Les pays arabes commencent à ressembler à l'Algérie des années du FIS. Pire certainement. Pourquoi pire ? Car les islamistes dans ces pays ont bénéficié de l'expérience. Ils se gardent de discours trop radicalistes, mais ne se privent pas d'agir conformément à leur idéologie. On se souvient des attaques frontales contre la culture et en corollaire la cinémathèque. Le maire d'Alger suffisait à lui seul à imposer sa décision. Nous avons, selon ce qui nous est permis, le choix entre deux options. Accepter ou résister. Accepter c'est se soumettre, se couper de toute racine, c'est ne plus être soit, renoncer à son identité. Vivre sa modernité dans un système dictatorial ou autoritariste, vivre une régression avancée dans un système multi hybride qui ne sera jamais démocrate, serait-ce le seul choix offert aux pays arabes ? Les cas des pays arabes qui ont organisé des élections depuis le printemps arabe comporte plusieurs leçons. D'abord, il est devenu une évidence qu'avec une durée excessive au pouvoir, trop même, un nombre de victimes un peu trop élevé, un nombre de suicides qui commençait dangereusement à croître et à devenir une tendance lourde, les peuples voulaient arrêter l'addition. Pas en organisant leur reddition. Dans ces pays, les peuples ne veulent pas rendre oisive leur occupation de la rue. Les pouvoirs quant à eux, attendent un fléchissement des manifestations, on sait que cela fait longtemps qu'il ne s'est pas exprimé d'une façon aussi unitaire, et qu'il n'avait pas défié sa peur. Réveils d'un cauchemar. Les dirigeants au sommet se demandent encore comment les peuples s'étaient-ils massivement mobilisés contre eux alors qu'ils s'étaient massivement prononcés en leur faveur lors des dernières élections présidentielles en leur offrant un Oui massif, soit un oui du temps de Staline.? Quel pays revivra-t-il le cas algérien ? Si l'Algérie ne va ni vers l'islamisme, (les démocrates disent le contraire) ni vers la démocratie,( les islamistes disent le contraire, mais parlent plutôt de laïcité que de démocratie) quelle destination hybride pour la Tunisie ? La Tunisie va alors avancer ( ?) par des compromis, ce qui est normal car l'impression est grande qu'il y a une société fracturée, avec des couches entières de la société qui n'ont pas eu le même vécu culturel, au point où viendrait peut-être le jour à conjurer où on parlerait de choc de civilisation à l'intérieur même du pays. Grave, n'est-ce pas ? Ceux qui sont au pouvoir vont tenter bien sûr de concilier entre une évolution contrôlée du système politique et leur propre maintien au pouvoir, ce qui serait somme toute normale car il ne saurait exister de parti ou de personnalité qui accepterait sans résister de se faire évincer du pouvoir. Dans aucun pays au monde il existerait un pouvoir versé dans l'euthanasie. Si ce n'est pas moi, ce sera donc mon fils, ou alors ma famille propre ou en dernier recours ma famille politique (politique ou clanique ?). Le concept de succession vient de la tradition arabe, où régnaient surtout des rois. Les habitudes sont revenues, et de père en fils, de président à fils.