Les cours du pétrole se sont envolés, avant-hier, à New York et à Londres, portés par l'optimisme des investisseurs sur l'économie américaine après de bons chiffres sur l'emploi aux Etats-Unis, et par la persistance des tensions en Egypte. Le baril de référence (WTI) pour livraison en août a grimpé de 1,98 dollar à 103,22 dollars, un sommet en clôture depuis le 2 mai 2012, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Le WTI s'est apprécié de quelque 6,5% cette semaine, atteignant, avant-hier, un nouveau plus haut en cours d'échanges depuis début mai 2012, à 103,31 dollars. A Londres également, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a fini en hausse de 2,18 dollars à 107,72 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), à un plus haut en clôture depuis le 2 avril 2013. Le Brent a grimpé quant à lui de 5% sur la semaine. En légère hausse en début d'échanges, les cours de l'or noir coté à New York ont accéléré leur avancée à mesure que progressait l'optimisme des opérateurs. La grande nouvelle de la journée a clairement été la réaction de plus en plus optimiste et positive du marché aux chiffres sur l'emploi américain en juin, a noté David Bouckhout, de TD Securities. Les Etats-Unis ont créé plus d'emplois que prévu par les analystes ce mois-là, avec 195 000 embauches contre 166 000 attendues. Le taux de chômage est, lui, resté inchangé à 7,6% de la population active. Les créations d'emplois montrent que l'économie est solide, pas exceptionnelle certes, mais certainement pas sur la mauvaise pente, et cela encourage les opérateurs, a commenté Carl Larry, analyste indépendant de Oil Outlooks and Opinions. Loin d'effrayer les investisseurs craignant une inflexion imminente de la politique monétaire américaine, la multiplication des signes d'embellie de l'économie du premier consommateur mondial d'or noir, était accueillie d'un bon œil. Le marché a peu à peu intégré le fait que la Réserve fédérale américaine (Fed) commencera d'ici peu à réduire ses injections de liquidités dans le circuit financier américain, au fil de l'accélération de la reprise économique, a estimé M. Bouckhout. Les bonnes nouvelles sont désormais bel et bien considérées comme de bonnes nouvelles. La banque centrale avait averti ces dernières semaines qu'elle réduirait progressivement le rythme de ses rachats d'actifs, très appréciés des marchés, si l'économie américaine montrait des signes clairs d'amélioration, en particulier dans le secteur de l'emploi. D'autre part, les tensions géopolitiques à l'origine de la récente flambée des prix du brut ne montraient que peu de signes d'affaiblissement. L'Egypte, la Syrie, la Libye, la situation est telle en ce moment qu'il semble peu probable que l'on repasse sous le seuil des 100 dollars dans les prochains jours, a prévu M. Larry. L'escalade des tensions était particulièrement vive en Egypte, après le renversement du président élu Mohamed Morsi, alors que des affrontements éclataient vendredi au Caire entre ses partisans et ses opposants, aux abords de la place Tahrir. L'Egypte n'exporte pas de pétrole mais dispose, en plus du canal de Suez, d'un important réseau d'oléoducs et se situe au cœur de l'acheminement de brut d'Afrique du Nord et de la région du Golfe. Environ 2,5 millions de barils par jour passent par le canal de Suez et l'oléoduc SUMED, sans compter de grandes quantités de produits pétroliers et de GNL (gaz naturel liquéfié), a souligné Julian Jessop, chez Capital Economics. En Asie, les cours du pétrole se repliaient dans es échangés matinaux sous l'effet de prises de bénéfices après la flambée des dernières séances provoquée par la crise politique en Egypte, et dans l'attente des chiffres frais sur l'emploi aux Etats-Unis. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en août perdait 26 cents, à 100,98 dollars, au lendemain d'une séance électronique peu animée pour cause de jour férié aux Etats-Unis. Le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance abandonnait 14 cents, à 105,40 dollars. Les échanges asiatiques étaient également modestes car "les investisseurs attendaient les chiffres sur l'emploi aux Etats-Unis qui pourraient donner des indications sur le ralentissement des mesures de soutien" à l'économie américaine, a noté Kelly Teoh chez IG Markets à Singapour.