Le fabricant de pneumatiques Cooper Tire & Rubber a annoncé hier renoncer à son projet de fusion avec l'indien Apollo Tyres, ce dernier n'ayant pu, selon lui, réunir les financements nécessaires pour la transaction. Apollo avait annoncé en juin une OPA amicale de 2,5 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros) sur son concurrent américain, au prix de 35 dollars par action, avec pour ambition de se hisser au septième rang mondial et de réduire sa dépendance au marché indien, mais les obstacles se sont accumulés dès le départ. Dans un communiqué, Cooper accuse son partenaire d'être à l'origine de la rupture et il ajoute qu'il prendra toutes les "mesures légales" pour protéger l'entreprise et ses actionnaires. Il ne fait pas mention cependant de la pénalité de 112,5 milliards de dollars que prévoyait l'accord de fusion en cas de rupture. Apollo de son côté a déploré "l'absence de volonté (de Cooper) pour oeuvrer de manière constructive à finaliser une transaction qui aurait créé de la valeur pour les deux entreprises et leurs actionnaires". "La décision de Cooper ne laisse d'autre choix à Apollo que d'en appeler à la justice pour remédier à la mauvaise conduite de Cooper", a ajouté le groupe indien dans un communiqué. A Wall Street, l'action Cooper a ouvert en baisse mais s'est ensuite redressée pour afficher un gain de 4,92% dans les premières cotations, à 24,09 dollars. A Bombay, Apollo avait clôturé en hausse de 0,65% à 101,35 roupies avant l'annonce de Cooper. "Il est temps de repartir de l'avant", a déclaré Roy Armes, le directeur général de Cooper Tire, dans le communiqué. "Si les motifs stratégiques d'un rapprochement avec Apollo restent évidents, il est clair que l'accord de fusion signé par les deux entreprises le 12 juin ne sera pas respecté par Apollo et nous avons été notifiés que les financements pour la transaction n'étaient plus disponibles."
Bataille judiciaire L'annonce de l'OPA amicale en juin avait vite fait place à une bataille judiciaire entre les deux groupes, Cooper réclamant le respect des clauses de l'accord de fusion alors qu'Apollo cherchait à faire baisser le prix de l'offre en invoquant des tensions sociales chez Cooper aux Etats-Unis et au sein de sa coentreprise chinoise. Parallèlement, Chengshan Group, le partenaire chinois de Cooper, s'est opposé au projet de fusion et a demandé à la justice de dissoudre la coentreprise. Apollo faisait valoir que ces deux évolutions n'étaient pas reflétées dans le prix de l'offre et demandait en conséquence qu'il soit revu à la baisse, ce que refusait Cooper Tire. En novembre, un tribunal du Delaware avait estimé qu'Apollo n'avait pas enfreint ses obligations, infligeant ainsi un revers à Cooper Tire. L'appel logé par le groupe américain a été rejeté ce mois-ci par la Cour suprême du Delaware et l'affaire a été renvoyée vers une juridiction inférieure. Faute de fusion, Apollo se voit contraint de se focaliser sur son marché national, où il réalise les deux tiers de son chiffre d'affaires. Le fabricant indien de pneus avait annoncé en novembre une baisse de 7% de ses ventes locales sur la période juillet-septembre.