Le 8e Festival national de la chanson châabi aura réussi, après une semaine de compétition, à fidéliser le public algérois grâce aux bonnes prestations des plus talentueux des candidats, valorisés à leur tour par un accompagnement musical de qualité et un encadrement artistique exigeant, relèvent les observateurs avisés. Dédié à la musique populaire et ouverte gracieusement au public, ce concours culturel annuel, qui a récompensé les trois meilleurs candidats, aura proposé des récitals de niveau inégal mais avec une orchestration de haute facture, révélant des interprètes prometteurs et attirant, au fil des soirées, de plus en plus de passionnés du châabi, un genre musical des plus prisés pendant le Ramadhan. Avec une moyenne de quatre prestations par soirée, cette 8ème édition aura fait découvrir au total trente-deux jeunes chanteurs, dont deux femmes, venus de différentes régions d'Algérie. Autodidactes, issus d'associations ou formés aux conservatoires de musique, ils ont privilégié des morceaux classiques du répertoire du "Melhoun" avec un souci partagé d'authenticité et de reconnaissance à l'égard de leurs aînés, deux qualités majeures que tout vrai chanteur de chaâbi se doit de cultiver s'il veut se hisser au niveau des maîtres. Ce choix de poètes classiques comme Sidi Lakhdar Benkhlouf, Ben Msayeb, Kaddour Driss El Alami ou autre, n'a pas empêché des prétendants au premier prix de proposer des interprétations plus au moins originales, en jouant sur les variations des modes, des rythmes et des airs (H'wa) de textes célèbres, à l'exemple de Amar Meddah de Médéa. Ce dernier, 21 ans, benjamin de la sélection, a fortement séduit par sa maturité vocale et son originalité dans l'interprétation très rythmique d'un "Med'h", réputé difficile, de Mahboub Stambouli, parolier disparu en 2002. D'autres candidats ont chanté des versions connues de ces "Q'sid", privilégiant la démonstration de leur maîtrise musicale et d'une diction quasi parfaite du texte, deux des critères retenus par le jury, en plus de la maîtrise du rythme, de la mémorisation, de l'authenticité du texte et de la présence sur scène. Parmi les prestations les plus remarquées, celle de Saâdi Amine d'Alger qui a interprété "Rebbi âla Lem'lih Idabbar", un poème de Hadj M'hamed El Anka lui-même, avait emporté l'adhésion générale grâce à ce choix approprié, servi par une présence sur scène remarquable et un timbre de voix singulier. Les participants ont, en outre, été unanimes à voir dans le festival "une occasion d'approfondir leurs aptitudes musicales" au contact de l'orchestre dirigé par Omar Tafiani et grâce aux orientations du directeur artistique, Abdelkrim Amimour. Le festival aura aussi été, pour nombre d'entre eux, une opportunité de parfaire leur connaissance de l'histoire de textes du chaâbi, vieux de plusieurs siècles, de leurs bonnes versions, notamment en suivant les conférences données tous les après-midi avant les répétitions.
Une cuvée prometteuse appelée à se prendre en charge Le nouveau commissaire du festival, Noureddine Boukhatem, n'a pas manqué pour sa part de se déclarer satisfait de l'organisation du festival et du "climat de convivialité et d'échange" qui y a régné entre les anciens lauréats et les concurrents, dont certains se sont révélés "très prometteurs pour l'avenir de la chanson chaâbi en Algérie", estime-t-il en guise de premières évaluations livrées. M. Boukhatem a assuré, à l'occasion, de sa volonté de "ne pas abandonner les lauréats" après le festival, et de leur octroyer une 'aide substantielle" à leur promotion artistique. Le soutien attendu pourrait prendre la forme, a-t-il expliqué, de tournées et de concerts à organiser en collaboration avec l'ensemble des parties prenantes au développement de l'art et de la culture au niveau local. Cette promotion doit aller de pair, selon lui, avec une prise de conscience des lauréats dans "la prise en charge de leur carrière artistique en devenant acteurs de leur propre succès". Le festival, qui s'est achevé dans la nuit de vendredi à samedi, a été dédié cette année à la mémoire du poète algérien, disparu en avril dernier, Mustapha Toumi, auteur de l'éternel "Sobhane Allah Ya L'tif".
Deux candidats d'Alger et un de Médéa primés Deux jeunes candidats d'Alger et un autre de Médéa sont les lauréats du 8ème Festival culturel national de la chanson chaâbi, qui a pris fin dans la nuit de vendredi à samedi à Alger après une semaine de compétition. Azzouz Abdelghani, Salhaoui El Hadi d'Alger et Meddah Ammar de Médéa, ont été classés respectivement 1er , 2ème et 3ème sur les 32 candidats (dont deux femmes) engagés dans ce concours. "Nous sommes très heureux d'avoir pris part à ce festival qui nous aura été très utile, notamment lors des séances de formation axées sur l'analyse et la diction des textes dans le "Malhoun", a déclaré Azzouz Abdelghani. Nassim Bour, 1er Prix de l'édition précédente, a remis l'instrument d'honneur du festival (mandole) à Azzouz Abdelghani, dans une nouvelle pratique instituée par les organisateurs, symbolisant la transmission du mérite. Le 1er Prix est doté d'une somme de 300 000 DA, le second de 200 000 DA et le 3ème de 100 000 DA. Kahina Hammouche de Tizi Ouzou, une des deux uniques femmes concurrentes, a obtenu le Prix du jury, alors que la distinction d'honneur Mustapha Toumi, poète et parolier disparu en avril dernier et auquel le festival a été dédié, a été remise à un membre du jury, Abderrahmane Aissaoui, pour ses contributions à la promotion de la chanson algérienne. Le jury, composé d'académiciens et d'anciens musiciens, a relevé le caractère singulier de cette 8ème édition soulignant sa réussite et la qualifiant d'"utile", avant de rappeler la rigueur des délibérations longues et difficiles. "La présence vocale, la justesse dans l'interprétation et la maîtrise technique auront été, pour l'essentiel, les trois critères qui ont départagé les candidats dans une compétition très serrée", a déclaré Mohamed Halim Tobbal président du jury. Auparavant Mustapha Belahcène, Sid Ali Lekkam et Abderrahmane El Kobbi se sont succédé sur scène, pour donner du plaisir à une assistance relativement jeune, venue en nombre à la salle Ibn Zeydoun où l'entrée était gratuite, apprécier les airs du terroir et acclamer les lauréats. "Nous avons passé une agréable soirée et nous souhaitons plus de réussites aux lauréats", a déclaré une femme accompagnée de son mari. La cérémonie de clôture du 8ème Festival culturel national de la chanson chaâbi s'est déroulée en présence de Khalida Toumi, ministre de la Culture, et de Boudjemaâ El Ankis, président d'honneur du festival. "Ma satisfaction est de voir la musique chaâbi plus que jamais présente dans les manifestations officielles. Il convient maintenant d'assurer un suivi rigoureux des lauréats pour les aider à asseoir leurs carrières", a confié Boudjemaâ El Ankis, doyen de la chanson chaâbi. Pour la 1ère fois au Festival culturel national de la chanson chaâbi, Guelma et Médéa ont participé aux côtés de 12 autres villes regroupant les régions du centre, de l'est et de l'ouest de l'Algérie. Cette 8ème édition s'est déroulée à Riadh el Feth du 19 au 26 juillet dans une organisation à la hauteur de l'évènement.