Les cours du blé ont été portés cette semaine sur le marché de Chicago par des inquiétudes pour l'offre, et le soja vendredi par la crise politico-judiciaire au Brésil, alors que le maïs restait en panne d'actualité. Bill Nelson, chez Doane Advisory Services, a noté qu'une évaluation des cultures de blé d'hiver aux Etats-Unis publiée en début de semaine avait fait émerger quelques inquiétudes, notamment au Kansas (centre), tandis que les prémices du printemps suscitent l'inquiétude. "La récolte de blé d'hiver semble sur le point de sortir de sa période de dormance, ce qui laisse le marché vulnérable à des rééquilibrages des paris pris à la baisse en cas de gelées tardives", expliquait également Dewey Strickler, chez Ag Watch Market Advisors. L'hiver a également été un peu trop sec, a noté M. Nelson, et les pousses de blé pourraient manquer d'humidité quand elles reprendront leur croissance. Enfin les cours du blé ont bénéficié d'informations relayées par l'attaché américain à l'agriculture en Inde, qui a noté que la mousson avait été tellement décevante dans ce pays que la moisson de blé pourrait être insuffisante au point de devoir faire appel à des importations, selon M. Nelson. Plus généralement, "les cours avaient tellement baissé ces derniers temps que ces informations positives pour les prix ont suscité des réactions" à l'achat, a dit M. Nelson. En revanche les ventes à l'export du blé, comme celle du maïs et du soja, n'ont imprimé aucune tendance car elles sont restées médiocres, conformément aux attentes. Du coup le maïs et le soja sont restés pratiquement stable pendant la plus grande partie de la semaine, avant que le soja ne bénéficie d'un sursaut vendredi, en dépit des attentes d'une récolte record en Amérique du Sud évoquées par M. Strickler. Selon M. Nelson, c'est la situation politico-judiciaire au Brésil, où le domicile de l'ancien président Lula da Silva a été perquisitionné dans le cadre d'une enquête pour corruption et où est évoquée la perspective d'une éventuelle destitution de l'actuelle présidente Dilma Roussef, qui bénéficiait aux cours. "On a vu le real brésilien monter fortement, c'est encourageant pour les exportations" américaines qui ces derniers temps ont pâti du dollar relativement fort, a noté M. Nelson. Le maïs profitait en revanche peu de la situation: "à cause de la baisse des coûts des engrais et de l'énergie, les gourous s'attendent à ce que les agriculteurs plantent 400.000 à 900.000 hectares de plus cette année que l'an dernier", a expliqué M. Strickler. Mais "avec les prix du maïs restant au-dessous du prix de production, il vaudrait mieux ne pas concrétiser la progression des cultures", notait-il, relevant également un chiffre "atterrant" des expéditions prêtes à partir en début de semaine. Des analystes cités par Allendale évoquent désormais la possibilité que le prix du boisseau de maïs tombe jusqu'à 2,75 dollars, un niveau plus vu depuis septembre 2006, mais les experts de la maison de courtage appelaient à résister à la panique. "Les prévisions météo actuelles laissent attendre des rendements inférieurs à ce qu'ils ont été récemment", avec des températures élevées et des précipitations plutôt faibles cet été, faisaient-ils remarquer. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mai, le contrat le plus actif, a fini la séance vendredi à 3,5825 dollars, contre 3,5950 en fin de semaine précédente, soit un repli de 0,35%. Le boisseau de blé pour mai, également le plus actif, valait 4,6075 dollars contre 4,5225 dollars une semaine plus tôt, une progression de 1,88%. Le boisseau de soja pour mai, là encore le plus échangé, coûtait 8,7850 dollars, en hausse de 1,74% par rapport aux 8,6350 dollars de vendredi dernier.