Les ventes au détail en Allemagne ont rebondi en novembre mais ont légèrement marqué le pas sur l'ensemble de l'année 2012, selon des chiffres provisoires publiés, avant-hier, par l'Office fédéral des statistiques Destatis. Sur un mois, à prix constants ajustés des variations saisonnières et calendaires, les ventes au détail ont augmenté de 1,2% en novembre, après un repli de 1,3% en octobre. Le chiffre d'octobre a été révisé à la hausse. Le mois dernier, Destatis avait annoncé une baisse de 2,8%. "Les ventes au détail en novembre ont permis de compenser la plupart des pertes du mois d'octobre", a commenté Christian Schulz, économiste pour la banque Berenberg. Selon cet analyste, "octobre semble avoir été le creux de la récession, non seulement dans le commerce de détail, mais également pour les indices de confiance, tel que le baromètre Ifo (indice de confiance des entrepreneurs allemands, ndlr)". Sur un an, les ventes au détail ont toutefois reculé de 0,9% en novembre à prix constants, c'est-à-dire corrigés de la hausse des prix, alors que ce mois comptait autant de jours de travail que novembre 2011. Les ventes de denrées alimentaires, de boissons et de tabac ont progressé de 0,9% à prix constants sur un an, mais les ventes de produits non-comestibles ont reculé de 2,3%. L'institut Destatis précise que le chiffre de novembre, basé sur des estimations, sera probablement revu à la hausse. Sur l'ensemble de l'année 2012, le chiffre d'affaires des commerçants a reculé entre 0,1% et 0,3% par rapport à 2011, à prix constants, selon les estimations de Destatis. En 2011, il avait crû de 1,2%. Depuis, l'Allemagne a été rattrapée par l'inquiétude, sur fond de récession en zone euro. Dans l'ensemble, le résultat de novembre "est meilleur qu'attendu, mais la croissance annuelle reste faible. Cela confirme l'image d'une modération de l'activité du commerce de détail", a estimé Annalisa Piazza, économiste chez Newedge Strategy, dans une note. Cette analyste s'est toutefois voulue rassurante: "les perspectives (pour l'activité de détail) ne sont pas trop sombres", a-t-elle dit. Selon le dernier baromètre GfK, le moral des consommateurs allemands devrait continuer de reculer en janvier, après déjà un repli en décembre, en raison de la crise de la dette. La résistance du marché du travail se craquelle Le chômage a légèrement augmenté en décembre en Allemagne, poursuivant une dégradation entamée depuis l'été, signe que le marché du travail de la première économie européenne est rattrapé par la crise même s'il a bien mieux résisté qu'ailleurs. "Les traces (de la dégradation de la situation économique) sont visibles", a reconnu Frank Weise, le président de l'Agence pour l'emploi allemande, en dévoilant les derniers chiffres de l'année 2012. Alors qu'il était stable les mois précédents, à 6,5%, le taux de chômage brut de la première économie européenne est monté en décembre à 6,7%, représentant 88 000 sans-emplois supplémentaires à 2,84 millions. "Une augmentation du chômage en décembre est courante, mais cette année elle semble plus forte que les années passées", a expliqué l'agence, qualifiant toutefois le marché du travail de "robuste". En données corrigées des variations saisonnières (CVS), plus représentatives d'une tendance de fond, la détérioration du marché du travail est régulière depuis juillet et le taux de chômage atteignait 6,9% en décembre. Diminution de la croissance Sans grande surprise vu l'importance des exportations dans son économie, l'Allemagne s'est montrée trimestre après trimestre de plus en plus marquée par la récession de la zone euro et le ralentissement de l'économie mondiale en général. Sa croissance a diminué de trimestre en trimestre (+0,5% au premier, +0,3% au deuxième, +0,2% au troisième) et son PIB pourrait même se contracter au dernier trimestre, à en croire la Bundesbank. Ce ralentissement se répercute en toute logique sur le marché du travail. Pour limiter les licenciements définitifs et être à même de redémarrer au plus vite quand la conjoncture s'améliorera, le gouvernement a décidé en décembre de renforcer son dispositif de chômage partiel, comme au plus fort de la crise de 2009. L'indice de l'Agence pour l'emploi, représentant la demande en main d'œuvre, s'est dégradé tout au long de 2012 pour retomber en décembre au plus bas depuis presque deux ans. "L'environnement devient plus difficile, mais nous sommes bien armés pour y faire face", a assuré la ministre allemande du Travail Ursula Von der Leyen. Malgré cette dégradation de fin d'année, le bilan 2012 du marché du travail allemand reste en effet positif: le taux de chômage brut a reculé de 0,3 point à 6,8%. C'est son plus bas niveau depuis 1991, a souligné l'Agence pour l'emploi. Avec moins de 3 millions de sans-emplois, l'Allemagne fait largement mieux que ses voisins européens davantage mis à mal par la crise. L'Espagne vient ainsi de chiffrer à 4,85 millions le nombre de demandeurs d'emplois à fin 2012, quand en France métropolitaine, 3,13 millions de personnes étaient sans activité fin novembre, un nombre en augmentation continue depuis 19 mois. Autre signe positif pour l'Allemagne, 41,5 millions de personnes avaient un travail (salarié, indépendant) en 2012, un nouveau record. Confronté à une démographie déclinante et vieillissante, le pays craint plutôt le manque de main d'œuvre qui affecte déjà certains secteurs de son économie et devrait s'aggraver dans les années à venir. Les économistes ne sont d'ailleurs pas inquiets sur l'évolution du chômage pour l'année qui débute. S'il table sur la poursuite d'une "très lente hausse du chômage" au premier trimestre, Constantin Wirschke, économiste chez Natixis, anticipe néanmoins un marché du travail "relativement robuste". "Au final, il ne devrait pas se détériorer de manière importante, mais il ne devrait pas créer beaucoup d'emplois non plus", résume-t-il. Une tendance à la diminution du chômage "pourrait bien refaire son apparition vers la mi-2013", prévoit Timo Klein, économiste d'IHS Global. Les ventes de voitures neuves ont reculé de 3% en 2012 Les ventes de voitures neuves en Allemagne ont reculé de 3% en 2012, à 3,08 millions de véhicules, après une forte baisse en décembre attribuable à un moindre nombre de jours ouvrés, a annoncé la fédération automobile allemande VDA. En décembre, 204 300 voitures neuves ont été immatriculées dans le pays, soit une chute de 16% sur un an, un repli que relativise le président de la VDA Matthias Wissmann. "Nous avons eu en décembre quatre jours ouvrés de moins que le même mois de l'année précédente. Cela représente un cinquième" du mois, a-t-il fait valoir dans un communiqué. D'après la fédération allemande des importateurs automobiles (VDIK), avec le même nombre de jours ouvrés que l'année d'avant, le chiffre des ventes de décembre 2012 aurait même été légèrement supérieur à celui de décembre 2011. La VDA voit dans les chiffres annuels publiés la confirmation de ses prévisions. Début décembre, elle avait dit s'attendre à une baisse des ventes de 2% sur l'année par rapport à 2011, à 3,1 millions de véhicules. "Le marché allemand s'est montré nettement plus solide que l'Europe de l'Ouest", a salué M. Wissmann, qui ne s'estime pourtant pas satisfait. "Les clients sont visiblement dans l'incertitude en raison de la crise de la dette qui frappe depuis deux ans la zone euro", a-t-il expliqué. "Ce sujet permanent pèse sur l'ambiance", a regretté M. Wissmann. La production de voitures a diminué de 4% à 5,4 millions d'unités en 2012 et les exportations ont enregistré un repli de 3% à 4,1 millions de voitures. Pour 2013, la fédération table toujours sur une stabilité des ventes en Allemagne, avec environ 3 millions de nouvelles immatriculations. "Il ne faut pas s'attendre à une croissance en 2013 dans le pays, mais pas non plus à une chute", a-t-il souligné. Si elle n'est plus épargnée par la morosité du marché qui frappe l'Europe de l'Ouest, l'Allemagne limite toutefois la casse en comparaison avec ses voisins. La France a en effet vu ses ventes de voitures neuves chuter de 13,9% l'an dernier, l'Italie de 19,9%, l'Espagne de 13,4% et le Portugal de 37,9%.