Après des mois de baisse continue et une période de stabilisation, les prix du pétrole ont, depuis une semaine, amorcé timidement une courbe haussière. Les cours du baril ont continué de progresser, hier, en Asie, sous l'effet conjugué d'un ralentissement de la production américaine de brut et de chiffres positifs pour l'emploi aux Etats-Unis. Le baril de «Light sweet crude» (WTI) pour livraison en mars s'appréciait de 65 cents à 52,34 dollars, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison à même échéance prenait 35 cents, à 58,15 dollars. Les cours bénéficient «d'effets d'offre» liés à la baisse du nombre de puits de forage pétrolier en activité aux Etats-Unis alors que les stocks de brut américains sont à leur maximum atteignant des niveaux historiques en un peu plus de 30 ans et la production ne cesse d'augmenter, relève Nicholas Teo, analyste chez CMC Markets. Le nombre de puits de forage américains a décliné de quelque 83 unités la semaine dernière après 94 la semaine précédente, selon des chiffres du spécialiste du forage américain Baker Hughes. Quelque 199 plateformes ont déjà cessé leur activité en janvier. Cette réduction du nombre de plateformes était interprétée comme le signe encourageant d'un rééquilibrage futur de l'offre en réaction à la chute des cours du pétrole. Autre facteur : des désinvestissements massifs dans le domaine des gaz et pétroles de schiste aux Etats-Unis. Certaines sociétés de ce secteur sont d'ailleurs dans un état de grande fragilité financière, cherchant même des sources de financement un peu partout pour rebondir. Rebond qui est très hypothétique, la majeure partie d'entre elles ayant été dégradées par les grandes agences de notation. Les grands pétroliers américains, européens et asiatiques ont annoncé des réductions très substantielles de leurs dépenses d'investissement, notamment dans les activités d'exploration et d'extraction. Des opérations vont être arrêtées sur des zones entières, prometteuses ou déjà bien exploitée, arctique, sables bitumineux d'Alberta, Mer du Nord entre autres. Les prix du pétrole ont également été portés par de bons chiffres sur l'emploi américain. L'économie américaine a créé plus d'emplois que prévu en janvier. Les chiffres des deux mois précédents ont été en outre considérablement revus à la hausse. «L'économie américaine semble chanter une mélodie différente de la symphonie déflationniste que l'on entend dans la plupart des autres grandes économies depuis quelques semaines», a estimé Nicholas Teo. Le baril de WTI avait avancé de 1,21 dollar vendredi, à 51,69 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), s'appréciant de plus de 7% sur la semaine. A Londres, le Brent avait fini à 57,80 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 1,23 dollar, gagnant 9% sur la même période. La même progression des cours du baril, pour les mêmes causes, est enregistrée au cours d'échanges européens. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars valait 57,99 dollars sur l'ICE, en hausse de 19 cents par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques sur le Nymex, le baril de WTI gagnait 69 cents à 52,38 dollars. Les cours du pétrole se stabilisaient, les tendances baissières et haussières étant arrivées à s'équilibrer hier, selon des analystes. Mais le ralentissement de la demande chinoise pourrait tirer de nouveau les cours vers le bas. Toutefois, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) affiche un certain optimisme. Selon son rapport mensuel publié, hier à Vienne, le cartel entrevoit un léger rééquilibrage du marché pétrolier en 2015, du fait de la baisse des prix, mais la production de brut reste structurellement excédentaire. Toutefois, une interrogation taraude économistes et analystes du marché pétrolier. Pendant les mois de dégringolade continue qui ont précédé, les analystes étaient formels : le marché est en mesure de résister à tout, et ce n'était pas tant l'orientation à la baisse du mouvement qui les inquiétait, mais sa violence sur une si courte période de temps. En revanche, le fait que le même phénomène reparte en sens inverse n'inquiète plus personne. Mais est-ce pour autant une bonne nouvelle ? La question divise les observateurs qui sont partagés sur la tendance à venir, certains estimant que le rebond est un «rebond du chat mort», et que les cours vont repartir vers leurs plus bas. Ces projections sont susceptibles d'alimenter encore une forte volatilité autour d'un actif essentiel autant pour les marchés que pour l'équilibre de l'économie mondiale. R. C./Agences