La pénurie de lait se répercute inévitablement sur la facture d'importation de cette matière première. En effet, afin de faire face à la crise qui secoue de plein fouet les petites bourses, l'Etat algérien se voit obligé d'importer des quantités colossales de poudre de lait. Ainsi, les importations algériennes de lait de transformation ont atteint 463,71 millions de dollars, durant le premier trimestre 2014, contre 325,41 millions de dollars à la même période de l'année écoulée, en hausse de 42,50%, selon les Douanes algériennes. Les quantités importées du lait sont estimées à 92.092 tonnes durant les trois premiers mois de cette année contre 86.751 tonnes à la même période de l'année écoulée, également en hausse de 6,15%, selon des chiffres provisoires du Centre national de l'informatique et des statistiques (CNIS) des Douanes. L'importante hausse de la valeur des importations par rapport aux quantités importées qui n'ont augmenté que de 6,15%, s'explique selon les professionnels par une hausse des prix de la poudre de lait sur le marché mondial, dopée essentiellement par une forte demande de la Chine, premier importateur mondial. En effet, les prix de la poudre de lait sur les marchés internationaux ont enregistré en 2013 une hausse sensible. Entre septembre et décembre, le rythme s'est accéléré, variant entre 32 et 47 %, avait indiqué le ministre du Commerce, Mustapha Benbada. La production nationale du lait pasteurisé conditionné en sachet (LPC) a connu durant la semaine dernière (du jeudi à lundi) une perturbation dans la distribution à Alger due à une grève déclenchée par les travailleurs du complexe laitier de Birkhadem (Alger) "Colaital" pour revendiquer une revalorisation des salaires. Mais dès mardi, les travailleurs du complexe ont repris le travail après cinq jours de grève, a confirmé le directeur du groupe, Serradj Menad. L'Algérie produit actuellement environ 3,5 milliards de litres de lait cru par an et en importe l'équivalent de 1,5 à 2 milliards de litres, alors que la consommation est estimée à plus de 5 milliards de litres/an, selon les derniers chiffres communiqués par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Selon les estimations de l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL), l'Etat consacre annuellement plus de 46 milliards de DA au soutien de la filière lait pour encourager la production et réduire la facture d'importation qui avait atteint l'année écoulée 1,13 milliard de dollars. Afin d'atteindre cet objectif, l'Etat a mis en place un dispositif de développement de la production laitière nationale qui prévoit entre autres une prime de 4 DA/litre pour l'intégration du lait cru dans le processus de transformation, alors que les laiteries qui utilisent totalement leurs capacités pour la production de lait en sachet à partir de lait cru ont une prime de 7 DA/litre. Ce dispositif prévoit également plusieurs mesures incitatives "importantes" au profit des éleveurs, des collecteurs, des transformateurs et récemment même des producteurs de certains aliments de bétail comme le maïs et la luzerne. Désormais, l'Etat algérien se voit obligé d'importer des quantités importantes de lait, surtout que la production nationale ne répond toujours pas aux besoins du marché. Ainsi, si le Gouvernement veut trouver une solution radicale aux pénuries récurrentes de lait, il doit d'abord songer à produire suffisamment cette matière première, et ce, dans le but de ne plus être à la merci des marchés mondiaux.