Les cours du blé, du maïs et du soja à Chicago ont échappé cette semaine à la tourmente qui a touché tous les autres marchés financiers du monde, les investisseurs semblant essentiellement focalisés sur des rapports cruciaux attendus mardi. "Ces rapports ont le potentiel de vraiment faire évoluer les cours, donc les investisseurs ont voulu limiter leurs risques", a expliqué Bill Nelson, chez Doane Advisory. Il a noté que le régulateur américain des marchés de matières premières, la CFTC, avait confirmé vendredi que les investisseurs ayant parié à la baisse étaient majoritaires, justifiant qu'ils cherchent à limiter les risques, au cas où les informations livrées par le ministère de l'Agriculture (USDA) seraient meilleures que prévu et déclencheraient un fort rebond. "Mais si les nouvelles sont mauvaises, gare à la baisse, surtout si le prix du pétrole continue à baisser et que le dollar est fort", a prévenu M. Nelson. La maison de courtage Allendale a expliqué que quatre rapports seraient publiés mardi: un rapport annuel sur la production, un rapport trimestriel sur les stocks, un rapport mensuel sur l'offre et la demande, et un rapport sur les semis de blé. Allendale a estimé que le rapport annuel montrerait une production légèrement infé- rieure à l'estimation fournie en novembre pour le maïs, et conforme aux attentes pour le soja. Pour ce qui est des stocks, ils s'afficheraient en hausse par rapport à l'an dernier à la même époque à la fois pour le blé, et, dans une moindre mesure, pour le soja et le maïs. Jack Scoville, chez Price Futures Group, a estimé que "les cours ont des chances de rester hésitants avant la publication des rapports", mais il a énuméré une série de facteurs négatifs pour le soja et le maïs. Pour le soja, en petite hausse sur la semaine, "on parle d'une amélioration de la météo au Brésil, et le potentiel d'un affaiblissement continu en Chine pèse aussi sur les cours", a-t-il fait remarquer, sans compter que "les producteurs argentins ont commencé à offrir leur soja sur le marché mondial, et ils ont beaucoup à vendre". Pour le maïs, les conditions s'annoncent bonnes en Argentine mais plus mitigées au Brésil, en période de semis. Cela n'empêche pas que "les prix mondiaux restent faibles avec l'idée que l'offre est abondante et la demande stable, à défaut d'être forte". En outre les expéditions et les ventes à l'exportation restent extrêmement poussives, ce qui a poussé les prix en baisse. FACTEURS DE HAUSSE POUR LE BLE Le blé en revanche a pu profiter de plusieurs éléments poussant à la hausse, à commencer par les intempéries de la période des fêtes aux Etats- Unis, qui ont pu noyer certaines premières pousses, tandis que le retour du froid pourrait abîmer du blé qui n'est pas entré en dormance avec un manteau neigeux suffisant. En outre M. Nelson a fait état de la déception des autorit és égyptiennes devant la qualit é du blé importé de la Mer Noire, contaminé par des spores. Du coup, "elles pourraient préférer acheter du blé américain plus cher plutôt que du blé moins cher mais de mauvaise qualité". De son côté Dewey Strickler, chez Ag Watch Market Advisors, a noté que "même si les investisseurs vont commencer à se focaliser sur la météo du printemps après les rapports du 12 janvier, ce qui risque d'avoir le plus d'influence cette année c'est l'économie mondiale et les événements géopolitiques, surtout au Moyen-Orient". Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mars, le contrat le plus actif, a fini la séance vendredi à 3,5700 dollars, contre 3,5875 à la clôture du 31 décembre, une baisse de 0,49%. Le boisseau de blé pour mars, également le plus actif, est monté à 4,7850 dollars contre 4,7000 à la veille du Nouvel An (+1,81%). Le boisseau de soja pour même échéance coûtait 8,6525 dollars contre 8,6425 précé- demment (+0,12%).