Le géant pétrolier chinois Sinopec va céder 30% de sa filiale de vente et de marketing pour l'équivalent de 13,4 milliards d'euros, a-t-il annoncé, alors que Pékin affiche sa volonté de réformer les mastodontes du secteur public. Selon l'accord conclu, 25 investisseurs extérieurs, chinois pour la plupart, vont acquérir 29,99% de Sinopec Sales pour 107,09 milliards de yuans, a annoncé le groupe dans un communiqué diffusé dimanche à la Bourse de Hong Kong où il est coté. Sinopec continuera donc de contrôler plus de 70% de cette filiale, qui opère environ 30 000 stations-service et points de distribution de carburant à travers la Chine. Cette vente, qui avait été esquissée en février et doit encore être approuvée par les régulateurs, a été saluée par les médias d'Etat chinois comme la première opération majeure d'ouverture du capital d'un des trois géants énergétiques publics du pays (CNPC, CNOOC et Sinopec). Les autorités communistes s'étaient engagées en novembre 2013 à accorder un rôle décisif au secteur privé dans l'allocation des ressources financières. Elles projetaient notamment d'ouvrir de façon contrôlée l'accès aux mastodontes du secteur public --qui se taillent souvent des monopoles sur des pans entiers d'activités--, tout en les obligeant à opérer dans un environnement plus concurrentiel. La cession (d'une partie) de cette filiale de vente est en accord avec la politique de privatisation et d'introduction d'une dose accrue de capital privé dans l'économie, a indiqué l'analyste indépendant Francis Lun. Selon les médias officiels chinois, onze des investisseurs dans Sinopec Sales sont des firmes privées. La liste diffusée par Sinopec comprend essentiellement des firmes d'investissement et des assureurs chinois, dont le conglomérat Fosun, le géant de l'internet Tencent et l'assureur China Life Insurance. On y note quelque investisseur lié à des groupes étrangers (dont une filiale de la coentreprise entre la banque chinoise ICBC et Credit Suisse), mais pas de compagnie pétrolière, Sinopec ayant voulu éviter tout conflit d'intérêts. Les investisseurs peinent cependant à être convaincus: le titre de Sinopec plongeait de plus de 5% lundi matin à la Bourse de Hong Kong, et perdait plus de 1% au même moment à Shanghai, où il est également coté. Une autre opération pouvait également expliquer cette glissade: dans un communiqué vendredi, la maison mère de Sinopec, China Petrochemical Corp., avait par ailleurs annoncé le rachat pour 6,49 milliards de yuans (815 millions d'euros) d'actifs de sa filiale Sinopec Yizheng Chemical Fibre, un fabricant de fibres synthétiques et très nettement déficitaire.