Les prix ont encore reculé en octobre au Japon, de même que la consommation des ménages, signes des difficultés de la troisième économie mondiale qui peut toutefois nourrir des espoirs de reprise alors que le taux de chômage est tombé au plus bas en deux décennies. Hors ceux des produits périssables, les prix se sont repliés de 0,1% sur un an, et ce pour le troisième mois consécutif, a annoncé vendredi le ministère des Affaires intérieures. Ils avaient baissé en août pour la première fois depuis le lancement en avril 2013 par la Banque du Japon (BoJ) d'une vaste offensive monétaire précisément destinée à vaincre la déflation, un phénomène pernicieux qui incite particuliers et entreprises à reporter achats et investissements dans l'attente de tarifs plus faibles encore. Face à ces reculs successifs, la Banque du Japon (BoJ) avait annoncé fin octobre qu'elle ne parviendrait pas à atteindre dans les délais espérés son objectif d'inflation de 2%, visant désormais la période d'octobre 2016 à mars 2017. Elle attribue cependant ce contretemps à la chute des cours du pétrole et juge la tendance des prix positive à long terme: si l'on exclut l'alimentation et l'énergie, ils ont progressé de 0,7% en octobre, contre +0,9% en septembre et +0,8% en août. Les économistes sont désormais partagés sur la probabilité d'un nouvel assouplissement monétaire, certains misant sur un geste dans les premiers mois de 2016, quand d'autres jugent que la BoJ n'assouplira plus une politique qui a atteint ses limites. Autre indicateur décevant publié vendredi, la consommation des ménages a fléchi de 2,4% en octobre par rapport à un an plus tôt. Cette statistique est inférieure aux attentes: les analystes interrogés par l'agence Bloomberg misaient sur une stagnation. La consommation des foyers, qui compte pour quelque 60% du produit intérieur brut (PIB), peine à rebondir depuis une hausse de TVA début avril 2014. En octobre, les ménages japonais ont déboursé en moyenne 282 401 yens (2 140 euros), réduisant particulièrement les frais dans l'éducation, les transports, les télécommunications et les soins médicaux. Les dépenses des ménages dont le chef de famille est salarié ont également décliné (-2,3%, à 309 761 yens). Outre la morosité des investissements des entreprises, sur fond de prudence face au ralentissement en Chine, partenaire commercial majeur du Japon, la frilosité des ménages pèse sur la reprise nippone. Dans ce contexte, le gouvernement, tout comme le gouverneur de la BoJ Haruhiko Kuroda, n'a de cesse d'exhorter les firmes à augmenter les rémunérations de leurs salariés pour relancer la consommation et l'économie, retombée en récession aux deuxième et troisième trimestres. Lueur d'espoir, le taux de chômage a reculé de 0,3 point le mois dernier, à 3,1% de la population active, son plus bas niveau depuis deux décennies, un élément susceptible de pousser les salaires à la hausse. Dans le même temps, les conditions d'emploi sont restées très favorables, avec 124 offres pour 100 demandes, un niveau qui ne s'était pas vu depuis 23 ans, d'après le ministère du Travail.