Les cours du cacao se sont repris la semaine dernière, aidés par un rebond technique et des craintes sur la qualité des récoltes ivoiriennes, tandis que café et sucre ont connu des sorts contrastés, toujours suspendus à l'offre brésilienne. Les prix de la fève brune ont repris leur souffle après deux semaines de repli, se hissant jeudi à des niveaux plus vus depuis fin janvier à Londres et début février à New York. "Les courtiers attendent la récolte de la mi-saison en Afrique de l'ouest, et s'inquiètent de la qualité et de la taille des fèves (qui seront récoltées) étant donné le temps excessivement sec" qui a dominé la période de croissance des cabosses, a souligné dans une note Jack Scoville, analyste du courtier Price Futures Group. De récentes précipitations dans la région ont toutefois amélioré la situation. Par ailleurs, les investisseurs se montraient prudemment optimistes avant la publication la semaine prochaine de chiffres sur les concassages de fèves en Europe au premier trimestre -- baromètre de la demande de la première région consommatrice de cacao. "Ces chiffres devraient probablement confirmer que la demande est en train de se reprendre", ont estimé les experts de Commerzbank. L'Organisation internationale du cacao (ICCO) table elle-même sur des concassages de plus de 4 millions de tonnes dans le monde pour la saison 2012/2013 (qui s'achève en octobre), en hausse de 1,5% sur un an, à un niveau record ce qui devrait accentuer le déséquilibre sur le marché mondial. Sur le Liffe de Londres, la tonne de cacao pour livraison en juillet valait 1.487 livres sterling vendredi contre 1.430 livres le vendredi précédent pour le contrat de mai. Sur le NYBoT-ICE américain, le contrat pour livraison en juillet valait 2.243 dollars la tonne vendredi, contre 2.127 dollars sept jours plus tôt pour le contrat de mai. CAFE Les prix du café ont tenté de se stabiliser la semaine dernière, dans un marché toujours sous forte pression, étant donné l'abondance de l'offre mondiale disponible. La maladie de la rouille (un champignon) qui ravage depuis l'automne les plantations en Amérique centrale "est considérée comme la pire jamais enregistrée" et devrait entraîner dans la région des pertes de production estimées à 2,3 millions de sacs (de 60 kg), a estimé cette semaine l'Organisation internationale du café (ICO). Cependant, l'institution n'en a pas moins maintenu sa prévision d'une récolte mondiale de 144,6 millions de sacs pour la saison 2012/2013 (débutée en octobre), en progression de 6,4% par rapport à 2011/2012. Selon l'ICO, "les ravages causés par l'épidémie de rouille sont compensés par une augmentation de la production dans d'autres pays producteurs, particulièrement au Brésil, en Indonésie et en Ethiopie", mais aussi en Colombie, où une récolte en hausse de 14,6% sur un an a été enregistrée sur les cinq premiers mois de la saison. Dans ce contexte, le marché reste tétanisé par la perspective d'une récolte exceptionnelle au Brésil (1er producteur mondial) pour cette saison (commencée dans le pays en avril) -- qui est pourtant une année "creuse" au sein du cycle biennal de la culture caféière brésilienne. Sur le Liffe de Londres, la tonne de robusta pour livraison en juillet valait 2.056 dollars, au même niveau que le vendredi précédent à la même heure. Le contrat pour mai valait 2.003 dollars le vendredi précédent. Sur le NYBoT-ICE à New York, la livre d'arabica pour livraison en juillet valait 139 cents, contre 138,95 cents sept jours auparavant pour le contrat de mai. SUCRE Les cours du sucre ont hésité cette semaine, tentant sans y parvenir réellement à se reprendre après avoir atteint début avril leurs plus bas niveaux depuis l'été 2010 à Londres (à 17,47 cents la livre), dans un marché hanté par l'excédent de production. Cependant, la fabrication d'éthanol au Brésil (1er pays exportateur de sucre) mobilise une partie croissante des récoltes de canne brésiliennes --au détriment de la production de sucre--, un facteur qui contribue à soutenir quelque peu les prix. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en août valait 498,70 dollars vendredi contre 503,10 dollars le vendredi précédent pour le contrat de mai. Sur le NYBoT-ICE américain, la livre de sucre brut pour livraison en juillet valait 17,78 cents contre 17,63 cents sept jours auparavant pour le contrat de mai. Maïs, soja et blé rebondissent, portés par la météo Les cours du maïs, du blé et du soja ont fini la semaine en hausse vendredi à Chicago, bénéficiant d'un rebond technique et de craintes pour les cultures dues à des conditions météorologiques inhabituellement hivernales aux Etats-Unis. Les prix de céréales ont réussi à rebondir ", après avoir fortement chuté depuis début avril, bénéficiant en partie d'une hausse technique et d'achats à bon compte, a noté Bill Nelson de Doane Advisory Services. Des conditions météorologiques particulièrement froides et humides sur les plaines céréalières des Etats-Unis ont contribué en grande partie à la tendance haussière observée au cours des dernières séances. Dans le cas du blé, les inquiétudes se sont concentrées d'une part " sur les pousses d'hiver qui ont dû subir de températures glaciales, bien au-dessous de zéro, dans les grandes régions productrices au Texas (sud), en Oklahoma et au Kansas (centre) ", a détaillé Bill Nelson. Plus au nord, cette météo a empêché l'emblavement du blé de printemps dans le Dakota du Nord et du Sud, le Montana, le Minnesota, a-t-il précisé, " alors que l'on en plantait déjà l'année dernière à la même époque ". De même, de la Louisiane (sud) aux Grands lacs du Nord, des précipitations ont retardé les semis de maïs et de soja, accentuant les inquiétudes des courtiers sur le niveau de l'offre aux Etats-Unis pour ces produits agricoles. Or, en parallèle, " les investisseurs semblent s'être aperçus que les réserves des campagnes précédentes étaient peu abondantes ", a noté Paul Georgy, de la maison de courtage Allendale. En effet, le ministère de l'Agriculture américain, l'Usda, a fait état de réserves moins importantes que prévu de maïs aux Etats-Unis à la fin du mois de mars, malgré une révision à la hausse du chiffre des stocks de 3 millions de tonnes. Cette surprise pouvait s'expliquer en partie par une révision à la hausse de la demande en maïs pour la production d'éthanol pour la première fois depuis juillet, ont souligné les experts de Commerzbank. Quant au soja, " les stocks se sont maintenus à des niveaux comparables à ceux d'il y a 9 ans, à 3,4 millions de tonnes", ont-ils ajouté, ce qui a soutenu les cours de l'oléagineux. Mais pour le soja comme pour le maïs, l'impact de ces chiffres moins importants que prévu aux Etats-Unis, a été atténué par l'abondance des réserves à l'échelle mondiale. Dans ce contexte, les investisseurs seront très attentifs lundi au rapport de l'Usda sur les progrès de l'emblavement dans le pays, qui seront majeurs pour définir la tendance des prix agricoles de la semaine, a estimé Paul Georgy. Du côté de la demande, l'annonce vendredi par l'Usda d'une vente importante de soja américain à un acheteur inconnu, associée à la vigueur des achats de soja par la Chine montrée la veille par les chiffres des exportations hebdomadaires des produits agricoles américains, " rassurait le marché sur la demande " du géant asiatique. Cette nouvelle atténuait en effet les craintes liées à la crise aviaire que subit actuellement le pays, susceptible de faire baisser la demande en produits américains, et à la concurrence du soja en provenance d'Amérique latine. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mai, le contrat de référence sur le marché, a terminé vendredi à 6,5850 dollars contre 6,2900 dollars vendredi dernier (+ 4,7 %). Le boisseau de blé à même échéance a fini 7,1475 dollars contre 6,9900 dollars (+ 2,3 %). Le contrat sur le boisseau de soja, également pour livraison en mai, a clôturé à 14,1300 dollars contre 13,6175 dollars (+ 3,7 %).