C'est l'une des pires catastrophes aériennes de l'Histoire en Algérie. Jeudi 24 juillet, un avion de la compagnie aérienne Air Algérie s'est écrasé au Mali, faisant une centaine de morts. La succession d'accidents dans le transport aérien remet en question les progrès réalisés ces dernières années dans la sécurité aérienne. De nouvelles procédures vont devoir être définies pour renforcer le principe de précaution.
Année noire pour le transport aérien. En seulement sept mois, le nombre de victimes de vols réguliers dépasse les plus mauvaises des cinq dernières années. Sans faire référence à une loi des séries qui n'existe pas, la Malaysia Airlines paie le plus lourd tribut avec 537 passagers ayant péri dans deux accidents, celui du vol MH370 dans l'océan Indien en mars dernier, et celui du MH17 en Ukraine en juillet. Ce bilan a été alourdi avec les 48 victimes de l'avion ATR72 du vol GE222 de la TransAsia Airlines, qui s'est écrasé sur une île au large de Taïwan. Et c'est maintenant 116 personnes du vol d'Air Algérie entre Ouagadougou et Alger qui vient mettre le couteau dans la plaie. L'avion d'Air Algérie s'est écrasé dans une zone désertique du nord du Mali et ses débris sont éparpillés sur une grande superficie, témoignant de la violence du choc, selon une vidéo tournée par des soldats burkinabés et diffusée par la chaîne de télévision France 2. Ces images, les premières diffusées du site présumé de l'accident, montrent une zone désertique, plate, de sable où poussent quelques arbustes. Des débris métalliques difficilement identifiables sont éparpillés sur des dizaines de mètres et les principaux éléments de l'avion (moteur, fuselage...) ne sont pas visibles. Les débris de l'appareil, un McDonnell Douglas MD83 à destination d'Alger qui s'est écrasé 50 minutes après avoir décollé de Ouagadougou, ont été retrouvés dans la zone de Gossi, ville du Nord du Mali située près de la frontière avec le Burkina Faso.
Aucun survivant, l'épave retrouvée Après plus de 24h de disparition, le vol AH5017 d'Air Algérie a finalement été retrouvé hier (vendredi 25 juillet Ndlr ) peu avant 2h, près de Gossi, au nord-est du Mali. Après l'annonce d'un général burkinabé, un drone français de type Reaper stationné au Niger a permis la découverte des débris " concentrés sur un espace limité ", selon le président français François Hollande. Il n'y a aucun survivant du crash de l'avion de la compagnie espagnole Swiftair affrété par Air Algérie et qui assurait la liaison Ouagadougou-Alger, dont les débris ont été localisés dans la nuit de jeudi à vendredi, indiquent les secouristes. Les recherches de l'appareil et ses occupants, entamées par l'Algérie dès l'annonce de sa disparition dans l'espace aérien malien, ont permis de localiser l'épave à Gossi, à environ 100 km au sud-ouest de Gao, la plus grande ville du nord du Mali et Kidal. L'Algérie, le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ainsi que la France ont participé aux recherches, qui ont permis de localiser les débris de l'épave, complètement désintégrée, sans aucun survivant. L'Algérie a installé immédiatement après l'annonce de la perte de l'appareil, une cellule de crise et de suivi de la situation, notamment des recherches de l'avion et de ses 116 occupants, dont 6 algériens. Air Algérie avait annoncé que 116 personnes, dont 6 Algériens, étaient à bord de l'avion, de type MD-83, qui assurait la liaison Ouagadougou-Alger, dont 6 membres d'équipage. Les autres passagers sont des Français (50), Burkinabés (24), Libanais (8), Espagnols (6), Canadiens (5), Allemands (4), Luxembourgeois (2), Maliens (1), Belges (1), Nigériens (1), Camerounais (1), Egyptiens (1), Ukrainiens (1), Roumains (1), Suisses (1) et 3 nationalités en cours de recherche. Air Algérie avait précisé que cet avion a décollé d'Ouagadougou à 01h17 GMT et devait arriver à Alger à 05h11 GMT (6h11 heure locale). "Un dernier contact radar a eu lieu à 01h55 GMT en survolant la région de Gao" (Mali).
Des images choquantes La télévision française France 2 s'est procurée une vidéo amateur tournée par un soldat burkinabé qui a été parmi les premiers soldats arrivés sur le site du crash. Impressionnantes, ces images montrent comment les débris ont été dispersés sur 500 m. Lorsque l'avion affrété par Air Algérie s'est écrasé sur le sol, il a créé un énorme cratère dans le sable. "Cela témoigne de la violence du choc", commente France 2. "L'appareil a été pulvérisé par le choc", explique encore cette chaîne française. Cette vidéo montre aussi des débris éparpillés et broyés. La zone sablonneuse a été noircie par le crash. Sur cette vidéo, il est pratiquement impossible de repérer les pièces maîtresses de l'avion au milieu des débris. D'après les premières informations recueillies par France 2, "les débris de l'appareil ont d'abord été repérés jeudi soir par un hélicoptère de l'armée du Burkina Faso, qui a tourné ces images. Puis les soldats français sont arrivés sur place dans la matinée de vendredi, pour commencer les premières investigations".
La guerre des chiffres bat son plein Toutefois, les chiffres fournis par la France ne sont pas semblables à ceux de l'Algérie. En effet, le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius a indiqué que " 118 passagers, dont 54 Français, étaient à bord de l'avion ". Pour le ministre, " des experts du Bureau enquêtes et analyses ainsi que des médecins légistes de la gendarmerie s'envolent aujourd'hui même ". Laurent Fabius a révélé que " les débris sont concentrés sur une surface d'environ 300 mètres sur 300 mètres. Ils sont sur une zone de savane et de sable dont l'accès est difficile en période de pluies".
Que va révéler l'enquête ? Le ministre des Transports, Amar Ghoul s'est étalé sur les causes du crash, à cet égard il a déclaré, hier, à l'aéroport d'Alger qu' " aucune hypothèse n'est à exclure. Il y a des pistes plus sérieuses que d'autres, mais seule l'enquête déterminera les causes exactes du crash ". Tout en affirmant que " l'avion était à 900 m d'altitude au moment de sa disparition. Le lieu du crash est distant de plus de 800 km des aéroports d'Ouagadougou et Bamako. L'aéroport de Gao est fermé. " En outre, Amar Ghoul sur l'identité des six Algériens morts dans le crash: " Deux font partie de l'équipage d'Air Algérie. Un commandant de bord et un chef de cabine et les quatre autres Algériens ont des relations de travail au Burkina Faso ". Donnant plus de détails quant aux décès, le ministre a indiqué que " cet avion a déjà fait cinq fois le même vol. Toutes les autorisations ont été fournies et examinées. L'avion a été examiné à Marseille et l'autorisation a été donnée à cette compagnie (Swiftair). Tout a été en règle ". Par ailleurs, Amar Ghoul a fait savoir, à l'égard de la conduite de l'enquête sur le crash de l'avion que " la loi est claire. C'est le Mali qui doit mener comme pilote l'action de contrôle. L'Algérie, la France, le Burkina Faso, l'Espagne, le constructeur sont concernés également. Dans pareils accidents, les choses ne sont pas faciles. La coordination des efforts est très nécessaire ". Ainsi, pour le ministre " la cause officielle de l'accident ne peut être connue qu'à l'issue de l'enquête. Personne ne peut dire la cause exacte. Toutes les données seront remises à la commission de l'enquête. Parmi les causes évoquées, il y a les problèmes de météo. C'est une piste sérieuse et importante. Mais toutes les pistes seront étudiées. Selon les informations, les analyses plaident pour cette piste, mais rien n'est encore officiel ". De son côté, le ministre de la Communication, Hamid Grine, était sur la même longueur d'onde que Amar Ghoul. En effet, celui-ci a affirmé qu'il faut éviter la spéculation, tant que les résultats de l'enquête ne sont pas connus. Le ministre qui s'exprimait, lors de la conférence de presse à l'aéroport d'Alger, a déclaré " il faut attendre les résultats de l'enquête pour connaître les raisons du crash et éviter de spéculer par respect aux familles des victimes ". De plus, le ministre n'a pas manqué de rendre un hommage aux victimes et leur famille.
Bouteflika décrète un deuil national de trois jours Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a décidé d'un deuil national de trois jours à compter de vendredi, à la suite de l'accident de l'avion espagnol affrété par Air Algérie indique un communiqué de la présidence de la République. "A la suite de l'accident subi par le vol d'Air Algérie reliant Ouagadougou à Alger survenu hier jeudi et ayant causé le décès de 116 victimes de plusieurs nationalités, dont des passagers algériens, son excellence M. Abdelaziz Bouteflika, président de la République, a décidé un deuil national de trois jours à partir de vendredi", précise le communiqué.