Les Etats-Unis et Cuba sont prêts à rétablir leurs relations diplomatiques, rompues depuis 1961. Les chefs d'Etat Barack Obama et Raul Castro ont échangé pendant 45 minutes au téléphone puis Cuba a libéré Alan Gross, citoyen américain, après quoi les USA ont relâché trois agents cubains. Obama est Castro ont réaffirmé leur intention de normaliser les relations entre les deux pays. Cuba a libéré l'Américain Alan Gross, condamné en 2011 à 15 ans de prison pour avoir fait entrer illégalement sur l'île des équipements satellite. Son arrestation était l'un des principaux obstacles au rétablissement du dialogue entre Cuba et les USA. En signe de stabilisation des relations, les autorités américaines se penchent sur la possibilité d'ouvrir une représentation diplomatique à La Havane. Les investissements et les échanges commerciaux devraient augmenter et les restrictions de voyage pour les citoyens seront levées. Le gouvernement américain est même prêt à annuler les sanctions financières contre Cuba, en particulier débloquer les comptes des Cubains dans le pays. Barack Obama a appelé le Congrès à lever l'embargo contre Cuba et à revoir le statut actuel du pays comme "sponsor du terrorisme". Raul Castro a salué le retour des trois agents cubains purgeant une peine aux USA pour espionnage. Il a confirmé que les relations diplomatiques étaient rétablies avec les Etats-Unis, tout en soulignant que le principal problème - l'embargo - n'était toujours pas réglé. Le pape François Ier, qui avait écrit ces derniers mois aux dirigeants américains et cubains pour les inviter à solder ce conflit, a salué le rétablissement des relations diplomatiques. Le président de la commission des affaires étrangères à la Douma (chambre basse du parlement russe) Alexeï Pouchkov pense qu'"en décidant de rétablir des relations avec La Havane, Obama reconnait que la politique d'hostilité envers l'île a complètement échoué. Cela a pris 54 ans aux USA". Les relations diplomatiques entre les USA et Cuba avaient été rompues le 2 janvier 1961 après l'arrivée au pouvoir de Fidel Castro, frère aîné de Raul.
Rapprochement salué en Amérique latine Les dirigeants d'Amérique latine ont salué l'annonce d'un rétablissement des relations diplomatiques entre les Etats-Unis et Cuba. A leurs yeux, cette initiative et l'échange de prisonniers qui l'accompagne vont permettre d'apaiser la bataille idéologique divisant le continent américain depuis des décennies. Adversaire numéro un des Etats-Unis en Amérique du Sud, le gouvernement socialiste du Venezuela a félicité le président américain. "Il faut saluer le geste du président Barack Obama. Il s'agit peut-être de l'initiative la plus importante de sa présidence", a dit le président vénézuélien Nicolas Maduro. Le gouvernement vénézuélien est un des principaux soutiens de Cuba. Il le fournit abondamment en pétrole bon marché. La politique des Etats-Unis à l'égard de Cuba a contribué à ternir leur réputation en Amérique latine. Notamment avec l'arrivée au pouvoir ces dernières années de dirigeants de gauche éprouvant une admiration à l'égard du chef de la révolution cubaine, Fidel Castro. Deux de ces dirigeants, les présidentes brésilienne Dilma Rousseff et argentine Cristina Fernandez, ont déclaré que leur génération de "combattants de la justice sociale" pensait ne jamais assister à un rétablissement des relations entre Cuba et les Etats-Unis. "Je crois que c'est un moment qui marque un changement dans la civilisation, qui montre qu'il est possible de rétablir des relations interrompues depuis de nombreuses années", a déclaré Dilma Rousseff lors du sommet du Mercosur organisé à Parana, en Argentine. Secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA), forum régional où le siège attribué à Cuba est inoccupé depuis 1962, José Miguel Insulza a salué une "annonce historique" dont il espère qu'elle apaisera les relations sur le continent. "Cela met fin à la tentative d'isoler Cuba depuis si longtemps. Cuba est engagé dans un processus de réformes économiques qui, je l'espère, conduira à des réformes politiques", a-t-il dit à la chaîne de télévision chilienne TVN. José Miguel Insulza a aussi exhorté le Congrès américain à lever l'embargo économique sur Cuba. Le Chili a également demandé aux Etats-Unis d'aller plus loin que la restauration de leurs relations diplomatiques avec Cuba. "Nous espérons voir davantage que les initiatives annoncées aujourd'hui, que le blocus contre Cuba soit définitivement levé et que les relations soient normalisées pour le bien de l'ensemble de la région", a dit le ministre chilien des Affaires étrangères, Heraldo Munoz.