Le groupe énergétique français GDF Suez a annoncé son premier investissement dans le gaz de schiste, avec une prise de participation minoritaire dans treize permis d'exploration dans l'ouest de la Grande-Bretagne. GDF Suez va acquérir 25% des licences possédées jusqu'ici intégralement par le groupe Dart Energy, qui couvrent l'intégralité du bassin de Bowland, selon un communiqué publié par l'entreprise. Il paiera pour ce faire 12 millions de dollars et participera aux coûts de recherche à hauteur de 27 millions de dollars. La production de gaz de schiste, qui fait appel à la technologie controversée de la fracturation hydraulique, est bannie en France, alors même que le pays présente un potentiel géologique intéressant. La perspective du lancement d'une prospection du territoire français s'est éloignée encore un peu plus avec la décision du Conseil constitutionnel, rendue il y a deux semaines, confirmant l'interdiction de la fracturation hydraulique en vigueur depuis 2011. GDF Suez, qui s'était contenté jusqu'ici de lister les pays présentant selon lui un intérêt dans le domaine du gaz de schiste, réalisera donc à l'étranger son premier investissement dans le domaine, a indiqué un porte-parole de l'entreprise. Mi-septembre, dans une interview au quotidien L'Opinion, son P-DG Gérard Mestrallet avait cité la Grande-Bretagne parmi les six pays où le groupe envisageait de se lancer dans la prospection d'hydrocarbures de schiste, avec l'Allemagne, la Pologne, le Brésil, l'Algérie et la Chine. Nous sommes très confiants sur le potentiel de gaz de schiste au Royaume-Uni et sa future contribution à la sécurité énergétique britannique, a indiqué GDF Suez dans son texte, au lendemain de l'annonce par son grand rival hexagonal EDF de la construction de deux réacteurs nucléaires dans l'ouest du pays. GDF Suez et son partenaire britannique, qui reste opérateur des licences, vont prospecter une zone couvrant 1 378 kilomètres carrés. Cette superficie représente 38% des permis détenus en Grande-Bretagne par Dart Energy, un spécialiste des hydrocarbures non conventionnels. Dans le cadre du programme initial des travaux, les partenaires prévoient de forer plusieurs puits d'exploration, avec jusqu'à quatre puits ciblant le gaz de schiste dans différentes régions du bassin de Bowland et plusieurs autres puits ciblant le gaz de houille, a expliqué GDF Suez.
Une coopération élargie Dans un communiqué séparé, Dart Energy, un groupe d'origine australienne piloté depuis Singapour, a rappelé qu'une estimation officielle britannique chiffrait entre 822 000 milliards et 2 281 000 milliards de pieds cubes (entre 23 300 milliards et 64 600 milliards de mètres cubes) le potentiel du bassin de Bowland en gaz de schiste. En marge de l'accord, Dart Energy et GDF Suez se sont mis d'accord pour coopérer dans un ensemble d'activités liées aux gaz non conventionnels, comme le gaz de schiste mais aussi le gaz de houille (grisou). Nous attachons une énorme valeur à la large coopération stratégique mise en œuvre par nos compagnies, a relevé le directeur général de Dart John McGoldrick, en se félicitant de l'expertise apportée par son nouveau partenaire français. Cet accord inclut notamment la fourniture de services par GDF Suez et son partenaire Suez Environnement dans les domaines des services à l'environnement et de la gestion des eaux. Les deux partenaires espèrent finaliser l'opération d'ici la fin de l'année. A la Bourse de Paris, l'action GDF Suez cédait 1,83% vers 14H50 pour revenir à 18,24 euros dans un marché en légère baisse (-0,23%), mais essentiellement du fait d'une baisse de recommandation dont a été victime le titre.