L'Allemagne risque de redevenir "l'homme malade de l'Europe" si elle ne se réforme pas, a déclaré Jörg Asmussen, membre du directoire de la Banque centrale européenne et lui-même allemand. L'expression "homme malade de l'Europe" était régulièrement employée pour qualifier l'Allemagne il y a dix ans, alors que le pays était affaibli par le coût de sa réunification. Mais l'économie allemande apparaît aujourd'hui comme la plus solide de l'Union, avec un taux de chômage de 6,9% seulement. Si le pays a longtemps été moins affecté que ses voisins par la crise de la zone euro, il en subit désormais les retombées: il a échappé à la récession au premier trimestre mais sa croissance n'a été que de 0,1% après une contraction de 0,6% sur les trois derniers mois de l'an dernier. "Je crois qu'il y a de bonnes raisons de penser que le deuxième trimestre sera meilleur que le premier", a dit Jörg Asmussen. Membre du Parti social-démocrate (SPD) avant de rejoindre la direction de la BCE, Jörg Asmussen a estimé que l'Allemagne recueillait aujourd'hui les fruits des réformes entreprises par les gouvernements antérieurs, notamment celles du marché du travail. "Mais si elle ne continue pas à se réformer, elle sera de nouveau l'homme malade de l'Europe dans cinq à dix ans", a-t-il poursuivi en mettant l'accent sur la nécessaire modernisation du système éducatif, des infrastructures et de la fiscalité, trop complexe à ses yeux.
L'union bancaire d'ici mi-2014 "C'est difficile de comprendre que si vous achetez un cheval pour le monter, vous paierez 19% de TVA alors que si vous l'achetez pour faire des lasagnes, vous paierez 7%", a-t-il dit. "Que se passe-t-il si vous montez le cheval pendant deux ans et qu'ensuite, vous en faites des lasagnes?" Jörg Asmussen a assuré que la BCE maintiendrait une politique monétaire accommodante aussi longtemps que nécessaire. "Mais nous devons garder en tête le fait qu'une politique prolongée, permanente, de taux d'intérêt bas implique des risques parce qu'elle encourage les investisseurs à rechercher des rendements ailleurs, ce qui peut conduire à une mauvaise allocation des capitaux", a-t-il ajouté. Il a ensuite réaffirmé s'attendre à ce que la totalité des éléments nécessaires à l'union bancaire européenne soient en place d'ici la mi-2014, y compris une autorité centralisée apte à démanteler une banque en difficulté si le besoin s'en faisait sentir. "Un superviseur qui n'a pas la crédibilité nécessaire pour fermer une banque parce qu'il ne sait pas ce qui se passera ensuite est comme un tigre privé de dents", a-t-il dit lors d'un événement organisé par une association de journalistes. "Nous avons besoin de tous les éléments d'une union bancaire, et je crois que nous pouvons y arriver avant l'été prochain si nous travaillons dur", a-t-il ajouté.