La création en Algérie d'une académie pour la langue amazighe permettra de promouvoir et de développer Tamazight dans toutes ses variétés linguistiques. En effet, faute d'une académie de tamazight et autres institutions de recherche scientifiques qui prennent en charge l'évolution de cette langue millénaire, tamazight stagne. A l'exception des trois wilayas, Tizi-Ouzou, Bejaïa et Bouira qui continuent d'assurer, vaille que vaille, les cours en langue amazighe, le reste des wilayas du pays, même celles berbérophones comme Batna, Ghardaïa, Illizi, El Bayadh, Tlemcen et plus, ont laissé tomber cette langue qui appartient pourtant à tous les Algériens sans exception. De ce fait, la mise en place d'une institution académique, dotée d'une autorité scientifique de la langue tamazight, a été vivement recommandée, avant-hier à Ghardaïa, à l'issue d'un colloque consacré à la thématique de néologie, les corpus informatisés et les processus d'élaboration des langues de moindre diffusion. Les participants ont préconisé la conception et l'élaboration de dictionnaires scientifiques et scolaires de la langue Tamazight, la gestion de la variation lexicale, les aspects iconiques ainsi que la grammaire amazighe. Le décuplement des unités de recherches dans différentes régions du pays au parler Tamazight a été également prôné lors de la rencontre, afin d'enrichir à partir du terrain le lexique linguistique et d'engager une réflexion scientifique sur l'importance d'asseoir une méthodologie en vue de promouvoir le tamazight. Organisé par le Centre national pédagogique pour l'enseignement de Tamazight (CNPET), en collaboration avec le ministère de l'Education nationale, le colloque a réuni une pléiade de professeurs, linguistes et chercheurs universitaires algériens et étrangers qui ont examiné l'état des lieux, les contraintes pédagogiques et les moyens de promotion de l'enseignement de la langue tamazight. A cette occasion, le directeur du CNEPT, M. Abderrezak Dourari, a affirmé que ce colloque constitue un espace de dialogue et d'échange scientifique, d'expérience en matière de préservation et de promotion des langues de moindre diffusion. En outre, il a mis en exergue les vertus de ce colloque. Ainsi, M. Dourari a précisé que cette rencontre vise à trouver les moyens et méthodes scientifiques susceptibles de promouvoir la langue Tamazight sur tous les plans, en tenant compte de l'évolution scientifique et technique. A cet égard, il a déclaré que " cette rencontre permet à nos enseignants et professeurs algériens d'acquérir les méthodologies pour décupler les capacités de production dans le domaine de la langue permettant de confectionner un dictionnaire scolaire et scientifique selon les normes mondiales ". Les chercheurs et universitaires doivent fédérer leurs recherches sur la langue Tamazight à travers l'organisation de rencontres périodiques et la création d'unités de recherche dans différentes régions, a estimé M. Dourari. Selon le directeur du CNEPT, ce colloque est l'occasion aussi pour faire le point sur l'expérience de l'enseignement de la langue amazighe, intégrée en 1997 dans le système éducatif national, d'évaluer les résultats et d'améliorer la qualité de l'enseignement de Tamazight dans les écoles. Cette manifestation a été marquée par la présentation d'exposés portant sur les thématiques de "la néologie et la rédaction scientifique en Tamazight ", "la création lexique en besoins d'expression ", "la néologie dans la construction identitaire" et "le marché linguistique algérien et la demande néologique". Sur un autre chapitre, les intervenants ont déploré les contraintes pédagogiques et le manque de moyens pour la promotion de l'enseignement de Tamazight, rappelant la nécessité d'accorder un intérêt particulier à l'enseignement ainsi qu'à la diffusion de cette langue considérée comme un enrichissement de la culture nationale. Mettant en relief les dimensions historiques, culturelles et socio-économiques de la culture amazighe, les participants ont exhorté les citoyens à participer à l'enrichissement lexical et linguistique de cette langue. En marge de ce colloque de deux jours, des rencontres avec les "Azzaba" (dignitaires religieux dans l'organisation ancestrale de la société du M'zab) ont été organisées pour permettre aux participants de ce colloque de prendre connaissance de l'organisation sociale et de la sociologie de la région.