La poussée des prix de l'essence fragilise la reprise économique aux Etats-Unis, à l'heure où celle-ci pâtit déjà de la rigueur budgétaire. Le département du Travail américain a annoncé avant-hier que l'indice national des prix à la consommation avait connu en février sa hausse la plus forte en plus de trois ans et demi, avec un bond de 0,7% sur un an en février. Selon les chiffres du gouvernement, la hausse des prix de l'essence a assuré à elle seule les trois quarts de la progression de l'indice. L'inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) reste néanmoins contenue, et la hausse de l'indice général des prix sur un an, à 2,0%, est conforme à l'objectif de la banque centrale (Fed). Malgré cela la hausse des prix rogne le pouvoir d'achat des ménages, et le renchérissement de l'essence a, proportionnellement, sur les consommateurs des effets psychologiques bien supérieurs à la part, relativement minime, que représentent les carburants dans le panier des ménages. Selon l'association d'automobilistes AAA, le prix moyen du gallon d'essence (environ 4 litres) a progressé de façon spectaculaire en février dans le pays pour atteindre un record, à 3,65 dollars. Publié avant-hier, le résultat préliminaire de l'étude mensuelle de l'Université du Michigan sur la confiance des consommateurs américains a montré une chute du moral des ménages à son niveau le plus bas depuis décembre 2011. Les consommateurs sentent les effets douloureux du renchérissement de l'essence et de la compression des salaires provoquée par la hausse des cotisations sociales salariales entrée en vigueur début janvier, note Mei Li, économiste pour FTN Financial. Par conséquent, ajoute-t-elle, leurs dépenses pourraient bientôt ralentir, ce qui se fera sentir sur l'économie dans la mesure où la consommation représente 70% du PIB. De plus, la restriction des dépenses publiques entamée en mars pourrait aggraver leurs inquiétudes relatives à l'évolution de l'emploi, et même les records de la Bourse de New York ne semblent pas pouvoir les rassurer. Son confrère Chris Christopher, du cabinet IHS Global Insight, explique la chute du moral des ménages par les mêmes facteurs. Selon lui néanmoins, la confiance devrait revenir progressivement, notamment avec la décrue attendue des prix de l'essence, la poursuite prévisible du redressement du marché du logement et la vigueur de la Bourse. Cependant, ajoute-t-il, si les chamailleries politiques s'intensifient sur la question toujours non résolue des mesures à prendre pour faire baisser la dette et sur le financement, à court terme, de l'Etat fédéral, alors tous les paris seront permis et l'humeur des consommateurs pourrait retomber à des niveaux dignes d'une récession. Pour l'instant, les analystes estiment que la croissance économique devrait rebondir au premier trimestre après avoir quasi stagné d'octobre à décembre. Mais elle n'a encore rien de très vigoureux et nombre d'économistes estiment que la rigueur budgétaire devrait nuire fortement au pays en 2013. Les hausses d'impôts et restrictions budgétaires sont le résultat de l'incapacité du gouvernement du président Barack Obama et de l'opposition républicaine à s'entendre sur les moyens d'enrayer la montée de l'endettement du pays. Pour Ellen Zentner, de la maison de courtage Nomura, c'est finalement cette impéritie politique qui inquiète les Américains, bien plus que la hausse de l'essence, largement perçue comme passagère. La montée du brut fait grimper les prix à la consommation en février Les prix à la consommation aux Etats-Unis ont connu en février leur hausse la plus forte en plus de trois ans et demi sous l'effet de la remontée des cours du pétrole, selon des chiffres publiés avant-hier à Washington par le département du Travail. Ils ont augmenté de 0,7% par rapport à janvier, en données corrigées des variations saisonnières, a indiqué le ministère, alors que la prévision médiane des analystes les donnait en hausse de 0,5%. Après deux mois de stagnation, l'indice des prix à la consommation a connu ainsi sa poussée la plus forte depuis juin 2009, selon les données du gouvernement. Le ministère indique que la hausse des prix de l'essence (+9,1%) a assuré à elle seule les trois quarts de la progression de l'indice. Les prix de l'électricité, du gaz et du fioul ont également augmenté, si bien que, dans l'ensemble, le coût de l'énergie a progressé officiellement pour la première fois en quatre mois, de 5,4%. Les prix de la nourriture ont augmenté de 0,1%, ajoute le ministère, et l'inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) a légèrement ralenti, s'établissant à 0,2% sur un mois, soit 0,1 point de moins qu'en janvier, ce qui est conforme à la prévision médiane des analystes. En glissement annuel, l'inflation sous-jacente s'est au contraire accélérée pour atteindre 2,0% (contre 1,9% en janvier), son niveau le plus élevé depuis juillet. La hausse de l'indice général des prix s'est également accélérée, passant de 1,6% en janvier à 2,0% en février. Ce niveau, le plus élevé depuis octobre, est globalement conforme à l'objectif d'inflation de la banque centrale (Fed). Net rebond de la production industrielle en février (+0,7%) La production industrielle des Etats-Unis a nettement rebondi en février, selon des chiffres publiés avant-hier par la banque centrale américaine (Fed). Elle a progressé de 0,7% par rapport à janvier, en données corrigées des variations saisonnières, précise la Réserve fédérale dans un communiqué, alors que la prévision médiane des analystes la donnait en hausse de 0,4%. La Fed estime désormais que la production des industries sur le sol américain avait stagné en janvier, alors qu'elle l'avait donnée initialement en baisse de 0,1%. Le rebond de février, qui marque la hausse de la production industrielle la plus forte en quatre mois, a été tiré par celui de la production manufacturière (+0,8%) et une hausse de 1,6% de la production d'énergie, indique la banque centrale. A l'inverse, la production des mines apparaît en recul pour le troisième mois d'affilée, de 0,3%. En glissement annuel, la production des industries du pays a progressé officiellement de 2,5% en février. La banque centrale indique d'autre part que le taux d'utilisation des capacités industrielles du pays a progressé de 0,4 point par rapport à janvier pour s'établir à 79,6%, son niveau le plus élevé depuis mars 2008. Chute du moral des ménages (Université du Michigan) Le moral des ménages chute aux Etats-Unis, selon l'indice de confiance des consommateurs américains de mars publié avant-hier par l'Université du Michigan. Cet indicateur baisse de 4,5 points par rapport à février, selon l'estimation provisoire de l'Université, qui le donne à 71,8, son niveau le plus faible depuis décembre 2011. Ce résultat est nettement moins bon que prévu dans la mesure où la prévision médiane des analystes donnait le moral des ménages stable, à 77,6. L'Université du Michigan doit publier le résultat final de son étude pour le mois en cours le 29 mars. Selon l'association d'automobilistes AAA, le prix moyen du gallon d'essence (environ 4 litres) a progressé de façon spectaculaire en février dans le pays pour atteindre un record, à 3,65 dollars, ce qui est de nature à inquiéter les consommateurs. La Fed a reversé 88 milliards de dollars, provenant de ses profits, au Trésor en 2012 La banque centrale des Etats-Unis (Fed) a annoncé la veille avoir reversé au Trésor américain en 2012 la somme record de 88,4 milliards de dollars provenant de ses bénéfices au titre de cette année-là. Ce montant est supérieur de 11% au précédent record des transferts, établi en 2010, et légèrement inférieur à l'estimation de 88,9 milliards publiée en janvier, indiquent les résultats audités de l'exercice 2012 de la Réserve fédérale. La Fed reverse au budget de l'Etat fédéral la totalité de son bénéfice, diminuée entre autres des frais de fonctionnement de son siège à Washington et des dividendes versés aux douze banques de réserve régionales constituant le Système de réserve fédéral. Le secrétaire au Trésor pas "inquiet" d'un risque de bulle financière Le secrétaire au Trésor américain Jacob Lew a assuré la veille ne pas être "inquiet" des risques de formation d'une bulle financière, à l'heure où la Bourse de Wall Street aligne les records. "Les analyses que j'ai pu voir ne m'ont pas donné de raisons d'être inquiet aujourd'hui", a déclaré M. Lew dans un entretien à la chaîne financière américaine CNBC, tout en appelant à la vigilance. "Je pense que l'une des leçons qu'on apprises de 2008 et de 2009 c'est que même quand quelque chose ne pose pas problème, nous devons nous poser des questions", a ajouté le nouveau ministre de l'Economie et des Finances qui a pris ses fonctions le 28 février. L'indice vedette Dow Jones de la Bourse de New York a signé la veille son huitième record historique d'affilée alors que l'économie américaine reste convalescente et soumise aux conséquences des coupes budgétaires automatiques. "Nous devons nous assurer que le niveau de transparence nous permet de savoir ce qui se passe dans les entreprises et sur les marchés", a estimé M. Lew. "Nous devons avoir les outils de régulation pour gérer les problèmes au moment où ils prennent forme", a-t-il ajouté. Revenant sur la situation économique aux Etats-Unis, le secrétaire au Trésor a estimé qu'il "restait encore beaucoup à faire"."Nous devons bien évidemment faire en sorte que (notre économie) progresse plus vite et crée plus d'emplois", a-t-il ajouté. Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis s'est figé au quatrième trimestre, ne progressant que de 0,1% en rythme annualisé après avoir gagné 3,1% au précédent trimestre. Lew, souligne l'importance d'investir dans l'industrie Le secrétaire au Trésor américain, Jacob Lew, a souligné la veille à quel point les Etats-Unis avaient besoin d'investissements, notamment étrangers, dans leur industrie. "Nous devons continuer de soutenir la compétitivité des entreprises américaines par le biais de mesures politiques qui renforcent le tissu manufacturier et encouragent les exportations et les investissements dans notre main-d'oeuvre", a déclaré M. Lew, selon un communiqué de son ministère. Selon le Trésor, le ministre de l'Economie et des Finances a tenu ces propos à l'occasion de son premier voyage hors de Washington depuis sa prise de fonctions le 28 février, en visitant une usine du groupe industriel allemand Siemens à Atlanta, en Géorgie (Sud-est des Etats-Unis), qui fabrique des organes de transmission utilisés notamment par l'industrie des transports. "Pour avoir une classe moyenne forte et en expansion, (les Etats-Unis ont) besoin de sociétés comme Siemens qui continuent d'investir dans la recherche de pointe, de produire des produits innovants aux Etats-Unis destinés à être vendus dans le monde entier, et de créer des milliers d'emplois de haut niveau à travers le pays", a déclaré M. Lew, cité dans le communiqué. Au cours de la campagne électorale ayant conduit à sa réélection en novembre 2012, le président américain Barack Obama a promis la création d'un million d'emplois manufacturiers de 2013 à 2017. Selon les derniers chiffres officiels publiés le 8 mars, l'économie américaine a créé 26 000 emplois manufacturiers en janvier et février. Le syndicat patronal Alliance pour le secteur manufacturier américain (AAM) rappelle que 21 174 nouveaux emplois de ce type sont nécessaires en moyenne chaque mois pour que la promesse présidentielle soit tenue.