Le quota de l'Algérie relatif à la pêche du thon rouge en Méditerranée sera augmenté progressivement de 243 tonnes actuellement à 543 tonnes d'ici 2017. Et il est grand temps de préserver ce quota, en pêchant la totalité du thon. Pour ce faire, treize (13) armateurs ont manifesté leur intérêt de participer à la campagne 2015 de pêche au thon rouge dont le quota attribué à l'Algérie a été augmenté par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta), a indiqué un responsable auprès du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. Ces armateurs s'étaient réunis récemment avec ce département ministériel "pour leur expliquer l'enjeu, l'importance et la sensibilité de cette pêche internationale, d'autant que le quota de l'Algérie a été augmenté pour cette année", explique le chef de cabinet du ministère, Kamel Neghli. Le quota de l'Algérie de thon rouge, dont la pêche est réservée exclusivement aux armateurs nationaux depuis 2010, avait été relevé à 370 tonnes (t) pour la campagne de pêche de 2015 lors de la dernière réunion extraordinaire de la Cicta, tenue en novembre dernier à Gênes (Italie). La quote-part revenant à l'Algérie sera augmentée graduellement pour atteindre un volume de pêche de thon rouge de 370 t en 2015, de 460 t en 2016 et de 543 t en 2017, contre 243 t en 2014. "Il est très important de capturer la totalité de ce quota pour prouver à la Cicta les capacités de pêche de l'Algérie et renforcer, ainsi, les arguments de l'Algérie pour la préservation de ses quotas (fixés par la Cicta), et, partant, restituer la totalité de notre quota historique ", insiste M. Neghli. Précisant que le ministère de la Pêche "a pris des mesures strictes qui doivent être appliquées à la lettre", le même responsable note qu'il a été demandé aux 13 thoniers de mobiliser les membres de leur équipage pour effectuer, en avril prochain, une formation dans les techniques de pêche de ce thonidé qui sera assuré par ce département ministériel. De surcroît, l'Algérie doit répartir son quota entre les armateurs selon les règles de la Cicta, c'est-à dire en fonction de la dimension du navire. "Avant que notre quota ne soit augmenté, l'Algérie dérogeait à cette règle du fait que les quantités (de pêche) permises étaient réduites" par l'ancienne quote-part, relève le même responsable. Afin de maximiser les chances de capture, les pouvoirs publics encouragent les armateurs à se constituer en groupes de pêche.
Processus rigoureux de sélection des armateurs Le processus de participation des armateurs à cette campagne de pêche prévue pour mai prochain sera "très sélectif" étant donné "la délicatesse de l'opération du fait de son caractère international" et l'enjeu qu'elle représente pour l'Algérie qui est toujours en quête de rétablir son quota initial qui était de 5% du Total des captures admissibles (TAC) en Méditerranée et en Atlantique Est. Il s'agit, entre autres, de veiller à ce que les caractéristiques techniques prescrites par la réglementation en vigueur soient "scrupuleusement" respectées pour garantir l'opérationnalité des navires. Par ailleurs, M. Neghli fait savoir qu'un arrêté ministériel régissant l'exploitation du thon rouge va être promulgué afin d'y inclure les améliorations enregistrées dans cette activité. Mais l'objectif du secteur est de rehausser cette activité à un niveau plus sécurisant à travers un décret exécutif. L'augmentation de la quote-part algérienne de pêche de ce thonidé a été attribuée dans le cadre du nouveau Total mondial des captures admissible (TAC) qui a été relevé, en novembre dernier, de 20% par an pendant trois ans dans l'Atlantique Est et en Méditerranée pour les pays membres. Fixée à 13.500 t pour 2014, l'autorisation de la Cicta passera à 16.142 t en 2015 et 19.296 t en 2016 pour ces pays. Le quota pour 2017, établi pour l'instant à 23.155 t pour les pays membres, sera réexaminé sur la base d'une réévaluation du stock prévue en 2016. Dans son action de "forcing" qu'elle avait menée, en novembre dernier, au niveau de cette organisation intergouvernementale pour récupérer son quota d'avant 2010 qui était de 680 t, l'Algérie a eu un traitement spécial et plus favorable lors de cette réunion extraordinaire, rappelle-t-on. Ainsi, outre l'augmentation du quota annuel, la Cicta a également maintenu le droit de l'Algérie de recouvrer, à l'avenir, son quota initial d'avant 2010 qui était de 5% du TAC. L'autre acquis de l'Algérie est d'avoir passé avec succès l'examen annuel de conformité avec les règles du Comité d'application des mesures de conservation et de gestion de la Cicta (COC). Les travaux de cette réunion de la Cicta avaient été difficiles en raison notamment de la question épineuse du futur plan de rétablissement des stocks du thon rouge de l'Atlantique Est. Pris entre les enjeux économiques et la préservation de l'environnement, les 49 membres de la Cicta (47 pays et l'Union européenne) avaient, alors, mené des négociations particulièrement "serrées" du fait de la pression exercée par l'étude du Comité scientifique de cette organisation qui avait annoncé la reconstitution du plus gros stock de thon rouge au monde se situant dans la Méditerranée et l'Atlantique Est. Selon cette étude, le stock de reproducteurs était estimé à 585.000 t en 2013 contre 150.000 t en 2008. Sans préciser si ce stock est reconstitué ou en passe de l'être, les scientifiques de ce comité ont souligné qu'une hausse "progressive et modérée" du quota ne devrait pas remettre en cause le programme de reconstitution prévu sur 15 ans. Victime de la surpêche dans les années 1990-2000, le "thunnus thynnus" a été sauvé par l'établissement, en 2007, d'un quota et de mesures de régulation draconiennes (réduction des flottilles, contrôles...). A rappeler que le ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques avait décidé, en 2010, d'exclure les exploitants étrangers de participer aux campagnes de la pêche de thon rouge dans les eaux sous juridiction algérienne en réservant cette activité exclusivement aux thoniers algériens.