analyste du courtier Price Futures Group. Plus encore, "le volume comme la qualité des récoltes dites de la mi-saison (celles qu'il reste à faire d'ici à octobre prochain) suscitent l'inquiétude en raison des conditions météo sèches et trop chaudes enregistrées lors de la croissance" des plants, ce qui aboutit à des fèves plus petites, a ajouté M. Scoville. L'Organisation internationale du cacao (ICCO) table sur un net déficit de production de 45'000 tonnes sur le marché mondial pour la saison 2012/2013 - en raison de difficultés en Côte d'Ivoire (35% de l'offre mondiale), mais aussi au Ghana (2e pays producteur de la planète), où un recul des récoltes de près de 7% sur un an est attendu. Enfin, le marché reste aidé par les statistiques plus encourageantes que prévu publiées mi-avril sur les volumes de concassages de fèves (baromètre de la demande de chocolat) au premier trimestre en Europe et en Amérique du Nord. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en juillet valait 1577 livres sterling vendredi contre 1552 livres le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en juillet valait 2418 dollars la tonne vendredi, contre 2370 dollars sept jours plus tôt. Café Après avoir fortement trébuché fin avril, les cours du café ont esquissé un timide rebond cette semaine, aidés par quelques prises de bénéfices, mais dans un marché peu animé (de nombreux opérateurs étant absents pour le 1er mai) et sans grande conviction. "Mais les prix restent sous pression ", car "l'offre mondial est surabondante" et devrait le rester à moyen terme, a estimé M. Scoville. Ainsi, a-t-il noté, "les investisseurs attendent une nouvelle récolte exceptionnelle au Brésil (1er pays exportateur) à partir de cet été", même si la saison qui débute est considérée comme une année "creuse" de son cycle biennal de culture caféière, "et l'amélioration des précipitations au Vietnam devrait doper l'offre" du principal producteur de robusta de la planète. Signe de l'offre pléthorique: sur les six mois d'octobre à mars, les exportations mondiales de café ont enregistré un bond 7% par rapport à la même période un an plus tôt, selon des chiffres publiés mardi l'Organisation internationale du Café (ICO) - de quoi compenser les dommages provoqués depuis l'automne par la maladie de la rouilles dans les plantations d'Amérique centrale. Sur le Liffe de Londres, la tonne de robusta pour livraison en juillet valait 2016 dollars vendredi, contre 1977 dollars le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en juillet valait 138,45 cents, contre 136,80 cents sept jours auparavant. Sucre Les cours du sucre ont repartis à la baisse glissant même lundi à un nouveau plus bas niveau depuis juillet 2010 à New York -- dans un marché toujours plombé par l'anticipation d'un excédent record de production cette saison, en raison d'une récolte historique de canne au Brésil, premier producteur mondial de sucre. Cependant, le marché pourrait se reprendre un peu, car "l'abondante production brésilienne fait face à d'inévitables difficultés d'acheminement", en raison de l'engorgement des voies de transports, "et devrait probablement atteindre les ports du pays avec des retards significatifs", a tempéré Tobias Morris, analyste du courtier CMC Markets. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en août valait 497,90 dollars vendredi contre 501,40 dollars le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en juillet valait 17,45 cents contre 17,44 cents sept jours auparavant. Les craintes météo pèse sur les cours des céréales Les cours des céréales ont grimpé la semaine dernière, à Chicago, principalement soutenus par les craintes liées aux conditions météorologiques défavorables aux cultures. Le mauvais temps qui touche les zones du centre de pays "empêchent les agriculteurs de semer le maïs", a indiqué Jack Scoville, de Price Futures Group. De la neige est notamment tombée jeudi dans l'Iowa, l'Etat qui produit le plus de maïs aux Etats-Unis, et un peu plus au nord dans le Minnesota. "On nous annonce une possible amélioration de la météo la semaine prochaine, ce qui relâche un peu la pression sur les prix ce vendredi", a remarqué M. Scoville. "Mais les prévisions changent toutes les douze heures en ce moment", a-t-il ajouté. La possibilité de voir les agriculteurs décider de cultiver du soja, planté un peu plus tard dans la saison, au lieu du maïs, a ralenti la progression des cours de l'oléagineux. Les prix du soja ont aussi pâti d'indicateurs maussades en provenance de Chine, le premier importateur mondial de ce produit. Ces chiffres faisaient craindre que Pékin diminue encore plus ses achats de soja américain, alors que "les cargaisons à destination de la Chine ont déjà considérablement ralenti ces dernières semaines en raison de la grippe aviaire" dans le pays, a noté Dewey Strickler, de Ag Watch Market Advisors. Mais les cours restent en hausse en raison du "faible niveau des réserves" de la campagne 2012/2013, fortement affectée par la sécheresse qui a sévi aux Etats-Unis l'été dernier, a remarqué M. Scoville. Les prix du blé ont de leur côté été soutenus par les inquiétudes sur la qualité de la récolte d'hiver, touchée en avril par plusieurs épisodes de gel. Une équipe de plusieurs dizaines professionnels en tournée cette semaine dans le Kansas, le plus important Etat producteur de blé aux Etats-Unis, ont anticipé que la récolte donnerait un rendement de 41,1 boisseaux par acre. C'est un peu moins que le rendement de 42 boisseaux par acre constaté par les autorités l'an dernier mais beaucoup moins que la prévision de 49 boisseaux avancée à l'occasion de la même tournée à la même époque l'an dernier.Les pluies et les chutes de neige retardent aussi les semis de blé de printemps, "notamment cultivé dans les Etats du Dakota qui se trouvent cette semaine sous une couche de neige", a noté M. Scoville. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en juillet, le contrat le plus échangé sur le marché, évoluait à la mi-séance à 6,6075 dollars contre 6,1975 dollars à la clôture vendredi dernier. Le boisseau de blé à même échéance s'échangeait à 7,2225 dollars contre 6,9250 dollars il y a une semaine. Le contrat sur le boisseau de soja, également pour livraison en juillet, s'établissait à 13,9150 dollars contre 13,8100 dollars la semaine dernière.