Les cours du maïs et du blé ont encore baissé cette semaine sur le marché de Chicago, plombés par les difficultés à l'export qui gonflent les stocks, tandis que le soja a bénéficié d'un rebond technique aidé par de bonnes ventes. "La demande à l'export est la principale variable" guidant l'évolution des cours, a souligné Bill Nelson, chez Doane Advisory Services. Mardi, un rapport mensuel du ministère américain de l'Agriculture (USDA) sur l'offre et la demande a donné le ton pour le reste de la semaine. "L'USDA a abaissé ses prévisions d'exportations américaines, et en consé- quence rehaussé ses prévisions de stocks de fin de campagne", a souligné M. Nelson, le blé et le maïs étant particuli èrement pénalisés. La tendance s'est confirmée jeudi avec les chiffres hebdomadaires sur les ventes à l'exportation: "celles de maïs ont été très inférieures aux attentes, et celles de blé étaient également médiocres", a-t-il noté. En revanche, le soja, qui avait déjà progressé mardi, a confirmé son rebond jeudi avec des ventes supérieures aux attentes. Pour autant, a noté Eric Foust, chez US Commodities, il continue à évoluer dans des marges très étroites. "Le soja est en hausse pour la semaine, mais il avait baissé durant les semaines précé- dentes, donc on assiste probablement à une chasse aux bonnes affaires", a-t-il noté. LA NINA APRÈS EL NINO M. Nelson remarquait quant à lui que la météo des derniers jours avait été favorable, avec notamment des pluies bienvenues en Argentine, ce qui est de nature à peser sur les cours du maïs et du soja. "La récolte de soja est en cours au Brésil et va bientôt arriver dans les canaux de distribution, ce qui n'est pas positif", a-t-il noté. La récolte brésilienne pourrait atteindre un niveau record, a souligné Dewey Strickler, chez Ag Watch Market Advisors. Par ailleurs, les services météorologiques américains ont fait état jeudi d'un phénomène climatique La Nina qui pourrait succéder à El Nino, marqué par de l'humidité supérieure à la normale en Amérique ces derniers mois. "La Nina tend à favoriser une chute de l'humidité", et si sa présence se confirmait en fin d'été, "cela pourrait réduire la production de soja", a dit M. Nelson, estimant que ces prévisions pourraient avoir contribué à soutenir les cours. En tout état de cause, le marché reste calme, et a des chances de le rester jusqu'à une première estimation des semis en mars, soulignaient les analystes. Tout juste M. Nelson a-t-il indiqué qu'il surveillerait mardi, au retour d'un long week-end, le rapport de l'association professionnelle des industriels du soja (NOPA), qui devrait faire le point sur la demande des fabricants d'huile et de tourteaux. Selon les analystes de la maison de courtage Allendale, la NOPA devrait annoncer un ralentissement de l'utilisation de soja pour le troisième mois consécutif. Pour M. Foust, les investisseurs devraient également continuer à surveiller le comportement du marché du pétrole, et du dollar. M. Nelson a noté que le dollar s'était certes affaibli face à l'euro ces derniers jours, mais nettement renforcé face au peso argentin ou au réal brésilien, ce qui constitue un frein aux exportations de maïs et de soja. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mars, le contrat le plus actif, a fini la séance vendredi à 3,5875 dollars, contre 3,6575 en fin de semaine précédente, soit un recul de 1,91%. Le boisseau de blé pour mars, également le plus actif, valait 4,5750 dollars contre 4,6675 dollars une semaine plus tôt, une chute de 1,98%. Le boisseau de soja pour même échéance, là encore le plus échangé, coûtait 8,7275 dollars contre 8,6750 vendredi dernier, une progression de 0,61%.