Les cours du pétrole poursuivaient leur baisse mercredi en Asie, les marchés s'inquiétant de la santé de l'économie chinoise après les dévaluations de facto du yuan et d'une surabondance de l'offre. Le cours du baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en septembre cédait cinq cents, à 43,03 dollars. Le baril de Brent, la référence européenne du brut, pour livraison à la même échéance, perdait 35 cents, à 48,83 dollars. Le yuan chinois continue de s'affaiblir, ce qui pourrait laisser entrevoir un nouvel affaiblissement des cours de brut, a dit Daniel Ang, analyste chez Phillip Futures à Singapour. La Chine a abaissé de nouveau fortement mercredi pour le second jour consécutif le taux de référence du yuan face au dollar, accentuant la dévaluation de facto de la monnaie chinoise et semant le trouble sur les marchés des changes. Pour les investisseurs, cette décision chinoise traduit les préoccupations de Pékin pour la croissance alors que la Chine est le premier consommateur d'énergie et la deuxième économie mondiale. Son commerce extérieur est en difficulté, ainsi que l'ont montré les derniers chiffres. La décision de Pékin a eu aussi pour conséquence de renforcer le dollar face aux devises asiatiques. Or, toute hausse du billet vert renchérit d'autant le coût de l'or noir qui est libellé dans cette devise pour les acheteurs munis d'autres monnaies. Parallèlement, a souligné Daniel Ang, les fondamentaux - une offre pléthorique face à une demande languissante - n'ont pas bougé. Les Etats-Unis produisent une grande quantité d'or noir tandis que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) continue à dépasser son plafond théorique d'offre de 30 millions de barils par jour (bpj). De plus, les investisseurs s'inquiètent du risque d'afflux d'or noir iranien à la suite de l'accord nucléaire conclu à la mi-juillet avec les grandes puissances en échange d'une levée des sanctions économiques imposées à Téhéran. Mardi, le cours du WTI a terminé à New York à son plus bas niveau de clôture depuis près de six ans et demi, à 43,08 dollars. En Europe, le cours du baril de Brent a, lui, baissé de 1,23 dollar à 49,18 dollars. Par ailleurs, la croissance de la demande de pétrole se poursuivra en 2015, à son plus haut rythme depuis cinq ans, soutenue par la baisse des prix et la reprise économique mondiale, a estimé mercredi l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans son rapport mensuel. L'agence prévoit qu'en 2015 la demande mondiale augmentera de 1,6 million de barils par jour (mbj) portée par une "croissance économique qui se consolide" et une baisse des prix conduisant "les consommateurs à utiliser plus d'essence". Il s'agit de "la plus forte envolée de croissance en cinq ans", souligne l'AIE qui a revu à la hausse de 260.000 baril/jour sa prévision pour 2015 et table par ricochet sur une demande en progression de 1,4 mbj en 2016, soit une augmentation de 410.000 barils/jour par rapport à son estimation précédente. Sous l'effet d'un "surplus de l'offre" de pétrole, en particulier en provenance des pays de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep), et du dollar fort, les prix de référence du baril ont perdu 10 dollars en un mois. Le baril de Brent de la mer du Nord s'échange ainsi actuellement autour de 49 dollars, contre 59 le mois dernier, et celui du "light sweet crude" (WTI) à New York, à environ 43 dollars (contre 53 à la mi-juillet). Néanmoins un processus de "rééquilibrage" entre offre et demande "a clairement commencé", selon l'AIE, même s'il est "susceptible de se prolonger compte tenu d'une offre excédentaire qui devrait perdurer tout au long de 2016" et conduire à une accumulation des stocks de pétrole.