Les principales Bourses européennes étaient toujours lourdement chahutées lundi à la mi-séance, plombées par la dégringolade des marchés asiatiques, les investisseurs s'inquiétant des conséquences du ralentissement chinois sur la croissance mondiale. Dans la matinée d'hier, la Bourse de Paris perdait 2,90%, Francfort 2,72%, Londres 2,54%, Madrid 2,52% et Milan 2,72%. L'indice Eurostoxx 50, qui regroupe les grandes entreprises de la zone euro, lâchait 2,59%. Dans la foulée, sur le marché de la dette, les taux d'emprunt des pays du sud de la zone euro se tendaient, tandis que celui de l'Allemagne, dont les obligations font office de valeur refuge, se stabilisait. Les marchés européens plongeaient à nouveau, après avoir déjà été déstabilisés depuis une dizaine de jours par la mauvaise passe de la place boursière chinoise. La Bourse de Shanghai a d'ailleurs terminé lundi sur un plongeon de presque 8,5%, sa plus forte baisse journalière depuis huit ans. L'ouverture de Wall Street, qui a connu une séance très difficile vendredi, va désormais être suivie de près. Cette débâcle des marchés boursiers se double d'une chute du prix du pétrole, le brut américain repassant sous la barre des 40 dollars. Les investisseurs s'inquiètent de la fragilité de l'économie chinoise et de son impact sur la croissance mondiale, alors que les mesures prises par les autorités du pays ne rassurent pas. Pékin a notamment annoncé dimanche que le gigantesque fonds de pension chinois allait être autorisé à investir une partie de ses colossaux actifs dans les Bourses locales. L'absence d'annonces de mesures par les autorités chinoises afin de stabiliser l'économie a mis le feu aux poudres, avec à la clé un effondrement des indices boursiers partout en Asie, qui contamine l'Europe ce matin, résument les stratégistes chez Crédit Mutuel-CIC. Les investisseurs espéraient une intervention massive de la banque centrale chinoise alors que la Chine pourrait être contrainte de dévaluer encore le yuan, remarque le courtier Aurel BGC. Les doutes sur l'économie mondiale interviennent au moment où la croissance reste poussive en zone euro, comme en témoignent les chiffres pour le deuxième trimestre publiés récemment. Les investisseurs sont également dans le flou concernant la politique monétaire de la banque centrale américaine, qui a jusqu'à présent été un facteur de soutien très important au marché. La Réserve fédérale américaine (Fed) entend remonter ses taux d'ici la fin de l'année mais cette initiative devrait être contrariée par la Chine et la faiblesse de l'inflation. En d'autres termes, après tant d'argent mis sur la table par les banques centrales, tant d'argent public dépensé par les Etats, et après avoir endetté les ménages des pays émergents, doit-on craindre une rechute non maîtrisée de l'économie mondiale ?, s'interroge Crédit Mutuel-CIC. Les stratégistes ne privilégient toutefois pas ce scénario grâce à l'autonomie de la croissance aux Etats-Unis et aux marges de manoeuvre qui subsistent en Chine pour stabiliser l'économie.
Shanghai clôture sur un plongeon de 8,5% La Bourse de Shanghai a terminé lundi sur un plongeon de presque 8,5%, sa plus forte baisse journalière depuis huit ans, dans un marché toujours affolé par la morosité de l'économie chinoise, et en dépit des efforts des autorités pour rassurer les investisseurs. L'indice composite shanghaïen a clôturé en baisse de 8,49%, ou 297,83 points, à 3.209,91 points, dans un volume d'échanges de 359 milliards de yuans (49,2 milliards d'euros). Il a lâché jusqu'à 9% en cours de séance. Il s'agit de sa plus forte baisse journalière depuis février 2007. La Bourse de Shenzhen a elle terminé sur une chute de 7,70% à 1.882,46 points. La place shanghaïenne s'était déjà effondrée de 11,5% la semaine dernière, minée par un regain d'inquiétude sur l'essoufflement persistant de l'économie chinoise. Un indice manufacturier de référence publié vendredi est tombé à son plus bas niveau depuis six ans, signalant une violente contraction de l'activité manufacturière en août. Par ailleurs, après les interventions massives du gouvernement depuis fin juin pour stabiliser les Bourses locales, beaucoup d'investisseurs redoutent désormais un retrait prématuré des mesures de soutien. Soucieux de rassurer, Pékin a annoncé dimanche que le gigantesque fonds de pension national allait être autorisé à investir jusqu'à 30% de ses actifs nets en actions. Mais la mesure n'a pas convaincu les investisseurs --pour l'écrasante majorité des particuliers et petits porteurs. "C'est une avancée positive", mais en l'absence de nouvel assouplissement de politique monétaire par la banque centrale ou d'"autres mesures de grande ampleur", "les investisseurs ont apparemment été déçus", commentait Gerry Alfonso, analyste du courtier Shenwan Hongyuan cité par Bloomberg. Mais la défiance est telle que même avec des annonces de plus gros calibre, "on peut se demander si le marché aurait vraiment rebondi", ajoutait-il. "Les interventions du fonds de pension ne vont pas se réaliser avant longtemps, et les valorisations sont encore trop élevées", soulignait de son côté Qian Qimin, expert de la même maison de courtage. De fait, les craintes de "bulle" persistent: avant de s'effondrer mi-juin, la Bourse de Shanghai s'était envolée de 150% en l'espace d'un an, dopée par l'endettement et de façon totalement déconnectée de l'économie réelle. Dans ce contexte, les efforts répétés du gouvernement semblent n'avoir plus aucun effet. "C'est un véritable désastre, et rien ne semble pouvoir l'arrêter", se désolait Chen Gang, responsable du fonds Heqitongyi Asset Management, cité par Bloomberg News. Les Bourses asiatiques, de Tokyo à Hong Kong, ont dévissé de concert lundi, plombées par les inquiétudes sur la conjoncture mondiale et sur la Chine en particulier. Les grandes sociétés financières ont été les grandes perdantes de la séance, plus de 800 actions ayant atteint leur limite maximum de baisse quotidienne autorisée de 10%, selon l'agence Bloomberg News. C'est notamment le cas de China Merchant Securities, qui a perdu 10% à 16,04 yuans et de Citic Securities à 16,38 yuans. Les deux géants pétroliers ont également souffert de la chute des cours mondiaux du pétrole qui sont passés sous la barre des 40 dollars le baril en Asie. PetroChina a cédé 4,90% à 9,51 yuans tandis que Sinopec a terminé sur une chute de 8,94% à 4,99 yuans.