Les prix du pétrole ont fini en forte hausse lundi à New York, dans un marché misant sur une baisse de production de pétrole aux Etats-Unis notamment et sur de bonnes perspectives de demande dans le pays. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mars a grimpé de 1,17 dollar, à 52,86 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance, a terminé à 58,34 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 54 cents. On ressent l'effet du déclin d'activité de puits de forage aux Etats-Unis, qui va finir par se refléter dans les chiffres de production, a expliqué Carl Larry, analyste de Frost & Sullivan. Selon des chiffres du spécialiste du forage américain Baker Hughes publiés vendredi, le nombre de puits de forage pétrolier en activité a décliné de quelque 83 unités au cours de la semaine achevée vendredi. Quelque 199 plateformes ont en outre cessé leur activité en janvier, selon la même source. Le recul de l'offre ne pourrait se faire ressentir que dans plusieurs mois, mais c'est d'ores et déjà une opportunité pour les investisseurs optimistes de se positionner en hausse sur le marché, a commenté Matt Smith, de Schneider Electric. Cela correspond à une baisse de quelque 29% depuis le pic d'octobre dernier, a ajouté M. Smith.
Prévisions de l'Opep Cette baisse d'activité était l'un des facteurs cités par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour justifier la baisse de ses estimations d'offre des pays hors-Opep pour 2015. en effet, l'Organisation entrevoit un léger rééquilibrage du marché pétrolier cette année du fait de la baisse des prix, mais la production de brut reste structurellement excédentaire, selon un rapport mensuel publié lundi à Vienne. Le cartel de douze pays relève que l'impact de la chute des prix commence à se faire sentir hors de l'organisation: la production des pays n'appartenant pas à l'Opep ne devrait progresser que de 0,42 million de barils par jour (mbj) cette année, contre 0,85 mbj prévu précédemment. L'Opep souligne une baisse notable du nombre de forages en activité "dans les régions où le seuil de rentabilité est beaucoup plus élevé que les prix actuels du pétrole", principalement en Amérique du Nord. Autre facteur de rééquilibrage, selon l'Opep : la hausse de la demande mondiale de brut devrait très légèrement s'accroître cette année, à 1,17 mbj, contre 1,15 mbj précédemment. Mais le marché reste structurellement excédentaire, avec un surplus de production quotidien de l'ordre de 1 million de barils, relève le rapport. La demande adressée à l'Opep, qui pompe environ un tiers du brut mondial, doit désormais atteindre 29,2 mbj en 2015, contre 28,8 mbj dans la précédente estimation. Mais ce chiffre reste largement inférieur à la production effective du cartel, qui s'est établie à 30,15 mbj en janvier, après 30,2 mbj en décembre. L'Opep a décidé en novembre de maintenir son plafond de production à 30 millions de barils par jour. L'Arabie saoudite, notamment, refuse que le cartel joue les variables d'ajustement sur le marché mondial, une politique réaffirmée fin janvier par son nouveau roi, Salmane. Dans son rapport, l'Opep n'exclut cependant pas un sursaut des débouchés cette année, "les prix bas étant susceptibles d'accélérer le rythme de la hausse de la demande". La production des pays de ces pays ne devrait progresser que de 0,42 million de barils par jour (mbj) cette année, contre 0,85 mbj prévu précédemment. Et la plus grosse révision en baisse, de 0,13 mbj, concerne les Etats-Unis, a souligné Matt Smith. Comme l'explique l'Opep, principalement en Amérique du Nord, le seuil de rentabilité est beaucoup plus élevé que les prix actuels du pétrole et incite à restreindre les investissements. Les stocks de brut américains se situent actuellement à des records historiques et la production évolue à des seuils quasi record. Parallèlement, la multiplication des signes de vigueur de l'économie américaine, dont les chiffres de l'emploi vendredi laisse présager une demande vigoureuse dans le futur, a estimé Carl Larry. Les Etats-Unis sont le premier consommateur de brut de la planète. Non seulement le nombre de créations d'emplois s'est montré supérieur aux attentes en janvier, avec quelque 257 000 embauches, mais de surcroît le salaire horaire, longtemps à la peine, a progressé de 0,5% sur un mois. Qu'on ait des revenus élevés ou moins importants, tout le monde se met à conduire, un bon signe pour la demande en essence et en diesel, selon l'analyste. Autre facteur de hausse pour les cours, le dollar perdait un peu de terrain lundi, fragilisé par quelques prises de bénéfices. En effet, moins le billet vert est élevé, plus les prix du brut et autres matières premières deviennent attractifs pour les investisseurs munis d'autres monnaies.