Le pouvoir est- il épuisé, usé ? En avons-nous vu de ceux qui nous disent qu'ils devraient se retirer car ils ne peuvent plus donner plus que ce qu'ils ont donné, à supposer encore qu'ils aient réellement donné ? Epuisés ? Ses membres ne le reconnaissent pas, sauf pour nous convaincre qu'ils se consacrent à plus que plein- temps à contribuer à sauver l'Algérie. Usés ? Jamais, sauf quand ils sont en retraite, encore que là encore, ils restent prudents dans l'emploi des concepts, car ils espèrent encore être rappelés... Ils seront de toute façon toujours disponibles à répondre présent au devoir. Ils ne sont pas de ceux qui abandonnent le combat. A tout âge, ils sacrifieront leur temps et leur vie de famille. Même au- delà de 80 ans, ils accepteront une ambassade, ou un poste de ministre. C'est qu'ils aiment bien leur pays. C'est qu'ils ont du patriotisme à en revendre. Peut-on être usés quand on est patriote ? Même si de partout sont lancées des offensives contre lui, il demeure imperturbable. La caravane passe. Il n'y a même pas à y répondre. Surtout pas à agir. Quand l'APN demande la constitution d'une commission d'enquête sur la corruption, les populations pensent qu'il lui faudrait d'abord qu'elle nous informe sur les résultats des commissions d'enquête parlementaire passées. Le " rien ne va plus " est prononcé par ceux qui n'avaient pas lésiné sur le soutien apporté à la politique économique dans toutes ses dimensions. Sur tous les sujets, c'est la critique. La corruption, l'économie, l'évaluation du pays sur la scène internationale. Serait- il normal que le chef d'un parti allié prononce la sentence suivante " le président doit sanctionner les corrompus " ? Les attentions populaires se focalisent sur ces critiques et parfois même en ont font les leurs tellement ils n'y sont pas habitués à cause du décès du débat public. Toutes les critiques sont émises en dehors du champ politique, preuve étant que ce n'est pas cet espace que le pouvoir devrait craindre. Ce n'est pas parce que le champ politique est à bout de souffle que vont s'éteindre de telles critiques. Parce que, selon la perception générale, et pas seulement partisane, celui-ci oscille entre l'apparence d'une ouverture et la menace d'une totale fermeture, les frustrations d'une partie de la classe politique et également d'une partie de l'élite intellectuelle se sont assez accumulées pour se libérer à l'occasion de chaque évènement. C'est finalement en dehors du champ que se découvrent et s'échangent des idées, que se radicalisent les positions, que des experts s'expriment par voie de presse en présentant des visions assombries et que des partis politiques sont placés dans une situation où ils découvrent qu'ils ont accumulé trop de déficit et qu'à trop reculer, ils vont finir par sortir des écrans.