Initiatives diplomatiques et violences ont marqué la journée de Pâques en Ukraine. Alors que l'OSCE, présidée cette année par la Suisse, négociait la reddition des séparatistes pro-russes à Donesk, une attaque près de Slaviansk a fait au moins trois tués, fragilisant l'accord de Genève censé éviter une escalade du conflit. Alors que Pâques a été célébrée cette année à la même date par les catholiques et les orthodoxes, la crise ukrainienne a ravivé les tensions entre les deux communautés. Samedi, le patriarche de Kiev, Philarète, a dénoncé "l'agression" commise en Ukraine par l'"ennemi russe". A Moscou, le patriarche orthodoxe russe, Cyrille 1er, a appelé à prier pour que personne ne puisse "détruire la Sainte Russie" en lui enlevant l'Ukraine. Dimanche, lors de son message pascal, le pape François a tenté de calmer le jeu. Il a appelé Dieu à "éclairer et inspirer des initiatives de pacification en Ukraine". Il a demandé que les parties intéressées, soutenues par la communauté internationale, entreprennent tout effort pour empêcher la violence et construire (...) l'avenir du pays".
Coups de feu Le Saint-Père s'est exprimé quelques heures après de nouvelles violences meurtrières. Celles-ci sont intervenues près de Slaviansk, dans l'est de l'Ukraine contrôlée par des séparatistes pro-russes. Vers 01h00, au moins trois personnes ont été tuées lors d'échanges de tirs. Trois militants séparatistes et un ou deux assaillants ont perdu la vie, selon un responsable local, un combattant pro-russe et la chaîne de télévision russe Rossiya 24. Les séparatistes ont déclaré avoir été attaqués par des hommes armés issus de Secteur Droit, groupe nationaliste d'extrême droite. Ce mouvement a démenti toute implication.
Accord fragilisé Ces tués fragilisent la Déclaration de Genève, censée éviter une escalade du conflit. Alors que le texte conclu à Genève prévoit notamment la dispersion des groupes armés illégaux, les activistes pro-russes n'ont pour l'instant pas apporté la preuve de leur volonté de s'y plier. Ces militants locaux sont épaulés par des hommes armés présentés comme des groupes d'autodéfense. Kiev et les Occidentaux les accusent toutefois d'être des troupes d'élite des services spéciaux de l'armée russe.
La Russie appelée à l'aide Après l'attaque de dimanche, le maire auto-proclamé de Slaviansk, Viatcheslav Ponomarev, a décrété le couvre-feu dans la ville. Il a demandé de l'aide au gouvernement russe et au président Vladimir Poutine. "Si vous ne pouvez pas envoyer des forces de maintien de la paix, livrez-nous des armes", a-t-il dit. Cet incident est intervenu au moment où un représentant de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) est à Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. Il tente d'y négocier la reddition des séparatistes pro-russes qui occupent des bâtiments publics et réclament un référendum d'autodétermination.