Les prix des métaux de base échangés sur le London Metal Exchange (LME) ont accentué leur déclin cette semaine, les annonces de nouvelles coupes de production ne suffisant pas à compenser le renforcement du dollar et un indicateur manufacturier chinois décevant. L'activité manufacturière chinoise a continué de se contracter fortement en octobre, quoique à un rythme moins prononcé que les mois précédents, confirmant l'essoufflement persistant de la deuxième économie mondiale et du premier consommateur de métaux de base au monde. En outre, de récents indicateurs américains encourageants, que sont venus couronner vendredi des chiffres mensuels sur l'emploi américain bien meilleurs qu'attendu, sont venus accréditer les propos de la présidente de la banque centrale américaine Janet Yellen qui a estimé cette semaine qu'un premier relèvement des taux de la Fed - maintenus proches de zéro depuis fin 2008 - était envisageable dès la mi-décembre. Les créations d'emplois aux Etats-Unis ont en effet bondi bien plus que prévu en octobre, avec 271 000 nouveaux emplois nets (contre 181 000 attendus) permettant au taux de chômage de reculer encore, à 5,0%, selon les chiffres du ministère du Travail publiés vendredi. Dans le sillage de cet indicateur jugé robuste, le dollar a renoué avec un plus haut en plus de six mois face à l'euro: vers 13H30 GMT (14H30 à Paris), l'euro est tombé à 1,0707 dollar, son niveau le plus faible depuis fin avril. Or, tout renforcement du billet vert, devise dans laquelle sont libellés les échanges de matières premières, tend à pénaliser les acheteurs munis d'autres devises, et donc à réduire la demande. "Les matières premières en général souffrent depuis le rapport américain sur l'emploi en raison du bond du dollar", a estimé Craig Erlam, analyste chez Oanda. "Avec la porte ouverte à une remontée des taux (de la Fed) en décembre et le renforcement du dollar qui lui est associé, les prix (des métaux de base) sont susceptibles de rester quelque peu sous pression à court terme", ont relevé pour leur part les analystes d'Unicredit. Le cuivre déprimé par l'Allemagne Après avoir légèrement rebondi en début de semaine, les cours du cuivre ont plongé à partir de jeudi, plombés par l'hypothèse grandissante d'une remontée des taux de la Fed dès le mois de décembre mais surtout par des statistiques allemandes décevantes. Le cours du métal rouge a ainsi atteint vendredi vers 13H30 GMT 4981 dollars la tonne, son niveau le plus bas depuis fin septembre. "La faiblesse des dernières statistiques européennes, principalement en Allemagne, et une baisse du pétrole ces deux derniers jours sont les catalyseurs de cette baisse la plus importante depuis 6 semaines", a relevé Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque. Les commandes à l'industrie allemande ont reculé en septembre pour le troisième mois de suite, se repliant de 1,7% sur un mois tandis que la production industrielle dans le pays s'est contractée de 1,1% en septembre, des chiffres de mauvais augure pour la demande de métaux de la première économie européenne, pénalisée par les difficultés des pays émergents. "Il y a de réelles inquiétudes concernant la demande de cuivre des marchés émergents et les chiffres de la production allemande rappellent à nouveau que la demande ralentit et pourrait rester faible", a constaté Craig Erlam. L'annonce par le géant minier Glencore d'une réduction de sa production de cuivre avait pourtant un temps soutenu les prix du métal rouge. Le groupe basé en Suisse a indiqué mercredi avoir réduit sa production de cuivre de 2% sur neuf mois, à 1,13 million de tonnes, et envisager de nouvelles coupes de production l'an prochain. Glencore "envisage désormais de réduire sa production de 455 000 tonnes d'ici à la fin de 2017 (contre 400 000 tonnes précédemment annoncées), soit 2,2% de la production mondiale de cuivre de l'an dernier", ont relevé les analystes de Commerzbank. Mais selon eux, "pour contrer le pessimisme prédominant sur le front de la demande, davantage de coupes de production semblent encore nécessaires, même sur le marché du cuivre, où les producteurs ont sans doute été le plus réactifs jusqu'à présent". Les prix du cuivre n'ont de fait pas résisté en fin de semaine aux mauvaises nouvelles venues d'Allemagne et à la pression d'un dollar sorti renforcé du rapport mensuel sur l'emploi américain. Selon les analystes de Barclays toutefois, si les prix du cuivre sont bien influencés par le niveau du dollar, ce dernier ne peut expliquer à lui seul le déclin des cours du métal rouge sur l'année 2015. "Nous nous attendons à ce que, si et quand la Fed décidera d'un resserrement monétaire, le retentissement sur le cuivre via le dollar existe mais soit limité, les facteurs fondamentaux de l'offre et de la demande, comme la santé de l'économie mondiale et la force de la demande chinoise, étant susceptibles de jouer des rôles bien plus importants", ont-ils observé.
L'aluminium aidé par des coupes de production Les cours de l'aluminium ont de leur côté légèrement remonté la pente cette semaine, après avoir atteint de nouveaux plus bas la semaine dernière, soutenus par l'annonce de réductions de la production par le groupe américain Alcoa. Ce dernier a annoncé lundi la fermeture d'une fonderie à New York et des réductions supplémentaires de ses capacités de raffinage pour faire face à la chute des cours des matières premières. Alcoa compte ainsi réduire au total ses capacités de fonderie d'aluminium de 503 000 tonnes et de "fusion" de 1,2 million de tonnes à partir du trimestre en cours et espère atteindre son objectif d'ici à la fin du premier trimestre 2016. "L'aluminium semble avoir réussi à trouver un certain soutien après les annonces d'Alcoa", ont observé les analystes de Triland Metals. Mais pour les analystes de Commerzbank, des réductions de production supplémentaires et beaucoup plus étendues seront nécessaires, avant tout en Chine, pour que les prix de l'aluminium s'inscrivent en hausse de façon durable. Ils jugent en effet que les subventions des autorités locales chinoises, destinées à éviter la fermeture des fonderies et des licenciements massifs au vu de la faiblesse des cours de l'aluminium, empêchent le rééquilibrage du marché qui croule sous la surabondance d'offre. Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 5 012 dollars cette semaine, contre 5 119 dollars la semaine précédente. L'aluminium valait 1 511 dollars la tonne, contre 1 476 dollars. Le plomb valait 1 663 dollars la tonne, contre 1 698 dollars. L'étain valait 14 600 dollars la tonne, contre 14 975 dollars. Le nickel valait 9 720 dollars la tonne, contre 10 135 dollars. Le zinc valait 1 666 dollars la tonne, contre 1 687 dollars.
L'or plonge L'or a nettement accentué son déclin cette semaine, souffrant d'un dollar renforcé par la probabilité grandissante de voir la Réserve fédérale américaine (Fed) relever ses taux avant la fin de l'année, ce qu'est venu conforter un rapport sur l'emploi américain bien meilleur qu'attendu. L'économie américaine a en effet créé 271 000 nouveaux emplois en octobre, alors que les observateurs tablaient sur un rythme bien plus modéré de 181 000, permettant au taux au chômage de reculer encore, à 5,0%. Or, la Fed a fait du plein emploi et de l'accélération de l'inflation les conditions à remplir pour déclencher la remontée de ses taux directeurs, proches de zéro depuis 2008. "Le rapport (sur l'emploi américain) a porté un nouveau coup significatif à l'or, qui est tombé sous le seuil des 1 100 dollars pour la première fois depuis le 11 août, et les plus bas de cette année pourraient suivre prochainement", a relevé Craig Erlam, analyste chez Oanda. Le métal jaune, qui avait déjà lourdement creusé ses pertes cette semaine, a plongé vendredi dans le sillage des chiffres de l'emploi américain, atteignant même 1 085 dollars l'once vers 14H20 GMT, son niveau le plus faible en près de trois mois. Une normalisation monétaire par la Réserve fédérale américaine, dont la probabilité augmente avec les derniers chiffres sur l'emploi, rendrait le dollar plus rémunérateur, et donc plus attractif pour les cambistes, ce qui ne fait pas les affaires des investisseurs sur le marché de l'or. Le renforcement du billet vert rend en effet les achats de métaux précieux libellés en dollars plus onéreux pour les acheteurs munis d'autres devises. "Avec des cours qui montrent peu de signes de reprise, le rôle de l'or comme valeur refuge décline lentement", a souligné pour sa part Lukman Otunuga, analyste chez FXTM. De son côté, l'argent, vu traditionnellement comme une option alternative bon marché à l'or, n'a pas davantage réussi à résister au renforcement du billet vert. Le métal gris est même tombé vendredi vers 14H10 GMT, dans le sillage des chiffres sur l'emploi américain, à 14,75 dollars, son niveau le plus bas depuis plus d'un mois. "Le communiqué haussier du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (FOMC) a pesé sur les cours de l'argent, et l'appréciation du dollar continue à faire baisser considérablement les prix de ce métal", a commenté M. Otunuga. Tout en maintenant ses taux directeurs proches de zéro, la Fed n'a pas exclu la semaine dernière de resserrer le crédit dès le mois de décembre, estimant que l'activité économique continuait de croître à un rythme "modéré", soutenue par une croissance "solide" des dépenses des consommateurs. Or, cette perspective s'est trouvée renforcée par les propos mercredi de la présidente de l'institution, Janet Yellen, qui a estimé que la hausse des taux américains en décembre restait une "possibilité réelle" au vu de la bonne performance de l'économie des Etats-Unis, et notamment du "rythme solide" de la progression des dépenses des ménages américains. "Avec les dépôts bancaires et les bons du Trésor américains qui vont désormais rapporter plus, les métaux précieux, en tant qu'actifs sans rendements, perdent leur attrait de valeur refuge", a souligné Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets. L'or et l'argent ont entraîné les métaux platinoïdes dans leur chute, malgré les très bons chiffres des ventes de voitures aux Etats-Unis publiés en début de semaine, alors que le secteur automobile est un important débouché pour ces métaux, en particulier le palladium. Au total, 1,45 million de véhicules ont été vendus en octobre aux Etats-Unis, selon les données compilées et annoncées mardi par le cabinet spécialisé Autodata, ce qui représente une hausse de 13,6% sur un an et un nouveau plus haut en dix ans. La chute des cours des métaux platinoïdes n'a été que temporairement freinée par cette annonce en début de semaine, ces derniers ayant par la suite continué à s'enfoncer, jusqu'à atteindre vendredi en début d'après-midi 936 dollars pour le platine, un minimum depuis le 8 octobre, et 600 dollars pour le palladium, son niveau le plus faible depuis le 22 septembre. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1 088 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1 142,35 dollars le vendredi précédent. L'once d'argent a clôturé à 15,08 dollars, contre 15,63 dollars il y a sept jours. Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 939 dollars, contre 988 dollars sept jours plus tôt. L'once de palladium a terminé pour sa part à 606 dollars, contre 677 dollars à la fin de la semaine précédente.