Le Real Madrid a annoncé le limogeage de Rafael Benitez, remplacé par Zinédine Zidane au poste d'entraîneur du club merengue. L'ancien joueur emblématique de l'équipe de France va ainsi connaître au Real sa toute première expérience d'entraîneur d'une équipe première. Cette fois, Zinédine Zidane est bel et bien dans le grand bain. A 43 ans, le Français a été nommé entraîneur du Real Madrid à la place de Rafael Benitez, limogé lundi par le club madrilène. Le technicien espagnol a été remercié sept mois après son arrivée à la Maison Blanche en tant que successeur de Carlo Ancelotti. Le Real est qualifié pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions mais pointe actuellement à la troisième de la Liga à quatre longueurs du leader, l'Atlético Madrid. Zidane, nommé adjoint de Carlo Ancelotti en 2013-14 avant de prendre le poste d'entraîneur de la réserve du Real depuis juin 2014, s'installe finalement sur le banc de l'équipe première. Florentino Perez, le président du club espagnol, n'avait pas vraiment caché son désir de voir le Français devenir un jour l'entraîneur de la Maison Blanche. Le nom de Zidane, joueur du Real de 2001 à 2006 et grand artisan de la victoire en Ligue des champions en 2002, était ainsi régulièrement revenu l'été dernier au moment où le Real cherchait le successeur de Carlo Ancelotti. Et encore davantage depuis que Benitez était menacé. Perez avait pourtant affirmé le 18 décembre, dans l'émission El Larguero, que l'heure n'était pas encore venue de nommer le Français à la tête de l'équipe première du Real. "Benitez ne sera pas remplacé, avait assuré le président du Real. Benitez est venu résoudre un problème. Ce n'est pas le problème, c'est la solution. J'ai de l'adoration pour Zidane, il a été mon joueur le plus emblématique. Il sera sûrement un jour un grand entraîneur, et de plus, il sera sûrement l'entraîneur du Real Madrid, mais ceci étant dit, ce n'est pas pour aujourd'hui." Moins de trois semaines plus tard, Perez a donc décidé de se séparer de Benitez pour nommer Zidane…
Benitez, c'est l'échec de Perez Benitez, dont la réputation d'entraîneur tourné vers la défensive laissait envisager un mandat délicat dès sa nomination à la tête du Real, ne paie pas seulement les résultats décevants d'un club malgré tout encore dans la course au titre. Si l'humiliation subie à Santiago-Bernabeu dans le Clasico face au FC Barcelone le 21 novembre (0-4) a probablement pesé sur la décision de Perez, l'incapacité du technicien espagnol à faire l'unanimité dans son vestiaire est certainement l'une des principales raisons de son limogeage. Un vestiaire d'autant plus délicat à gérer qu'il avait affiché son soutien à son prédécesseur, Carlo Ancelotti, avant que Perez prenne la décision de se séparer du technicien italien. La décision du président madrilène sonne ainsi comme l'aveu d'un échec. La volonté affichée des supporters de voir Benitez quitter le Real le mettait lui-même sous pression par rapport à sa gestion du club, de plus en plus critiquée par les socios de la Maison Blanche. Son choix de nommer Zidane n'en demeure pas moins très risqué. Non seulement parce que cette nomination intervient en cours de saison, mais aussi parce que le Français n'a aucune expérience d'entraîneur au plus haut niveau. Il appartient maintenant à Zizou de rééditer les mêmes exploits sur le banc que ceux qu'il réalisait sur le terrain.
ZZ est un ovni Zinédine Zidane a été nommé entraîneur du Real Madrid, lundi soir par Florentino Perez. Icone du club lorsqu'il portait le numéro 5, le voilà propulsé en première ligne sur le banc. C'est exceptionnel car les très grands joueurs, ceux du calibre de ZZ, ne démarrent jamais aussi haut. Avant même d'avoir dirigé une seule séance d'entraînement avec l'équipe première du Real Madrid, Zinédine Zidane est un cas unique. Nommé lundi à la tête de la mythique écurie madrilène en lieu et place de Rafael Benitez, le Ballon d'Or 1998 saute dans le grand bain. Dans l'océan, même. Et sans bouée, tant qu'à faire... Sans aucune expérience du haut niveau, ZZ se retrouve à la tête du club le plus prestigieux de la planète. A l'échelle de l'histoire du football, ce qui arrive à Zidane est exceptionnel. Parce que les très grands joueurs ne font pas forcément de grands entraîneurs. Rarement, même. Et ceux qui s'en approchent n'arrivent - pour la plupart d'entre eux - jamais là où Zidane s'est assis lundi. Il suffit de se retourner sur le palmarès du Ballon d'Or, d'y extirper quelques pointures et d'ajouter les autres grands joueurs de l'histoire, tels que Pelé et Diego Maradona (qui n'étaient pas éligibles à la plus prestigieuse des récompenses individuelles) pour s'en rendre compte. C'est un fait : on ne commence pas sa carrière d'entraîneur sur un tel piédestal, en tenant les rênes d'une telle armada. Alfredo Di Stefano, légende absolue de la Maison Blanche, s'est bien assis sur le banc de Santiago-Bernabeu. Mais pas avant 1982. Il entraînait déjà depuis quinze ans. Quand Johan Cruyff a pris les commandes de l'Ajax Amsterdam en 1985, la puissance de la formation néerlandaise était à des années-lumière de ce qu'elle fut avec le même Johan en short. De même, lorsqu'il est ensuite arrivé à Barcelone, auréolé d'une Coupe des Coupes, tout était à (re)construire.
La sélection, seule voie directe vers la lumière Sacré Ballon d'Or en 1990, champion du monde la même année avec l'Allemagne, Lothar Matthaus est probablement, dans l'histoire récente, le joueur majeur le plus désireux de percer et de devenir un grand entraîneur. Mais, en Allemagne, personne ne l'a sollicité. Encore moins en Bavière où le Bayern a préféré mettre son destin entre d'autres mains alors que l'ancien milieu de terrain ne demandait que ça. Jusqu'à aujourd'hui et la nomination de Zinédine Zidane à la tête du Real Madrid, il n'existait qu'une voie pour voir les choses en grand d'entrée de carrière : celle empruntée par un double Ballon d'Or, Franz Beckenbauer, et deux triples vainqueurs de la prestigieuse récompense, Marco van Basten et Michel Platini. A savoir : venir au chevet de la patrie. Beckenbauer l'a fait en 1984 avec la RFA, Van Basten en 2004 avec les Pays-Bas et Platini en 1988 avec les Bleus. Seul le premier a réussi à décrocher le Graal mondial avec sa sélection. Le nom de Zidane a déjà circulé autour de l'équipe de France, durant l'été 2012 au moment où Didier Deschamps allait être nommé en lieu et place de Laurent Blanc. Noël Le Graët avait loué la candidature et le profil de Zidane. Il avait même rencontré celui qui allait devenir adjoint de Carlo Ancelotti un an plus tard. Mais le président de la FFF n'avait pas tenté le pari ZZ, lui préférant DD. Et une forme de sécurité. Ce n'est pas celle qu'a choisi Florentino Perez. Le risque est grand. Pour le Real. Pour Zidane.