Le chef de l'Etat mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a annoncé à Nouakchott qu'il sera candidat à sa propre succession à la prochaine élection présidentielle dans son pays, le 21 juin. Le décret qui fixe le calendrier électoral ayant été publié le 20 avril, la voie est ainsi ouverte aux dépôts des candidatures, et en tant que président sortant, je vais présenter ma candidature à cette élection, a déclaré M. Aziz à des journalistes. Si des gens (veulent) boycotter (le scrutin), moi, je n'en ferai pas partie, a ajouté le président, s'exprimant après une cérémonie de lancement de la construction d'un institut d'hépato-virologie dans la capitale mauritanienne. Le président Ould Abdel Aziz, un ancien général arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en août 2008, avait été élu un an après pour un mandat de cinq ans lors d'un scrutin contesté par l'opposition. Il est la deuxième personnalité à annoncer sa candidature à la présidentielle. Fin janvier, un célèbre militant anti-esclavagiste mauritanien, Birame Ould Dah Ould Abeid, avait déjà indiqué qu'il se portait candidat en tant qu'indépendant. M. Ould Abeid, un Haratine (descendant d'esclaves), est le président de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA-Mauritanie) et a été lauréat du prix des Nations unies pour la cause des droits de l'Homme en 2013. Selon le décret fixant le calendrier électoral, les Mauritaniens désireux de se présenter à la présidentielle doivent déposer leur dossier de candidature avant le 7 mai. La campagne électorale sera lancée le 6 juin et se déroulera jusqu'au 19 juin. Si aucun candidat n'obtient la majorité absolue au premier tour du 21 juin, un second tour sera organisé le 5 juillet. Le président Aziz a aussi affirmé que le dialogue entre le pouvoir et l'opposition sur les conditions de la participation des opposants au scrutin se poursuivait malgré les manoeuvres de certains de le bloquer. Les négociations regroupent 33 représentants de la majorité présidentielle, de la Coordination pour une alternance pacifique (CAP, coalition de l'opposition modérée) et du Forum national pour la démocratie et l'unité (FNDU, coalition de l'opposition radicale). Le FNDU a dénoncé l'agenda électoral, regrettant qu'il ait été arrêté sans attendre la fin des pourparlers alors qu'une partie des opposants souhaitait un report du scrutin. Nous considérons que cet agenda porte un coup fatal à la démocratie dans le pays et à l'espoir légitime des Mauritaniens de vivre dans la stabilité et le progrès, a estimé cette coalition dans un communiqué diffusé mardi. Aucune des parties prenantes du dialogue n'a cependant annoncé qu'elle se retirait des travaux. Par ailleurs, dans un entretien au quotidien français Le Figaro, le président Aziz a évoqué la lutte qu'il mène depuis son arrivée au pouvoir contre les groupes djihadistes, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui se sont installés au Sahel et y commettent attentats et enlèvements. En 2010 et 2011, avant la prise de contrôle en 2012 du nord du Mali par des groupes islamistes armés liés à Al-Qaïda - chassés depuis par une intervention militaire franco-africaine - l'armée mauritanienne était intervenue dans cette région pour détruire des bases d'Aqmi. La sécurité est la première des libertés. Nous avons décidé de rétablir la sécurité dans notre pays en réorganisant notre armée afin de l'adapter à une nouvelle menace non conventionnelle, a affirmé le président Aziz dans cet entretien.