L'émissaire international Lakhdar Brahimi a formulé des doutes sur l'organisation effective, en juillet à Genève, d'une conférence internationale pour la paix en Syrie. L'Arabie saoudite a, elle, affirmé qu'elle ne resterait plus "les bras croisés" face au conflit syrien et qu'elle aiderait les opposants à se défendre. Le chef de la diplomatie saoudienne Saoud Al-Fayçal a fait cette déclaration lors d'une conférence de presse avec son homologue américain, John Kerry, à Jeddah dans l'ouest du royaume. Les propos du prince Saoud, dont le pays appuie l'opposition syrienne, sont intervenus après la réunion samedi à Doha de onze des principaux pays soutenant la rébellion contre le régime de Bachar al-Assad. Ces pays, dont les Etats-Unis, la France et l'Arabie saoudite, ont décidé d'intensifier leur aide à la rébellion pour inverser le rapport de forces sur le terrain en sa faveur avant l'éventuelle organisation d'une conférence de paix à Genève. Cinq heures de discussions M. Kerry a de son côté répété que "la meilleure solution est une solution politique". "Nous croyons que chaque minorité peut être respectée, qu'il peut y avoir de la diversité et du pluralisme dans un climat de paix", a ajouté le secrétaire d'Etat. A Genève, le médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi a lui mené pendant cinq heures de nouveaux entretiens exploratoires avec des responsables russes et américains. Il les avait auparavant souhaités "constructifs" sans pouvoir pour autant régler toutes les questions sur le chemin de Genève II. "Franchement, je doute que cette conférence puisse avoir lieu en juillet. La prochaine réunion de l'opposition (syrienne) est prévue les 4-5 juillet. Je ne pense donc pas qu'on sera prêt", a-t-il dit. Le but des discussions d'avant-hier était d'avancer sur les objectifs de la conférence et sur qui doit y participer, a-t-il encore souligné. Alors plutôt en août? "J'espère beaucoup que les gouvernements de la région et les grandes puissances, et notamment les Etats-Unis et la Russie, agiront pour contenir la situation qui nous échappe, non seulement en Syrie mais ailleurs dans la région", a-t-il encore déclaré. Le diplomate algérien s'est aussi dit inquiet de l'aggravation des violences au Liban voisin. Dans un communiqué, l'ONU a indiqué que la réunion a été "constructive" et que d'autres consultations de ce genre sont prévues, sans préciser de date, en attendant les résultats de la rencontre entre les chefs de la diplomatie russe et américaine Sergueï Lavrov et John Kerry la semaine prochaine. La semaine dernière, en marge du sommet des pays du G8 en Irlande du Nord, une source rapportait, elle, que la conférence de Genève n'aurait probablement pas lieu en juillet mais plutôt au mois d'août. Dans leur communiqué, les chefs d'Etat et de gouvernement du G8 ont, eux, apporté leur soutien à cette initiative lancée début mai par les Etats-Unis et la Russie, mais se sont contentés de souhaiter que la conférence de Genève II ait lieu "dès que possible". Rencontre Kerry-Lavrov la semaine prochaine Le secrétaire d'Etat américain John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov se rencontreront la semaine prochaine pour parler du dossier syrien, a annoncé l'ONU à Genève. Cette rencontre aura lieu en marge d'une réunion Russie-Asean (Association des nations d'Asie du Sud-Est) prévue à Brunei, a précisé aux journalistes le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, en faisant état d'un accord sur de nombreux sujets. Les discussions ont été constructives et centrées sur les moyens d'assurer que la conférence de Genève puisse avoir lieu avec les meilleures chances de succès, a ajouté le communiqué, en précisant que d'autres consultations entre les Nations unies, la Fédération de Russie et les Etats-Unis auront lieu (après la rencontre entre MM. Lavrov et Kerry) sur la date de la conférence et pour compléter la liste des participants. La réunion tripartite ONU, Etats-Unis, Russie fait suite à une première rencontre similaire qui avait eu lieu le 5 juin, rassemblant des vice-ministres russes et américain des Affaires étrangères. La Russie était représentée par MM. Mikhaïl Bogdanov et Guennadi Gatilov, et les Etats-Unis par Mme Wendy Sherman, sous-secrétaire d'Etat aux affaires politiques. Ils ont discuté pendant près de cinq heures au siège européen des Nations unies à Genève sous la présidence de M. Brahimi. La conférence dite de Genève 2, voulue par Washington et Moscou pour tenter d'ouvrir des négociations entre régime et opposition en Syrie après plus de deux ans de conflit qui a fait au moins 93 000 morts, selon l'Onu, était initialement espérée pour juin puis juillet. Sur de nombreux sujets nous sommes tombés d'accord mais d'autres questions nécessitent un accord, a dit M. Gatilov, évoquant des idées supplémentaires. La participation de l'Iran à la Conférence demeure un sujet de désaccord, selon le responsable russe, qui a répété la position de Moscou quant à la contribution positive que peut apporter l'Iran au règlement du conflit syrien. M. Gatilov a également mentionné la question non réglée de la participation des différentes composantes politiques syriennes, les partenaires américains nous indiquant qu'ils y travaillaient avec l'opposition syrienne. Il est important pour nous que la délégation de l'opposition soit composée de tous les groupes majeurs de l'opposition. C'est seulement ainsi que nous pouvons espérer un dialogue constructif avec l'opposition. La première conférence de Genève, en juin 2012, avait adopté un plan de règlement politique du conflit qui n'a jamais été appliqué. Il prévoyait la mise en place d'un gouvernement de transition incluant des membres de l'opposition et du régime, mais demeurait silencieux sur le sort du président Assad. Ryad veut aider les rebelles à se défendre L'Arabie saoudite a affirmé que son pays ne resterait plus les bras croisés face au conflit syrien et qu'il aiderait les opposants au régime à se défendre, au moment où des combats faisaient rage autour de Damas. Nous ne resterons plus les bras croisés et aiderons le peuple syrien à se défendre, a affirmé le chef de la diplomatie Saoud Al-Fayçal lors d'une conférence de presse avec son homologue américain, John Kerry, qui effectue une tournée dans la région visant à coordonner le soutien à la rébellion syrienne. Les propos du prince Saoud, dont le pays appuie l'opposition syrienne, interviennent après la réunion samedi à Doha des onze principaux pays soutenant la rébellion contre le régime du président Bachar Al-Assad. Ces pays, dont les Etats-Unis, la France et l'Arabie saoudite, ont décidé d'intensifier leur aide à la rébellion pour inverser le rapport de forces sur le terrain en sa faveur avant l'éventuelle tenue d'une conférence de paix à Genève. En raison des développements dangereux en Syrie, le prince Saoud a appelé l'Union européenne à mettre immédiatement en application sa décision de lever l'embargo sur les armes et réclamé une réaction internationale rapide et ferme.