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Ni ingérence, ni indifférence
Publié dans Le Maghreb le 06 - 08 - 2014

Il y a deux concepts que nous accolons volontiers pour en composer un troisième qui est la puissance régionale. Quelle est la perception générale du concept de " puissance " ? Quelle est la perception générale du concept de " régionale " ? Nous parlons ainsi trop souvent de puissance régionale, mais nous faisons l'économie de sa définition, de l'identification de ses composantes, de l'analyse de la conformité de nos éléments de puissance régionale avec les attributs de puissance régionale tels que ceux là sont définis partout où on identifie une région.
On dit par exemple que l'Algérie est une puissance régionale. D'abord, une puissance dans quelle région ? Quelles sont les limites géographiques d'un espace qui s'appellerait région et qui serait défini de façon à ce que l'Algérie soit une puissance régionale. Faudrait-il que l'Algérie soit une puissance régionale sans donc qu'elle en soit la seule ou bien serait elle "là" puissance régionale?
Supposons qu'on délimite l'espace régional dans lequel l'Algérie soit la seule puissance, soit donc une superpuissance par rapport aux pays qui y sont inclus. Quelles devraient être ses missions régionales en tant que puissance régionale? Une puissance qui se confinerait dans ses frontières serait-elle une puissance régionale ? Puissance régionale quand on avertit notre voisinage que nous rejetons totalement le principe de l'exercice de l'ingérence ?
Comment nous nous défendrons si un pays voisin est totalement déstabilisé par une jonction de forces intérieures et extérieures (pas de forces régulières) soutenues par des pays avec lesquels nous avons de " bonnes " relations ? L'occident (et également Al Qaida) a inventé le concept de l'ennemi lointain loin de ses frontières terrestres et face au rejet mondial de l'ingérence étrangère, a évolué sur le plan du vocabulaire en inventant un autre concept de mots composés : " pas d'ingérence mais pas d'indifférence". Notre ministre des Affaires étrangères fait sien ce concept composé. Alors évolution de notre doctrine ?
Si on considère que le Maghreb est une région, y a-t-il place pour deux puissances régionales dont le différend interdit la construction d'une région soudée et autonome ? Peut-il réellement exister pour une région africaine ou arabe la possibilité d'abord d'évoluer assez pour être solidaire sur les plans de l'économie, de la défense, de la sécurité et ensuite qu'elle soit réellement maîtresse de sa décision ? Possibilité qu'il existe un ensemble régional qui agirait en entité soudée si un pays considère l'autre comme "ennemi stratégique" ?.
Une puissance régionale ou une région élevée au rang de puissance?
Ne serait-il pas mieux pour l'Algérie (et ses voisins) que le Grand Maghreb soit déjà une entité pour renforcer la capacité de celui-ci à négocier sur le plan international au profit de ses Etats membres? Peut-être bien que oui, mais à condition que chacun de ces Etats soit réellement autonome par rapport à des puissances extérieures.


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