Les cours du maïs, du blé et du soja ont grimpé cette semaine à des niveaux plus vus depuis plusieurs mois à Chicago, bénéficiant largement de la montée des tensions en Ukraine, grand pays agricole. Kiev est le troisième exportateur mondial de maïs, le sixième de blé et le premier exportateur mondial de graines de tournesol, un concurrent direct du soja dans la confection d'huile, rappelle Bill Nelson de Doane Advisory Services. "Les investisseurs redoutent qu'en cas de vrai conflit armé, les exportations ukrainiennes, mais aussi russes, qui sont expédiées depuis la mer Noire, soient perturbées", souligne-t-il. "L'Ukraine assure que pour l'instant les cargaisons continuent de partir, et il semblerait que ce soit le cas. Mais en tant qu'acheteur de denrées agricoles, si vous avez le choix et à moins d'un énorme rabais de la part des producteurs ukrainiens, vous allez préférer vous tourner vers d'autres sources d'approvisionnements plus sûres, comme les Etats-Unis", relève le spécialiste. "Cela fait monter les prix à Chicago". Déjà le rapport hebdomadaire sur les ventes à l'étranger des produits américains publié jeudi, a fait état d'exportations bien plus élevées que prévu la semaine dernière, aussi bien pour le maïs, pour le blé que pour le soja.
Marché sur le qui-vive Et pour l'instant la tension ne semble pas près de retomber. En Crimée, péninsule russophone du sud de l'Ukraine, des forces russes encerclent des bases militaires ukrainiennes. Le Parlement local, favorable à Moscou, a décidé de se séparer de Kiev et d'organiser le 16 mars un référendum de rattachement de la Crimée à la Russie. Les Etats-Unis et l'Union européenne ont mis en place des sanctions économiques et diplomatiques à l'encontre de Moscou, qui a menacé d'avoir recours à l'arme énergétique. "Le marché va surveiller de très près tout ce qui va se passer dans le région ce week-end", anticipe Bill Nelson. Les cours du blé ont aussi profité cette semaine des inquiétudes pour la récolte du blé d'hiver Après des mois d'un hiver exceptionnellement rigoureux aux Etats-Unis et de conditions trop sèches, les autorités ont annoncé lundi soir que la qualité du blé s'était détériorée en février dans le Kansas, le Nebraska, le Texas, l'Oklahoma et l'Illinois, qui sont "les Etats au cœur de la zone de production de blé américain", souligne Bill Nelson. Sur le marché du maïs et du soja, les investisseurs sont restés attentifs aux récoltes sud-américaines. "Au Brésil, plusieurs cabinets privés ont abaissé leur estimation de production" par rapport au mois dernier, rapporte Dewey Strickler de Ag Watch Market Advisors. Mais parallèlement, les pluies qui sont tombées en Argentine en février semblent avoir profité à la récolte d'oléagineux. "Le marché semble toutefois estimer que les pertes brésiliennes sont plus importantes que les gains en Argentine", remarque Bill Nelson. Les acteurs du marché attendent désormais la publication lundi du rapport mensuel du ministère américain de l'Agriculture (USDA) sur l'offre et la demande mondiales de produits agricoles. L'USDA pourrait réviser ses estimations de production de soja et de maïs en Amérique du Sud ainsi que ses prévisions de ventes de produits américains à l'étranger. Le boisseau de maïs (environ 25 kg) pour livraison en mai, le plus échangé, évoluait vendredi à la mi-séance à 4,9025 dollars contre 4,6350 dollars en fin de semaine dernière, tout près de niveaux plus vus depuis début septembre. Le boisseau de blé pour la même échéance s'échangeait à 6,5300 dollars contre 6,0225 dollars vendredi dernier, au plus haut depuis début décembre. Le boisseau de soja également pour livraison en mai s'établissait à 14,4676 dollars contre 14,1400 dollars, à un niveau plus vu depuis début juillet.