Les cours du pétrole coté à New York ont rebondi avant-hier, à l'issue d'une séance très volatile, dans un marché retrouvant de l'appétit après une forte baisse des réserves d'essence aux Etats-Unis, un bon signe pour la demande du premier consommateur mondial de brut. Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en novembre a fini en hausse de 92 cents, à 82,70 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). Il était tombé vers 11H10 GMT sous les 80 dollars le baril pour la première fois depuis fin juin 2012. Au total, sur l'ensemble de la séance, les cours du brut new-yorkais ont évolué dans une fourchette inhabituellement large (de l'ordre de 5,05 dollars) de 79,78 dollars jusqu'à 84,83 dollars en deuxième partie de séance officielle. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre également, dont c'était le dernier jour de cotation, a fini à 84,47 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 69 cents par rapport à la clôture de mercredi. Vers 11H20 GMT, le Brent avait dégringolé jusqu'à 82,60 dollars, un nouveau plus bas depuis le 23 novembre 2010. "Le rebond est intervenu dans la foulée de la publication des chiffres sur les réserves pétrolières" aux Etats-Unis la semaine dernière, a relevé Bob Yawger, de Mizuho Securities. Si les chiffres des stocks de brut ont gonflé bien plus que prévu, de 8,9 millions de barils au cours de la semaine achevée le 10 octobre, selon le département américain de l'Energie (DoE), les stocks d'essence ont de leur côté plongé de 4 millions de barils, là aussi plus qu'attendu. "La forte baisse des réserves d'essence a occulté la hausse des stocks de brut", a noté M. Yawger, selon qui il s'agit "d'un très bon indicateur pour la demande énergétique américaine qui montre que les gens continuent à conduire et à faire confiance à l'économie", a estimé M. Yawger. Les réserves de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont, elles, baissé de 1,5 million de barils, un chiffre proche des attentes des analystes (-1,7 million de barils). "Cela a précipité un retour des acheteurs sur le marché, qui ne voulaient pas se retrouver avec trop de paris à découvert (baissiers) sur le dos", a-t-il expliqué. La chute des prix dans la matinée était intervenue en plein mouvement de panique sur l'ensemble des places financières mondiales face à la dégradation de la conjoncture économique mondiale et ce, malgré de bons chiffres aux Etats-Unis. Les inscriptions hebdomadaires au chômage sont tombées à leur plus bas niveau en 14 ans, a-t-on appris jeudi, et la production industrielle aux Etats-Unis en septembre a rebondi plus fortement que prévu. Les fondamentaux du marché pétrolier restent par ailleurs extrêmement baissiers, avec une offre pléthorique - notamment aux Etats-Unis dans le sillage de l'essor du schiste - face à une demande à la peine. Selon le DoE, les Etats-Unis ont d'ailleurs produit 8,951 millions de barils par jour (mbj) au cours de cette semaine, soit un record depuis juin 1985, lorsque 8,965 mbj avaient été extraits. Ces facteurs pèsent depuis des mois sur les cours du brut, qui ont perdu plus de 20% à New York et à Londres depuis leur dernier pic mi-juin. En Asie, les cours du pétrole ont recommencé à dégringoler dans les échanges matinaux avec en toile de fond l'inquiétude des marchés sur la faiblesse de la croissance mondiale. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en novembre perdait 90 cents, à 80,88 dollars, au plus bas depuis deux ans. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance cédait 43 cents, à 83,35 dollars, un plus bas de quatre ans. En dépit d'un rebond mercredi en Asie, les cours du pétrole sont plombés par une offre pléthorique et des perspectives de demande en berne. Le WTI et le Brent continuent d'ouvrir dans le rouge, a commenté le cabinet Phillip Futures. Avec la tendance baissière actuelle du brut, nous nous attendons à ce que cela continue.