Les chiffres rendus publics par la Caisse nationale d'assurance sociale (Cnas) sur les maladies professionnelles renseignent sur l'ampleur de ce phénomène chez nous. En 2006, ce sont quelque 941 maladies professionnelles que la Cnas a recensées à travers le territoire national. L'intoxication par le plomb est la plus importante, puisque 70 cas ont été enregistrés. L'information émane de l'Association algérienne de toxicologie (Satox) qui organisé ses premières journées à Alger. Les intoxications au plomb viennent au premier rang, a déclaré le docteur Boukort du service de médecine du travail du CHU Lamine-Debaghine (Bab El Oued) passant de 54 cas déclarés en 2004 à 46 cas en 2005 et 70 cas en 2006. Les participants ont relevé que le nombre de maladies professionnelles est en constante augmentation. Mais le fait le plus saillant est le risque chimique qui représente à lui seul 30% de toutes les maladies déclarées et acceptées par la Caisse nationale d'assurance sociale (Cnas), a affirmé le docteur Boukort. Les statistiques de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) vont dans le même sens. L'OMS souligne, en effet, dans son rapport que sur 33% des maladies professionnelles, 80% sont dues aux expositions à des produits chimiques. Le laxisme des employeurs est de ce fait dénoncé par les participants qui mettent en avant le manque de suivi de la réglementation en vigueur. Pour la praticienne, cette hausse s'explique par le laxisme des employeurs qui "ne suivent pas la réglementation en vigueur". Les conséquences fâcheuses sur l'environnement et la santé publique ne sont pas à négliger. Les spécialistes parlent de risques cancérigènes qu'encourent les citoyens. Ces produits chimiques "favorisent l'apparition de maladies graves chez les travailleurs, tels que le cancer, les troubles immunitaires et la stérilité" ont fait savoir les médecins présents à ces journées de la Satox. Les produits chimiques sont d'autant "plus dangereux qu'ils sont volatiles et difficiles à éliminer", a-t-il dit, indiquant que "plus de 500 000 tonnes de pesticides sont stockés dans les pays du Sud, y compris chez nous" a affirmé le vice-président de l'Association algérienne de toxicologie. Selon lui ce qui rend la tâche plus difficile est le fait que les produits chimiques sont d'autant "plus dangereux qu'ils sont volatiles et difficiles à éliminer". Pour le professeur Reggabi, vice-président de la Satox, les risques sont "incalculables" pour la santé de l'homme et l'équilibre de l'environnement. Il a plaidé, dans ce contexte, pour une réglementation "plus sévère" interdisant l'utilisation des substances dangereuses et l'importation de l'amiante. La récupération des déchets des entreprises reste posée et les industriels sont appelés à faire un geste dans ce sens. Par ailleurs, le manque de structures d'accueil pour les malades intoxiqués, ainsi que l'insuffisance de spécialistes, ont été relevé par les participants. Pour eux, ce sont les grands maux dont souffre la toxicologie en Algérie. L'intoxication a touché 4 500 personnes en 2006 et 50% des cas sont dus à la consommation des médicaments.