Depuis vendredi, et après avoir remporté le Prix Nobel de la paix pour cette année 2015 à Oslo, capitale de la Norvège, la Tunisie a commencé à recevoir les félicitations de la part de la communauté internationale. Ce prix a été octroyé au quartette ayant parrainé le dialogue national en Tunisie qui a décidément contribué dans la transition démocratique dans ce pays en assurant un transfert pacifique des pouvoirs d'une Troïka à majorité islamiste à un nouveau pouvoir plus modéré, élu librement par le peuple tunisien. Ce quartette est composé de la centrale syndicale UGTT (Union générale tunisienne du travail), de la fédération patronale UTICA (Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat), de l'Ordre national des avocats et de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme. Pour le président français, François Hollande, "ce Prix Nobel de la Paix est un encouragement à soutenir la Tunisie (...) c'est un bel exemple qui est donné, y compris contre le terrorisme", a-t-il twitté. De sa part, son Premier ministre, Manuel Valls, "les efforts du peuple tunisien ont été salués par le Prix Nobel de la Paix. Vive la démocratie tunisienne", lit-on sur la page officielle (Facebook) du chef du gouvernement français.
Ce prix est un honneur à tout le peuple tunisien Aux yeux du chef d'Etat tunisien, Béji Caïd Essebsi, ce prix mondial "n'a pas uniquement honoré le quartette du dialogue national, mais plutôt (représente) un honneur à tout le peuple tunisien", a-t-il souligné dans une déclaration diffusée par la présidence de la République tunisienne. Ce prix, a-t-il ajouté, "vient manifester et ancrer le concept du consensus national, unique voie pour sortir des crises et troubles politiques". D'après M. Essebsi, "dans la nouvelle Tunisie, les crises ne se seraient jamais résolues sans consensus". Se déclarant "agréablement surpris" par l'attribution de ce prix, le secrétaire général de l'UGTT, Houcine Abassi, a déclaré lors d'un point de presse à Tunis que "ce prix arrive au bon moment, car la Tunisie est encore la cible de la menace terroriste". M. Abassi a par ailleurs estimé que "ce prix demeure désormais est un message positif pour la communauté internationale (...) le quartette poursuivra sa mission pour assurer la relance tunisienne". Pour la présidente de l'UTICA, Wided Bouchamaoui, "cette victoire revient à l'ensemble du peuple tunisien ayant fait confiance au quartette. Lequel qui a joué un rôle décisif dans la résolution de la crise en Tunisie". D'après Mme Bouchamaoui, "le dossier de candidature du quartette au Prix Nobel de la paix 2015 a été soumis au président de la République qui l'a soutenu avant de l'exposer officiellement"
Le sacrifice de Bouazizi consacré Quatre années après le geste désespéré de Mohamed Bouazizi, pour dénoncer la hogra policière et la malvie en Tunisie, le Prix Nobel de la Paix 2015 a été attribué au Dialogue national tunisien. Grosse surprise vendredi pour les Tunisiens en particulier, et dans le monde arabe en général. C'est un bel hommage en réalité au peuple tunisien et aux organisations autant politiques que non gouvernementales de ce pays, qui ont su gérer le difficile virage de l'après-révolution de Jasmin et la menace d'un effondrement politique. Les quatre organisations ont été au cœur de l'action politique en Tunisie, autant en gérant la tension lors de la crise politique entre le gouvernement islamiste d'Ennahda et l'opposition de gauche, qu'en calmant les peurs avec les premiers assassinats terroristes de leaders de la gauche. Le comité Nobel a ainsi annoncé que "le prix Nobel de la paix 2015 a été décerné au Dialogue national tunisien pour sa contribution à la transition démocratique depuis la révolution de 2011". Il précise que "le prix avait été attribué à titre collectif au quartet formé à l'été 2013 pour éviter le déraillement du processus démocratique sur fond de confrontation entre le parti islamiste Ennahda, alors au pouvoir, et les mouvements laïques, et de recrudescence des violences commises par des groupes islamistes armés". "Il a offert une alternative, un processus politique pacifique à un moment où le pays était au bord de la guerre civile", explique la présidente du comité Nobel, Kaci Kullman Five, citée par Reuters.
Servir d'exemple à d'autres pays de la région Par ailleurs, Kullman, poursuit que ce prix "est surtout un encouragement adressé au peuple tunisien qui, en dépit de difficultés considérables, a posé les bases d'une fraternité nationale dont le comité espère qu'elle servira d'exemple dans d'autres pays". En décembre 2011, les Tunisiens sortent dans la rue et parviennent à faire "dégager" le président Ben Ali au bout de quelques jours de ce qui a été appelé la révolution de Jasmin. Le mouvement de protestation sera repris dans d'autres pays arabes, dont l'Egypte, la Libye, la Syrie et le Maroc, les médias occidentaux parleront de Printemps arabe. Mais, seule la Tunisie gardera le cap de la transition démocratique. L'Egypte a été "reprise" par Al Sissi et l'armée, la Libye a plongé dans le terrorisme, alors que la Syrie de Bachar el Assad est en train de suivre le chaos irakien. "C'est une grande joie et une fierté pour la Tunisie mais aussi un espoir pour le monde arabe", a déclaré le président de l'UGTT, Houcine Abassi à Reuters. "Cela montre que le dialogue peut nous mener sur le bon chemin. Ce prix est un message adressé à notre région, pour déposer les armes et s'asseoir à la table de négociations." Le prix Nobel de la paix est doté d'une récompense de huit millions de couronnes suédoises (858.000 euros).