Des experts des pays d'Afrique du Nord ont souligné, à Alger, la nécessité de mettre en place un cadre législatif régional permettant de conserver et de protéger leurs ressources génétiques animales afin de répondre aux besoins de la sécurité alimentaire. "Les ressources génétiques animales est un patrimoine qu'il faut conserver, et ce, à travers un cadre réglementaire régional", a déclaré Simplice Nouala, chef d'unité Productions animales au bureau interafricain des ressources animales de l'Union africaine (UA), en marge d'un atelier consacré au lancement et à la mise en place du point focal sous- régional des ressources génétiques animales pour l'Afrique du Nord. Selon cet expert, ce cadre réglementaire permettra aux éleveurs (qui sont les garants de ces ressources) de tirer profit de ces ressources et de pouvoir contrôler le niveau d'inséminations artificielles faites à partir des animaux importés. "Depuis les indépendances, il y a eu des croisements incontrôlés en raison des besoins d'accroître la productivité. Il est nécessaire aujourd'hui de désigner un point focal qui va travailler sur les instruments législatifs permettant de protéger les ressources génétiques animales locales notamment transfrontalières", a suggéré cet expert kenyan. M. Nouala a relevé que les ressources génétiques en Afrique sont en érosion, "mais on n'ignore le niveau de cette érosion", a-t-il indiqué. A travers cet atelier de deux jours organisé à l'Institut national de recherche agronomique d'Algérie (INRAA), les experts des six pays d'Afrique du Nord (Algérie, Egypte, Libye, Mauritanie, Maroc et Tunisie) vont tenter de faire un état des lieux des ressources génétiques et débattre des politiques adéquates pour les protéger. De son côté, le représentant du ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Hamid Hamdani, a souligné que l'importance de la question des ressources génétiques est liée à la sécurité alimentaire des pays africains, laquelle se trouvant menacée par les changements climatiques. Nécessité de maîtriser la question des ressources génétiques "On ne peut pas s'inscrire dans la pérennité en matière de sécurité alimentaire si nous n'accordons pas une importance fondamentale à la maîtrise de la question des ressources génétiques. C'est cette dernière qui va déterminer le niveau de la maîtrise de notre sécurité alimentaire dans les décennies à venir", a-t-il soutenu. Il a rappelé que l'Algérie a adopté, en Conseil des ministres, un projet de loi sur les ressources biologiques. Ce projet se trouve actuellement au niveau du Parlement, alors que la banque de gènes devrait être finalisée d'ici la fin de l'année en cours. L'Afrique recèle beaucoup d'espèces animales à l'échelle brute qui peuvent offrir des solutions palliatives aux changements climatiques. Malgré cela, le continent demeure très dépendant des importations alimentaires. "Cette dépendance au marché extérieur démontre que nos pays exploitent mal et/ou ne s'intéressent pas aux ressources génétiques", a estimé Mohammed Amine Hakki, représentant du ministère de l'Agriculture de la Mauritanie à cet atelier. "La désignation du point focal Afrique du Nord va nous permettre de renforcer les capacités institutionnelles pour la gestion de nos ressources génétiques animales", a souligné cet expert. Cet atelier de deux jours qui sera suivi d'un autre, s'est clôturé hier à l'INRAA. Les experts venus d'Algérie, d'Egypte, de Libye, de Mauritanie, de Tunisie, du Kenya et du Maroc ont débattu de la formulation de la stratégie de développement de l'élevage en Afrique. Ces deux ateliers sont organisés dans le cadre d'une convention de contribution signée entre le Bureau international des ressources animales de l'Union africaine (UA-BIRA) et l'Union européenne pour l'exécution d'un projet intitulé "Renforcement des capacités des pays africains pour la conservation et l'utilisation durable des ressources génétiques animales en Afrique". "Ce projet permettra de renforcer les capacités des pays et des communautés économiques régionales pour l'utilisation et la conservation durable des ressources génétiques animales en Afrique, à travers l'institutionnalisation des instruments politiques judiciaires et techniques nationaux et régionaux", selon le ministère de l'Agriculture et du Développement rural.