Les attentes des milieux d'affaires allemands concernant la conjoncture de l'Allemagne, mesurées par le baromètre mensuel ZEW, se sont très nettement dégradées en mai, mais sans inquiéter outre mesure les analystes qui n'y voient pas une menace pour la croissance. L'indice s'est replié de 10,1 points à 33,1 points contre 43,2 points enregistrés en avril, signant son cinquième recul de suite, selon un chiffre publié avant-hier. Il s'agit de son niveau le plus bas depuis janvier 2013. Les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires misaient aussi sur une baisse du ZEW mais bien moins prononcée, à 41 points. La chute observée signifie que les investisseurs ne s'attendent pas à ce que l'économie allemande maintienne le rythme élevé de croissance enregistré au premier trimestre, a immédiatement relativisé l'institut ZEW. Son président Clemens Fuest a souligné qu'ils attendaient toujours "une évolution conjoncturelle de fond positive en 2014", dans un communiqué. Dans son rapport mensuel publié également mardi, le ministère de l'Economie estime aussi qu'"après un premier trimestre solide, la reprise de printemps sera certainement plus modérée que d'habitude". Le chiffre de la croissance allemande pour le premier trimestre est attendu jeudi. Jessica Hinds, de Capital Economics, estime qu'il devrait montrer que "l'économie allemande a solidement démarré l'année, progressant de 0,7% plus ou moins. Mais la publication de ce jour soutient largement l'idée que ce rythme de croissance ne devrait pas être maintenu". Fin avril déjà, la banque centrale allemande, la Bundesbank, avait estimé que le rythme de croissance allemand allait "nettement ralentir" au deuxième trimestre par rapport au premier. Toutefois, "la tendance de fond restera orientée à la hausse, au vu d'un climat particulièrement propice à la consommation et d'une demande soutenue de nouveaux logements", avait-elle ajouté. Constatant que la chute du ZEW est la plus importante depuis mai 2012, Carsten Brzeski, économiste chez ING, estime que ce cinquième recul d'affilée montre que "les risques pour l'Allemagne augmentent". Il cite les risques géopolitiques aux portes de l'Allemagne, l'inquiétude au sujet de la croissance chinoise et les indicateurs industriels décevants de la semaine dernière. Robert Wood, de la banque Berenberg, estime aussi que les "événements en Ukraine se répercutent sur les attentes des analystes financiers pour la croissance allemande (...)".Mais "le rythme actuel de l'expansion reste très fort", selon lui. Les indicateurs allemands, "solides", montrent que l'économie du pays est sur de bons rails, juge aussi Annalisa Piazza, du courtier Newedge, soulignant que la composante du Zew qui mesure la situation actuelle en Allemagne a progressé pour la sixième fois de suite. Elle a pris 2,6 points à 62,1 points en mai, soit son niveau le plus élevé depuis juillet 2011. Son confrère Ralph Solveen, de Commerzbank, juge également que "la chute du ZEW ne constitue pas un signal fiable que l'amélioration actuelle est sur le point de se terminer. Des informations plus importantes sont attendues comme l'évolution de l'activité privée (indice PMI) ou l'indicateur Ifo du moral des entrepreneurs (allemands) qui sera publié la semaine prochaine. Jusqu'ici nous n'avons vu aucun signe d'un retournement négatif de ces deux indicateurs". Mustapha S.