Une semaine après le lancement, par le gouvernement ukrainien, d'une opération militaire destinée à désarmer les militants pro-russes et à libérer les bâtiments qu'ils occupent dans l'est du pays, et trois jours après la signature d'un accord autour d'une « désescalade » entre la Russie, l'Ukraine, les Etats-Unis et l'Union européenne, l'heure est la violence. Quatre personnes, dont trois militants pro-russes, ont péri, hier matin, dans une fusillade près de Slaviansk, ville totalement contrôlée par les insurgés. La Russie dont les Occidentaux redoutaient les velléités interventionnistes dans la région, a très vite réagi. Elle met en garde contre la transgression de l'accord de Genève. Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères a vigoureusement dénoncé « une provocation » des nationalistes ukrainiens radicaux. Il s'en est carrément pris aux nouveaux dirigeants de l'ancienne république soviétique. « La Russie est indignée par cette provocation qui témoigne du manque de bonne volonté de la part des autorités de Kiev pour désarmer les nationalistes et les extrémistes », souligne le département de Serguei Lavrov, appelant la partie ukrainienne à respecter ses engagements. Moscou attribue cette attaque à Pravy Sektor, groupe nationaliste paramilitaire ukrainien qui s'est illustré lors de la contestation à Kiev. Plus musclée a été la réaction des séparatistes pro-russes. Le maire autoproclamé de Slaviansk, Viatcheslav Ponomarev, place forte des séparatistes de l'est, a demandé l'intervention de la Russie pour protéger les insurgés contre les nationalistes ukrainiens. « Nous vous demandons d'étudier au plus vite la possibilité d'envoyer des forces de maintien de la paix pour défendre la population contre les fascistes », a-t-il déclaré dans un appel au président russe Vladimir Poutine. Selon lui, la population locale est menacée par le groupe de Sektor avant de décréter un couvre-feu (de minuit à 6 h du matin). Le gouvernement ukrainien a, lui aussi, réagi, mais non pas pour faire baisser les tensions. Il dépêché son ministre de l'Intérieur, Arsen Avakov, officiellement pour « inspecter les troupes de la garde nationale et les forces spéciales déployées en réponse à l'insurrection séparatiste dans cette région russophone », sans préciser si cette visite était liée à l'attentat. Autre fait nouveau dans la crise : les patriarches orthodoxes de Kiev et de Moscou se sont livré, samedi, à une guerre des mots à quelques heures des Pâques au sujet de l'insurrection qui secoue la région. Dans son message pascal au peuple ukrainien qui « traverse de lourdes épreuves », le patriarche de Kiev, Filaret, a assuré que l'« ennemi » russe était condamné à l'échec et Dieu aiderait « à ressusciter l'Ukraine » dont la péninsule de Crimée avait été rattachée à la Russie en mars. A Moscou, le patriarche russe, Kirill, a appelé à prier pour que personne ne puisse « détruire la Sainte Russie » en lui enlevant l'Ukraine dont la capitale Kiev est le berceau de l'orthodoxie russe. Le pape François a, lui, appelé, depuis le Vatican, à la pacification à travers le dialogue.