La présidence égyptienne a démenti, avant-hier soir, que le Premier ministre ait été officiellement nommé. Plusieurs sources avaient indiqué que le poste était attribué à Mohamed El Baradei, mais les salafistes s'opposent à sa nomination. "Le président intérimaire Adly Mansour a rencontré aujourd'hui M. El Baradei mais il n'y a pas eu jusqu'ici de nomination officielle", a déclaré à la presse Ahmad al-Mouslimani, conseiller de M. Mansour. Il a néanmoins ajouté que l'ancien chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) était le "choix le plus logique" pour former un gouvernement après le coup militaire qui a renversé le président islamiste Mohamed Morsi mercredi.
Opposition des salafistes L'armée avait annoncé qu'un gouvernement doté "des pleins pouvoirs" serait nommé jusqu'à la tenue d'élections générales, dans le cadre d'une feuille de route négociée avec l'opposition représentée par M. El Baradei, des chefs religieux chrétiens et musulmans, des représentants de Tamarrod (rébellion en arabe), à l'origine de la mobilisation monstre contre M. Morsi et du parti salafiste al-Nour. Mais al-Nour, arrivé deuxième des dernières élections législatives, derrière les Frères musulmans, s'est opposé avec vigueur au choix du prix Nobel de la paix 2005, favori des libéraux et de la jeunesse révolutionnaire. Ahmed Khalil, vice-président d'Al Nour, a déclaré au site internet du quotidien "Al Ahram" que son parti se retirerait du processus de transition si Mohamed El Baradeï était confirmé à la tête du gouvernement.
Main tendue Après les affrontements qui ont fait au moins 35 morts depuis vendredi soir, le porte-parole du président intérimaire Ali Mansour a par ailleurs tendu la main aux Frères musulmans en annonçant que ceux-ci seraient autorisés à participer aux prochaines élections, y compris présidentielle. "Nous tendons la main à tout le monde, tout le monde à sa place dans ce pays", a-t-il déclaré tard samedi soir. "Les Frères musulmans auront de multiples occasions de se présenter aux élections, y compris la prochaine présidentielle et les suivantes." L'armée n'a pas dit précisément quand auraient lieu ces élections, mais elle a assuré avoir une "feuille de route".