L'Algérie suit de très près l'affaire du ressortissant algérien décédé jeudi à l'aéroport Roissy Charles de Gaulles à Paris et a instruit son ambassade et ses consulats de la région parisienne à l'effet de recueillir les informations officielles et précises sur les circonstances de ce décès. Le ressortissant algérien est décédé lors de son acheminement à l'aéroport parisien en vue de l'exécution d'une mesure d'expulsion du territoire français. "Dès l'information du décès d'un ressortissant algérien, le ministère des Affaires étrangères qui suit de très près cette affaire, a immédiatement instruit l'ambassade d'Algérie à Paris, ainsi que les consulats de la région parisienne, à l'effet de recueillir les informations officielles et précises sur les circonstances de ce décès et sur l'identité exacte de ce citoyen, et d'engager, dans le cadre de la mission de protection consulaire, toutes les démarches que requiert ce genre de situation", avait déclaré à l'APS le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif. Il avait souligné que le "strict respect de la dignité des Algériens à l'étranger, le respect des dispositions conventionnelles, notamment en matière de réadmission, figurent parmi les éléments constitutifs de l'action consulaire algérienne". De son côté, le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a affirmé, dans un communiqué, que des enquêteurs de l'IGPN (Inspection générale de la Police nationale) ont été dépêchés dans les locaux de la police aux frontières de l'aéroport Roissy Charles de Gaulles où ils "procèdent à des auditions et investigations sous l'autorité du Parquet". Le ministre français a souhaité que l'enquête judiciaire ouverte "permette de faire toute la lumière sur les circonstances de ce décès dramatique". Il devait prendre l'avion pour l'Algérie alors qu'il s'opposait à son expulsion. Toutes les voies de recours n'avaient pas été épuisées. Après s'être farouchement opposé, le 16 août dernier, à une première tentative d'expulsion, il a été conduit sous escorte policière le 21 août peu avant 19 heures du Centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes vers l'aéroport parisien de Roissy-Charles de Gaulle. Une fois arrivé à Roissy, les policiers qui l'escortaient se sont aperçus qu'il a été pris d'un malaise dans le fourgon. Malgré les premiers secours prodigués, il est décédé des suites d'une crise cardiaque avait-on annoncé. "Le contexte de cette expulsion était extrêmement tendu" avait indiqué son avocat. "Le chef d'escorte que j'ai eu au téléphone jeudi soir n'a rien voulu entendre et voulait, quoi qu'il arrive procéder à l'expulsion. Il a été pris par la force. Il a probablement dû se débattre" avait confié Me Sohil Boudjellal. L'homme serait mort "par asphyxie et régurgitation", et non pas d'une crise cardiaque, a rapporté le journal Le Monde. Le procureur de la République a ouvert une information judiciaire pour "homicide involontaire". Un juge d'instruction a été chargé de l'ensemble des investigations "de nature à établir les circonstances qui ont conduit à ce décès, a priori accidentel", a précisé le parquet. Une autopsie devait être pratiquée vendredi à l'institut médico-légal de Paris. Dès jeudi soir, une enquête avait été confiée à l'inspection générale de la police nationale (la police des polices). "Les missions d'éloignement sont des missions humainement toujours compliquées. Les policiers font très souvent face à des situations particulièrement tendues. Ils doivent gérer la détresse et la colère d'individus qui peuvent se montrer extrêmement violents", a déclaré Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l'Intérieur, cité par le quotidien français.