Algeria energy forum s'ouvre aujourd'hui à Alger. Cette rencontre internationale de deux jours sera axée sur les opportunités d'investissement dans le secteur algérien de l'énergie en général et les possibilités de développement des gaz de schiste en particulier. Et il y aura du beau monde pour parler et écouter. GDF-Suez, Total, Halliburton, Statoil, Repsol, Anadarko, Schlumberger, RWE et Talisman seront là. Il y aura également le P-dg de l'initiative Desertec et des responsables des compagnies internationales Abengoa Solar et First Solar qui représentent le secteur des énergies renouvelables. Mais ce sont les géants du pétrole et du gaz qui seront les plus fortement représentés dans cette rencontre qu'on présente comme une opportunité pour l'Algérie de faire connaître son marché énergétique et les mesures gouvernementales visant à intensifier l'exploration, mesures qui devraient s'intensifier avec la nouvelle loi sur les hydrocarbures dont l'objectif premier est de booster l'investissement pétrolier et gazier. Il est dit que ce forum sera l'occasion pour l'Algérie d'établir des rapports avec les géants de l'industrie du solaire. Mais l'accent est mis sur les énergies polluantes et particulièrement les gaz de schistes. L'organisateur d'Algeria energy forum, le groupe CWC, une société d'événements énergétiques basée à Londres, a d'ailleurs mis en ligne sur son site web une interview de Nordine Aït Laoussine, ancien ministre algérien de l'Energie et consultant international, qui défend l'exploitation des gaz de schistes en affirmant que l'Algérie peut «reproduire actuellement le succès américain dans l'industrie des gaz de schistes». Il met, certes, un bémol en précisant que cet objectif doit être inscrit dans le long terme, mais rien n'est dit sur les dangers que fait peser l'exploration et l'extraction des gaz de schistes sur l'environnement. Une petite recherche suffit pour révéler le revers de la médaille qu'on veut coûte que coûte cacher. Selon des études récentes, pour le forage et la fracturation hydraulique des puits on utilise «des centaines de produits chimiques qui sont pour la plupart toxiques, voire cancérigènes. Ces polluants peuvent s'infiltrer dans les nappes phréatiques, contaminer l'eau que nous consommons et donc avoir des effets sur notre santé. A cela s'ajoute la question du retraitement des eaux usées qui remontent à la surface et que nous ne savons pas traiter…». Sur la base des données de l'Agence américaine de protection de l'environnement et de l'industrie gazière elle-même, le chercheur américain Robert Howarth a affirmé, en 2011, dans Climatic change letters que l'empreinte carbone du gaz de schiste dépassait celle des puits de gaz conventionnels. De plus, chaque forage nécessite des quantités énormes d'eau, eau dont une seule une partie est récupérée, mais elle est polluée par les additifs des fluides de fracturation. Cela sans parler des liens qui, selon le centre britannique des tremblements de terre, existent entre fracturation hydraulique et séismes. Finalement, les gaz de schistes tiennent plus de la malédiction que de la bénédiction… H. G.