Le secrétaire au Trésor américain, Jacob Lew, a estimé, avant-hier soir, que la réduction des déficits publics aux Etats-Unis était importante mais qu'elle ne saurait être la seule boussole de l'action publique. “Aussi importante soit-elle, la question des déficits ne peut pas être notre seule boussole. La réduction des déficits ne constitue pas à elle seule une politique économique”, a déclaré Jacob Lew lors d'une visite à Cleveland dans l'Ohio (nord), selon le texte d'un discours transmis à la presse. Selon M. Lew, le degré d'urgence appliqué au redressement des comptes publics doit être le même que celui déployé pour faire croître l'économie américaine et remettre les gens au travail. “N'oublions pas que nous vivons encore avec les cicatrices de la crise financière”, a ajouté le secrétaire au Trésor, à l'heure où le débat sur l'austérité continue d'agiter l'Union européenne. A l'approche de la réunion des ministres des Finances des pays les plus industrialisés (G7), vendredi et samedi à Londres, M. Lew a estimé que les Etats-Unis et l'Union européenne avaient opté pour des chemins différents. “En dépit d'un consensus sur la nécessité de redresser les comptes publics, nous ne sommes pas totalement d'accord sur le calendrier et sur le fait de savoir s'il est urgent d'y parvenir tout de suite”, a-t-il détaillé lors d'une séance de questions-réponses. “Nous avons pris un chemin différent de celui de l'Europe. Nous avons fixé des objectifs de réduction du déficit sur une plus longue période de temps et notre économie croît actuellement en augmentant le déficit sur le court terme”, a-t-il précisé. Selon M. Lew, il n'est pas possible de retrouver la prospérité si la politique budgétaire plombe l'économie. Afin de lutter contre le taux de chômage aux Etats-Unis (7,5% en avril), M. Lew a par ailleurs insisté sur la nécessité d'engager une politique ambitieuse de travaux publics associant le secteur privé afin de ne pas alourdir la dette du pays, qui devrait atteindre cette année 108,1% de son produit intérieur brut, selon le FMI. Le secrétaire au Trésor a également de nouveau fustigé les coupes budgétaires automatiques entrées en vigueur en mars faute d'accord au Congrès et qui menacent d'amputer les dépenses fédérales de 85 milliards de dollars d'ici à fin septembre. “Il est grand temps de remplacer ces coupes automatiques avant qu'elles ne causent encore plus de dégâts”, a-t-il indiqué. Le crédit à la consommation ralentit sa hausse en mars La hausse du crédit à la consommation s'est poursuivie en mars mais à un rythme moins marqué qu'en février, selon les chiffres publiés par la banque centrale américaine (Fed). L'encours des crédits à la consommation dans le pays a augmenté de 3,4% en rythme annualisé et en données corrigées des variations saisonnières, après avoir bondi de 8,0% en février (chiffre revu à la hausse de 0,2 point), indique la Réserve fédérale sur son site internet. En volume, l'encours total a augmenté en mars de 7,9 milliards de dollars, ce qui est nettement inférieur à la prévision médiane des analystes qui tablaient sur une hausse de 16,3 milliards de dollars. Le crédit à la consommation regroupe l'ensemble des crédits accordés aux particuliers en dehors des prêts immobiliers. Selon les dernières données de la Fed, il a augmenté en mars pour le dix-neuvième mois d'affilée. Sa progression a été toutefois ralentie en mars par le repli de 2,4% des crédits renouvelables, qui regroupent essentiellement ceux contractés en payant par carte de crédit, indique la Réserve fédérale. Le bond des crédits non-renouvelables (prêts étudiants, à l'achat d'une automobile principalement) s'est par ailleurs atténué en mars en progressant de 5,9% contre 11,3% le mois précédent. Ce type de crédits est dopé depuis deux ans environ par un bond des prêts étudiants, qui représentent désormais le deuxième poste d'endettement des ménages, loin derrière les crédits au logement. La Fed a indiqué fin février que le cycle de désendettement des ménages américains entamé fin 2008 semblait toucher à sa fin, notamment sous l'effet de cette poussée des prêts étudiants pour lesquels les retards de paiement ne cessent d'augmenter.