La Tunisie commence à ressembler à l'Algérie des années du FIS. Le Maroc également. La Libye y fait une plongée avec un pouvoir illégitime car il n'est pas passé par les urnes. En Tunisie, c'est pire, car les islamistes y pratiquent le double langage. En même temps, les Tunisiens enregistrent le sourire et les garanties de Ghannouchi et les menaces fermes des islamistes. Pire certainement pour le Maroc dont le roi est «légitimé» par sa «filiation» qui en fait le «commandeur des croyants», alors que les islamistes qui viennent de gagner les élections veulent une monarchie constitutionnelle. Pire pour la Libye qui a fait appel à un grand chef d'Al-Qaïda pour renverser le régime de Kadhafi. Pourquoi pire ? D'abord, car les islamistes dans ces pays ont bénéficié de l'expérience de ce grand chef d'Al-Qaïda. Un seigneur de guerre légalisé. Ils se gardent de discours trop radicalistes, mais ne se privent pas d'agir conformément à leur idéologie. Quelle différence entre les islamistes des pays du Maghreb ? Diffèrent-ils du FIS ? On se souvient des attaques frontales contre la culture et des attaques frontales contre les gestionnaires de la cinémathèque. Le maire islamiste d'Alger voulait une cinémathèque typiquement «musulmane» chargée de glorifier les comportements islamistes. Une réponse binaire, «accepter ou refuser», à une question binaire «prends ou laisse». Nous avons, selon ce qui nous est permis, le choix entre deux options. Accepter ou résister. Accepter c'est se soumettre, se couper de toute racine, c'est ne plus être soi, renoncer à son identité. Une autre réponse binaire à une autre question binaire. A la question que voulez-vous vivre, la modernité dans un système non islamiste mais dictatorial ou autoritariste, sans avoir un jour à connaître la démocratie, ou la régression non féconde d'un système islamiste ? Serait-ce le seul choix offert aux populations des pays dits arabo-musulmans ?