La Banque centrale européenne (BCE) a encouragé, hier, le nouveau gouvernement grec à relancer et mettre en œuvre les réformes contenues dans le programme d'ajustement budgétaire de la Grèce décidé avec ses créanciers, mettant en garde contre tout nouveau retard, jugé risqué. Retarder l'ajustement est risqué : cela ferait passer le ratio dette-PIB du pays en 2020 au-dessus du taux visé de 120% qui est la limite supérieure de ce qui est jugé viable pour ce pays, a déclaré Jörg Asmussen, membre du directoire de la BCE, au cours d'une conférence organisé par le magazine " The Economist " à Athènes. M. Asmussen, a rappelé que l'équipe d'experts des bailleurs de fonds, FMI-BCE-UE, dite la troïka, allait commencer cette semaine à évaluer la situation budgétaire du pays. Il a rencontré en marge de la conférence le ministre des Finances par intérim Georges Zanias, et son successeur désigné Yannis Stournaras, qui devrait prêter serment jeudi. M. Asmussen, a exhorté les Grecs à s'approprier le programme, surnommé mémorandum, que le nouveau gouvernement dirigé par le conservateur Antonis Samaras, compte renégocier avec ses créanciers. Le nouveau gouvernement ne devrait pas perdre un temps précieux à chercher à éviter ou assouplir le programme. Il devrait au contraire se concentrer sur les moyens de maximiser l'effet des réformes, a-t-il dit au cours de cette conférence de deux jours centrée sur la transformation de l'incertitude en stabilité et croissance. Il avait auparavant regretté la faible adhésion des Grecs aux mesures proposées, qui a freiné selon lui, la mise en œuvre des réformes nécessaires. Avec ou sans ce mémorandum, n'importe quel gouvernement grec devrait suivre un ajustement similaire pour ramener l'économie sur les rails et rétablir la confiance des marchés financiers, a-t-il jugé. M. Asmussen, a cité en exemple la Lettonie, non membre de la zone euro, qui a mis en œuvre un programme d'ajustement draconien pour réduire ses déficits, et les réformes du marché du travail en Allemagne au début des années 2000. En Allemagne, c'était très difficile, les syndicats s'y sont opposés. Mais maintenant, des années plus tard, tout le monde reconnaît que les réformes du marché du travail contenues dans " l'agenda 2010 " sont l'une des raisons de la force actuelle de l'économie allemande, ce qui est une clé de la consommation privée dans ce pays, a-t-il dit. Ce programme est la meilleure option pour la Grèce, a-t-il insisté, estimant que les difficultés actuelles de ce pays ne viennent pas du mémorandum. L'écart de compétitivité entre la Grèce et ses principaux partenaires est d'au moins 15%, a rappelé M. Asmussen. Le programme a pour but de réduire cet écart en augmentant la flexibilité des prix sur le marché du travail, et sur les marchés des produits et services afin de créer les bases d'une croissance orientées sur l'exportation et la création d'emplois. De nombreuses réformes du programme sont demandées depuis des années par les Grecs eux-mêmes, a-t-il dit, faisant allusion à la majorité silencieuse qui demande une administration qui fonctionne, qui lève l'impôt et crée les conditions d'une croissance du secteur privé. Selon lui, le nouveau gouvernement grec doit avoir comme priorités l'adoption des mesures nécessaires pour 2013-2014 afin de lutter contre les dérapages budgétaires, la réforme fiscale, l'avancement du programme de privatisations, la mise en œuvre des réformes sur le marché du travail déjà votées et la libéralisation de l'économie.