Les contextes politiques et sécuritaires changent, les menaces changent également, se diversifient, revêtent même des formes d'ordre militaire. De plus en plus, les menaces gagnent en intensité, s'appuient sur des méthodes en constante mutation, deviennent de plus en plus en plus sophistiquées, gagnent en implacabilité et imparabilité, se donnent les moyens de leur exécution, et parfois sont en avance sur les moyens étatiques de prévention et d'intervention. Les menaces évoluent, les acteurs de la violence deviennent plus organisés, plus spécialisés, plus solidaires à l'intérieur des frontières et au-delà de celles-ci, car ces dernières sont assez poreuses dans le monde, au point où sécurité intérieure et sécurité extérieure n'ont plus de frontières pour les différencier, et de plus en plus les Etats éprouvent le besoin impératif de se concerter, de s'entraider, de coopé- rer, d'échanger leurs perceptions, leurs informations et leurs expériences. Le probl ème qui est à résoudre dans l'équation de sécurité intérieure est l'écart qui existe entre les scénarios envisagés par les acteurs de la violence et les moyens dont disposent les forces de la parade et qui sont conçus pour des engagements non adapt és. Ce constat est valable pour tous les Etats, pour toutes les forces de sécurité de tous pays. Les grandes puissances ne sont plus soumises à des menaces à leurs frontiè- res sous forme de guerres classiques avec leurs voisins et autres, mais découvrent avec de fortes inquiétudes que les menaces ont changé de terrain et de nature pour s'exercer sur leurs propres territoires. Ces menaces mettent en péril la sécurité intérieure. La défense opérationnelle du territoire est prise en défaut. Situation d'urgence, état d'urgence, solution d'urgence. Comment sortir de l'insécurité déjà installée et promue à sa montée en puissance, de l'incertitude générée par la méconnaissance de la capacité de nocivité de phénomènes nouveaux, de la fatale instabilité qui en découlerait du fait que les moyens de sécurité et méthodes de parades disponibles n'étaient adaptés qu'à des scénarios où les variables de sécurit é étaient largement maîtrisées? La découverte de nouvelles menaces et les échanges d'information ont amené les services de sécurité dans le monde à concevoir de nouvelles méthodes et de nouveaux moyens technologiques de sécurité. De hauts responsables de la sécurit é de nombreux pays tireront " profit des expériences et des expertises régionales et internationales ". . L'Etat avait à faire face à une " insurrection " pratiquement non territorialisée, généralisée à tout le territoire national, mais pas bien sûr à toutes les populations. Grâce aux élections locales, les structures de gestion locale du parti dissout présentes pratiquement sur l'ensemble du territoire national à l'exception d'une grande partie de la Kabylie ont été organisées comme cadres locaux de création et de mobilisation des groupes armés qui avaient investi dans l'extrême violence comme base de l'action stratégique quotidienne. Bien entendu, les corps de sécurité étatiques n'étaient pas dimensionnés et conçus pour maîtriser et lutter contre un phénomène aussi généralisé. D'autre part, l'édifice institutionnel ne pouvait que tarder à sa mise en place du fait qu'il n'y avait plus d'institutions élues. Que fallait-il faire alors ? Au début, le projet de la garde communale n'était pas encore formalisé, même pas conçu comme idée. La première riposte hors " sécuritaire " a été d'ordre immatériel à travers la " rahma ". Puis, des discours de fermeté d'un ex- chef de gouvernement et d'un ex-ministre de l'Intérieur annonçant que des ripostes de proximité allaient être engagées donnè- rent naissance à la création de corps volontaires de sécurité avec le statut de civil, ou de paramilitaire, d'où les GLD, les patriotes constitués particulièrement de moudjahidine. Pourquoi tant d'organisations aux concepts nouveaux ? La répartition territoriale nécessitait une couverture sécuritaire en rapport, soit une armée de masse. Les GLD étaient des groupes d'autodéfense au niveau du quartier ou du village tandis que les patriotes venaient en appui à l'armée. Pourquoi l'armée ? D'abord, la menace était " militaire ". Ensuite, les intérêts essentiels de la nation étaient mis en péril, à travers la désorganisation de la vie publique, la déstructuration de l'ordre économique, la grave perturbation de la sécurité intérieure et donc de la sécurit é nationale, ce qui, dans toutes les doctrines militaires internationales, engageait les forces armées dans la sécurité intérieure. Pour dégager les forces de sécurité de la position statique de protection des édifices publics et des points sensibles, et donc réorienter celles-ci vers " l'opérationnel ", deux idées venaient d'en découler à savoir créer la SIE ( Sûreté Interne des établissements) orientée vers l'intrusion des groupes armés dans les établissements (idée née suite au premier 'attentat terroriste contre une entreprise économique) , et créer la garde communale qui est un corps constitué de sécurité utilisé comme complément d'appui à la force armée terrestre et à la gendarmerie.