Si l'Algérie ne va ni vers l'islamisme (les démocrates disent le contraire) ni vers la démocratie (les islamistes disent le contraire, mais parlent plutôt de laïcité que de démocratie), quelle destination hybride alors ? Mais, pourquoi dit-on l'Algérie ? L'Algérie avance par des compromis, ce qui est normal car l'impression est grande qu'il y a une société fracturée, avec des couches entières de la société qui n'ont pas eu le même vécu culturel, au point où il viendrait peut-être le jour à conjurer où on parlerait de choc des civilisations à l'intérieur même du pays. Ceux qui sont au pouvoir tentent bien-sûr de concilier entre une évolution contrôlée du système politique et leur propre maintien au pouvoir, ce qui serait somme toute normal car il ne saurait exister de parti ou de personnalité qui accepterait sans résister de se faire évincer du pouvoir. Dans aucun pays au monde il existerait un pouvoir versé dans l'euthanasie. Le concept de succession vient de la tradition arabe, où régnaient surtout des rois. Les habitudes sont revenues : de père en fils ; de président à fils. Les partis de l'opposition savent très bien que les obstacles qui se dressent sur le chemin de leur accès au pouvoir ne seront jamais levés, du moins ils ne le seront pas par ceux qui sont au pouvoir. Dans tous les pays du tiers-monde, cela se passe comme ça : le pouvoir ne se lâche pas. Cependant, il faudrait reconnaître que, en Algérie, on en a fini avec les coups d'Etat. Mais cela ne suffit pas pour dire que dans un système où il n'y a plus de coup d'Etat visible, il y a forcément la démocratie. C'est une condition nécessaire mais pas suffisante. L'Algérie va à son propre rythme. Elle va où ? Ni vers l'islamisme, ni vers l'intégrisme, ni vers la démocratie. S. I.