Autant que la sécurité alimentaire, la sécurité hydrique revêt une problématique primordiale et névralgique pour l'Algérie, en ce début du 21ème siècle. Alors que plusieurs parties du monde se débattent dans un stress hydrique et le risque de guerre de l'eau qui plane sur d'autres pays, à l'instar du conflit qui oppose l'Egypte au Soudan et l'Ethiopie sur le partage des eaux du Nil, l'Algérie est confrontée à d'épineux problèmes au niveau de la gestion et la rationalisation des ressources mobilisables. Même si l'alimentation en eau potable s'est nettement améliorée cet été, le nombre de foyers algériens n'en disposant pas 24h/24 reste très élevé. Dans le but d'y remédier à la situation, un plan d'action destiné à résorber le déficit en eau potable dans les zones rurales et éparses devrait être mis en place cette année pour alimenter les populations en eau potable en quantité et en qualité. C'est du moins ce qu'a annoncé avant-hier le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, lors d'une journée sur le service public de l'eau. "Le ministère des Ressources en eau et celui de l'Intérieur et des Collectivités locales ont convenu de fédérer leurs moyens et d'arrêter un plan d'action afin de résorber le déficit en eau au niveau des communes gérées par les régies communales, des centres ruraux et des zones éparses", a indiqué le ministre. Un programme complémentaire d'envergure dédié exclusivement à l'eau et à l'assainissement de ces zones sera financé par différentes sources et devra améliorer de manière "significative" les conditions de vie des populations, a affirmé M. Necib. "Si la quasi-totalité des zones urbaines sont actuellement raccordées aux réseaux publics d'alimentation en eau potable (AEP), il reste encore une attention particulière pour la prise en charge effective des zones rurales et éparses pour permettre à ses populations de s'alimenter d'une eau potable en quantité et en qualité, ce qui reste un droit fondamental", a-t-il dit. Les zones éparses à l'échelle nationale totalisent plus de 1.400 mechtas, douars et ksour dont 70% sont raccordés au réseau AEP. Le reste de ces zones, qui comptent 2,5 millions d'habitants, sont alimentées par le biais de fontaines et de sources, selon les chiffres communiqué par le ministre. Le taux de raccordement en eau potable au niveau national est de 98% avec une dotation journalière de 123 litres par jour et par habitant (l/j/h). A fin 2014, près de 38% de la population raccordés au réseau AEP est alimentée en H24 alors que 37% sont alimentés 10 heures par jour. Le reste de la population est desservie un jour sur deux et plus. Ces fréquences, poursuit M. Necib, "seront certainement améliorées avec la prise en charge graduelle, par les services de l'Algérienne des eaux (ADE), de la gestion de la distribution de l'eau dans 661 communes, une tâche assurée actuellement par les régies communales. L'intégration à l'ADE de ces communes, situées en majorité en zones rurales et éparses, sera opérée durant ce quinquennal, selon la même source. Concernant les créances de l'ADE qui sont de l'ordre de plus de 52 milliards de DA, il a rappelé qu'une compagne de sensibilisation était en cours pour les recouvrer notant que ces créances sont détenues notamment par les ménages. Il a exhorté, à cette occasion, les responsables de ces établissements à fournir plus d'efforts afin de recouvrer un maximum de créances. "Il est temps de compter sur vos propres moyens et ne plus compter sur les subventions de l'Etat qui ne viennent qu'en appoint", a-t-il dit. Par ailleurs, M. Necib a affirmé que son secteur a pris toutes les dispositions nécessaires afin de sécuriser l'alimentation en eau potable après un hiver généreux en précipitations surtout durant le mois de février dernier. Selon lui, le taux de remplissage des barrages au niveau national a atteint, à fin février, 88% (contre 74% à la même période de 2014) avec un volume évalué à plus de 6 milliards de m3 d'eaux emmagasinées. Pour résoudre les problèmes rencontrés durant les saisons estivales précédentes surtout en termes d'AEP, le ministère a mis en place un dispositif impliquant les administrations centrale et locale. Il s'agit du renforcement des moyens matériels des unités ADE, la formation du personnel, l'instauration d'un système de communication envers le public et la clientèle, le renforcement des stations de déminéralisation pour l'amélioration de la qualité de l'eau dans le sud. Le renforcement des laboratoires de contrôle de la qualité et la sensibilisation des citoyens sur l'économie d'eau figurent aussi parmi les actions envisagées. Par ailleurs, pour ce qui est du programme national d'extension du réseau des barrages, la problématique de l'envasement demeure entière et ce n'est que maintenant que le ministère de tutelle s'apprête à lancer des opérations de nettoyage, notamment pour les barrages anciens qui ont perdu plus 50% de leurs capacités théoriques. Lesquelles opérations ne semblent pas une panacée pour le secteur, étant donné que le problème de l'envasement des barrages nécessite une prise en charge en amont telle que le suggèrent les spécialistes du secteur. En d'autres termes, c'est l'atténuation de l'érosion des bassins versants et la lutte contre la propagation des déchets qui s'imposent. Or, à ce niveau, aucune stratégie n'a été mise en œuvre jusque-là.