La situation au Yémen devient de plus en plus inquiétante. Les autorités dans le Sud ont fermé l'aéroport international et le port d'Aden pour afficher la désapprobation du «coup de force» des Houthis qui contrôlent toujours le palais présidentiel dans la capitale Sanaa. Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné, mardi, les attaques des Houthis contre le palais et la résidence du président Abdrabbou Mansour Hadi, considéré comme le président légitime du Yémen. Les Etats voisins du Golfe sont également dans l'expectative. Le coup d'Etat semble dans l'air. A Sanaa, un calme précaire règne, les Houthis sont déployés en nombre dans différents secteurs de la ville. Abdel Malek al-Houthi leur dirigeant a fustigé, dans un discours télévisé les autorités. «Personne, qu'il soit président ou non, ne sera au-dessus de nos mesures s'il fomente un complot contre le pays !», a-t-il averti. La situation allant dans le sens de la complication. Le Premier ministre Khaled Bahah était toujours encerclé dans sa résidence au centre de Sanaa. Les Houthis ont pris d'importantes quantités d'armes et d'autres équipements militaires retrouvés entreposés dans l'immense complexe du palais présidentiel. Ils ont réussi à pénétrer dans ce complexe après deux jours de combats avec la garde présidentielle. Des combats qui ont fait au moins 18 morts et qui risquent de se répéter avec une plus grande envergure dans les prochaines heures. Des responsables militaires favorables au chef de l'Etat accusent des fidèles de l'ancien président Ali Abdallah Saleh de soutenir en sous-main les Houthis depuis leur entrée dans la capitale le 21 septembre. Exigeant une plus grande part du pouvoir et un nouveau projet de Constitution, Abdel Malek al-Houthi a accusé le président en exercice de fermer les yeux sur la corruption qui gangrène le sommet de l'Etat. Cependant il a rendu hommage à «la grande armée yéménite... consciente de sa responsabilité pour protéger le pays». Les Houthis qui sont au cœur de cette crise yéménite se sont renforcés en combattant les forces de l'ex-président Ali Abdallah Saleh durant des années dans leur fief de Saada, dans le Nord, avant de déferler sur la capitale Sanaa dont ils ont pris le contrôle en septembre 2014. Les Houthis, regroupés au sein d'un mouvement nommé «Ansaruallah», se veulent les héritiers des imams zaydites appartenant à une branche du chiisme. Dans le sillage du «Printemps arabe» en 2011, ils se positionnent contre le régime Saleh poussé au départ par la fronde populaire. Profitant alors de l'affaiblissement du pouvoir central hérité en février 2012 par le président Hadi, les Houthis passent à l'action. Ils s'imposent d'abord dans le Nord, principalement dans la province de Saada, où ils combattent en 2013 des salafistes sunnites. La montée en puissance de cette milice d'obédience chiite a donné lieu à des accusations de soutien venant de l'Iran. En 2014, les Houthis se distinguent en attaquant des fiefs de la puissante tribu des Al-Ahmar dans la province d'Amrane au nord de Sanaa. Les miliciens houthis s'emparent également de sites militaires et stratégiques et, malgré un accord sous l'égide de l'ONU, prennent la capitale propulsant le pays dans une situation angoissante. Le bras de fer au Yémen risque de faire basculer le pays dans le chaos. M. B./Agence